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Les écosystèmes herbacés, alliés négligés contre le climat

by Sara
Monde, Brésil

Les politiques de protection de la nature se concentrent souvent sur les forêts, en laissant de côté les écosystèmes herbacés — prairies, savanes et toundras — considérés à tort par beaucoup comme de simples milieux dégradés. Cette vision réductrice nuit à la reconnaissance de leur rôle essentiel pour la biodiversité et la lutte contre le changement climatique.

Une part majeure de la planète

Les écosystèmes herbacés couvrent entre 30 % et 40 % des terres émergées, ce qui en fait une composante majeure du paysage mondial. Malgré cette étendue, leur taux de perte est souvent supérieur à celui des forêts dans de nombreuses régions.

Ils abritent un grand nombre d’espèces et remplissent des fonctions écologiques cruciales, souvent méconnues du grand public et des décideurs.

Un stockage du carbone principalement souterrain

Les recherches indiquent qu’un tiers des réserves de carbone terrestres mondiales se trouve dans les terres herbacées. Leur atout majeur : le carbone est stocké surtout sous terre, dans les racines et le sol.

Ce carbone souterrain reste très stable, même face aux incendies et aux sécheresses. À l’inverse, les forêts emmagasinent la majeure partie du carbone au-dessus du sol, ce qui le rend plus vulnérable aux émissions rapides lors d’incendies, comme le souligne un rapport publié dans la revue Science : https://www.science.org/doi/10.1126/science.adx7441

Biais en faveur des forêts et conséquences

Selon Valério (professeur d’écologie à l’Universidade do Rio Grande do Sul, Brésil), les systèmes herbacés ont longtemps été négligés et stigmatisés.

Il existe une idée répandue selon laquelle la nature préservée se confond uniquement avec la forêt, tandis que les milieux ouverts sont perçus comme dégradés et moins riches biologiquement. Ce biais explique en partie la conversion fréquente des prairies en terres cultivées ou en plantations d’arbres.

Les articles scientifiques eux-mêmes reproduisent parfois ce préjugé, en recommandant par exemple la plantation d’arbres dans des prairies pour atténuer le changement climatique, sans toujours tenir compte des impacts écologiques locaux.

Une richesse biologique insoupçonnée

Les prairies et autres écosystèmes herbacés figurent parmi les milieux les plus riches en plantes. Certaines prairies comptent jusqu’à 89 espèces végétales par mètre carré, ce qui témoigne d’une diversité très élevée à petite échelle.

Ces milieux offrent aussi des habitats vitaux pour de nombreuses espèces incapables de vivre dans les forêts, renforçant ainsi l’importance des écosystèmes herbacés pour la conservation de la biodiversité.

Vers un changement de discours et de politiques

Valério appelle à modifier la façon dont on parle des terres herbacées : il est nécessaire de cesser de penser que seules les forêts ont de la valeur. Il propose d’éviter le biais forestier dans le discours public et scientifique.

Parmi les recommandations figurent :

  • utiliser un langage plus inclusif que le terme « déforestation » pour décrire la perte de couvert végétal liée au changement d’usage des sols ;
  • reconnaître explicitement l’importance des écosystèmes herbacés dans les cadres internationaux sur la biodiversité et le climat ;
  • renforcer les protections juridiques et la sensibilisation afin d’accompagner les efforts de conservation menés pour les forêts.

Cette évolution est indispensable pour garantir une protection équilibrée des différents types d’habitats et pour maximiser les bénéfices climatiques et écologiques à l’échelle mondiale.

À lire aussi

  • « Herbes marines : réservoirs de carbone qui s’érodent » — https://www.aljazeera.net/climate/2025/5/14/%d8%a3%d8%b9%d8%b4%d8%a7%d8%a8-%d8%a7%d9%84%d8%a8%d8%ad%d8%b1-%d9%85%d8%ae%d8%a7%d8%b2%d9%86-%d8%a7%d9%84%d9%83%d8%b1%d8%a8%d9%88%d9%86-%d8%a7%d9%84%d8%aa%d9%8a-%d8%aa%d8%aa%d8%b9%d8%b1%d8%b6
  • « Comment les satellites ont changé la surveillance des forêts ? » — https://www.aljazeera.net/climate/2025/4/27/%d9%83%d9%8a%d9%81-%d8%aa%d8%ba%d9%8a%d8%b1-%d8%a7%d9%84%d8%a3%d9%82%d9%85%d8%a7%d8%b1-%d8%a7%d9%84%d8%b5%d9%86%d8%a7%d8%b9%d9%8a%d8%a9-%d8%b7%d8%b1%d9%8a%d9%82%d8%a9-%d8%b1%d8%b5%d8%af
  • « Comment se produit la succession écologique après les incendies de forêt ? » — https://www.aljazeera.net/climate/2025/7/14/%d9%83%d9%8a%d9%81-%d9%8a%d8%ad%d8%b5%d9%84-%d8%a7%d9%84%d8%aa%d8%b9%d8%a7%d9%82%d8%a8-%d8%a7%d9%84%d8%a8%d9%8a%d8%a6%d9%8a-%d8%a8%d8%b9%d8%af-%d8%ad%d8%b1%d8%a7%d8%a6%d9%82
source:https://www.aljazeera.net/climate/2025/8/20/%d8%a7%d9%84%d9%86%d8%b8%d9%85-%d8%a7%d9%84%d8%b9%d8%b4%d8%a8%d9%8a%d8%a9-%d8%a7%d9%84%d8%ad%d9%84%d9%8a%d9%81-%d8%a7%d9%84%d9%85%d9%87%d9%85%d9%84-%d9%81%d9%8a-%d9%85%d9%83%d8%a7%d9%81%d8%ad%d8%a9

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