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Le débit de filtration glomérulaire (DFG) est un indicateur central de la santé rénale. Il correspond au volume de liquide filtré par unité de temps et par surface corporelle moyenne, et s’exprime en millilitres par minute et par 1,73 m². « Il faut imaginer le rein comme un filtre posé sur une douche. Il permet de nettoyer notre corps de l’intérieur en filtrant les particules à excréter par les urines. Le DFG correspond au débit de cette douche », résume la Dre Tostivint. Le DFG permet, entre autres, le diagnostic des atteintes rénales, qui touchent près d’une personne sur dix en France.
Qu’est-ce que le DFG et pourquoi il compte dans l’évaluation de la fonction rénale ?
La filtration glomérulaire décrit la filtration du sang des déchets par le glomérule du rein, menant à la formation d’une urine primitive qui sera ensuite transformée par les étapes de réabsorption et de sécrétion pour devenir l’urine définitive. Le débit de filtration glomérulaire (DFG) est ainsi le volume de liquide filtré par unité de temps et par surface corporelle moyenne. La formule de calcul la plus utilisée aujourd’hui est CKD-EPI (Chronic Kidney Disease Epidemiology Collaboration), bien que cette formule puisse manquer de fiabilité chez les personnes dont la masse musculaire est très développée ou très faible. Docteure Isabelle Tostivint, néphrologue à Paris, rappelle qu’il existe d’autres formules d’estimation du DFG en tenant compte de la créatinine, de l’âge, du sexe et parfois de l’origine ethnique. En pratique courante, le DFG peut être prescrit par tous les médecins.
Qu’est-ce que la créatininémie ?
La créatinine est un déchet métabolique produit par la dégradation des muscles. Il est sécrété dans le plasma sanguin, filtré par les reins et excrété dans les urines. Le taux sanguin—la créatininémie—est utilisé pour estimer le DFG. Cette valeur varie en fonction de la masse musculaire : plus une personne est musclée, plus sa créatininémie est normalement élevée. La créatininémie doit être évaluée avec le taux de créatinine retrouvé dans les urines, la créatininurie. « Une créatinininémie élevée associée à une créatininurie élevée traduit une masse musculaire importante avec un bon fonctionnement rénal : le DFG est alors normal. En revanche, une créatininémie élevée accompagnée d’une créatininurie basse est le signe d’une filtration rénale peu efficace et donc d’un mauvais fonctionnement des reins », résume la néphrologue.
Normes : quel est le taux normal de DFG ?
Un DFG autour de 120 ml/min/1,73 m² reflète une parfaite santé rénale, mais la fourchette acceptable se situe entre 90 et 120 ml/min/1,73 m².
Le DFG peut-il varier ?
Plusieurs facteurs peuvent faire varier le DFG de manière physiologique, sans qu’une pathologie ne soit en jeu :
- L’âge : le DFG est plus élevé chez les jeunes adultes et diminue ensuite progressivement; à partir de 40 ans, cette valeur baisse en moyenne d’un ml/min chaque année.
- L’hydratation : une bonne hydratation augmente le volume sanguin et peut faire monter légèrement le DFG; la déshydratation le baisse.
- L’alimentation : une alimentation riche en protéines peut stimuler la fonction rénale par hyperfiltration post-prandiale et augmenter transitoirement le DFG.
- Activité physique : une activité physique intense peut temporairement réduire le DFG, notamment en cas déshydratation ou d’une diminution du débit sanguin rénal.
Quelles peuvent être les causes d’un DFG faible ?
Plusieurs facteurs peuvent réduire le DFG, avec cinq grandes catégories à connaître :
- Insuffisance rénale aiguë ou chronique, souvent due à des lésions rénales ou à l’obstruction des voies urinaires. Une prostate anormalement grosse peut aussi compresser l’urètre et gêner l’évacuation des urines, provoquant des atteintes rénales progressives.
- Diabète mal contrôlé : risque de néphropathie et de baisse de la filtration rénale.
- Hypertension artérielle (HTA) : plus la tension est élevée, plus la pression transglomérulaire augmente, ce qui peut abaisser artificiellement le DFG et endommager les petits vaisseaux rénaux. « L’HTA est la première cause de dialyse en France », souligne la Dre Tostivint.
- Médicaments néphrotoxiques : notamment les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), qui peuvent réduire le DFG. Certains antibiotiques, comme la terbinafine, peuvent aussi influencer temporairement la créatininémie et le DFG, mais le DFG remonte après l’arrêt du traitement.
Quels sont les stades de la maladie rénale chronique (MRC) et le DFG
Le DFG est utilisé conjointement avec le rapport albuminurie/créatinine (RAC) pour classer les maladies rénales chroniques. On distingue cinq stades :
- Stade 1 : DFG 90 à 120 ml/min/1,73 m², fonction rénale normale ou légèrement perturbée.
- Stade 2 : DFG 60 à 89 ml/min/1,73 m², insuffisance rénale légère.
- Stade 3 : DFG 30 à 60 ml/min/1,73 m², insuffisance rénale modérée.
- Stade 4 : DFG 15 à 30 ml/min/1,73 m², insuffisance rénale severe.
- Stade 5 : DFG < 15 ml/min/1,73 m², insuffisance rénale terminale nécessitant une dialyse ou une transplantation.
A quoi peut être dû un DFG augmenté ?
Le DFG peut être augmenté lorsque la masse musculaire est élevée, ou en cas d’altération des fibres musculaires (myopathie). « Chez ces patients, le DFG tel qu’il est habituellement calculé n’est plus fiable pour évaluer la fonction rénale, une autre formule de calcul est donc utilisée », précise la Dre Tostivint. Le DFG peut aussi augmenter en cas de diabète, lorsque le rein tente de compenser l’excès de glucose dans le sang par hyperfiltration glomérulaire. « Un DFG augmenté chez un diabétique est le signe que le diabète est mal contrôlé et qu’il commence à décompenser », souligne la néphrologue. Enfin, en début de grossesse, le DFG augmente naturellement de 40 à 50 %, lié à l’augmentation du volume de sang circulant et à l’hyperfiltration glomérulaire.
Symptômes de l’insuffisance rénale : quels signes d’un mauvais fonctionnement des reins ?
L’insuffisance rénale chronique évolue souvent sans symptômes jusqu’à un stade avancé. « On dit que les reins pleurent en silence, car les symptômes commencent à se manifester quand plus de 90 % de la fonction rénale est perdue », rappelle la Dre Tostivint. À un stade avancé, les patients peuvent souffrir d’une fatigue importante, de nausées, d’une perte d’appétit, de crampes, d’une hypertension sévère, de démangeaisons persistantes, de troubles du sommeil et d’œdèmes aux jambes, aux chevilles ou au visage. En raison de leur nature longtemps asymptomatique, la HAS propose un parcours de soin adapté aux personnes présentant des facteurs de risque ou des antécédents de maladie rénale chronique.