Accueil SantéMycoses génitales : un signe alarmant du diabète de type 2

Mycoses génitales : un signe alarmant du diabète de type 2

par charles

En France, près de 4,5 millions de personnes vivent avec un diabète de type 2. Outre les complications cardiovasculaires, oculaires, rénales et neurologiques, cette maladie chronique prédispose également aux infections, notamment les mycoses. Les mycoses génitales peuvent parfois être un signe révélateur d’un contrôle glycémique insuffisant et du diabète lui-même.

Qu’est-ce qu’une mycose ?

Une mycose est une infection causée par un champignon. Ces micro-organismes vivent naturellement sur la peau, dans la bouche, le vagin ou l’intestin sans provoquer de troubles. Mais, il arrive qu’ils prolifèrent de manière excessive et engendrent une infection fongique.

Les mycoses peuvent être localisées sur la peau et les muqueuses de différentes façons :

  • cutanées, touchant la peau, les ongles ou le cuir chevelu ;
  • buccales, notamment chez les nourrissons, les personnes immunodéprimées ou après la prise d’antibiotiques (muguet) ;
  • vaginales, le plus souvent liées au Candida albicans ;
  • ou encore digestives, lors d’un déséquilibre de la flore intestinale.

« Les personnes diabétiques sont particulièrement sujettes aux mycoses génitales », confirme le Dr Olivier Dupuy. « C’est d’ailleurs parfois un mode de découverte du diabète. Des mycoses à répétition chez un patient doivent amener à rechercher une glycosurie via un examen urinaire détectant la présence de glucose dans les urines. »

Le lien entre le diabète et les mycoses génitales : causes et mécanismes

La présence de sucre dans les urines constitue un terrain propice à la prolifération des champignons, notamment le Candida albicans. Chez la femme, cela peut provoquer des mycoses vaginales ou des infections urinaires, et chez l’homme, des mycoses génitales telles que la balanite.

« Les champignons, notamment le Candida albicans, adorent le sucre », rappelle la Fédération des diabétiques. « En cas d’infection, il faut absolument rééquilibrer le diabète pour la guérison. Mais en cas de nouveau déséquilibre, l’infection repart. C’est le baromètre du diabète ! »

Certains traitements antidiabétiques, notamment les inhibiteurs de SGLT2, favorisent également la glycosurie et donc les mycoses. « Ces médicaments, utiles pour protéger le cœur et les reins, sont souvent prescrits dans la prise en charge du diabète de type 2. Les inhibiteurs empêchent la réabsorption du glucose au niveau des reins, qui est alors éliminé dans les urines. Les essais cliniques montrent que le risque de mycose est multiplié par cinq avec ce traitement. Néanmoins, cet effet indésirable concerne environ 1% des patients et la balance bénéfice-risque reste favorable », rassure le Dr Olivier Dupuy.

Symptômes des mycoses génitales: ce qu’il faut surveiller

Les mycoses peuvent impacter le quotidien des patients diabétiques. Chez la femme, les symptômes d’une mycose vaginale incluent démangeaisons ou brûlures de la vulve (vulvovaginite), pertes blanchâtres épaisses et douleurs pendant les rapports.

Les patientes diabétiques présentent aussi un risque accru d’infections urinaires avec :

  • brûlures à la miction,
  • urines troubles ou malodorantes,
  • envies fréquentes d’uriner,
  • parfois sang dans les urines et fièvre.

« Lorsque la glycémie est élevée, le corps élimine l’excès de sucre dans les urines, ce qui favorise la prolifération bactérienne et les infections urinaires », explique le Dr Olivier Dupuy.

Chez l’homme, la balanite (inflammation du gland) est le plus souvent due à une infection fongique. Les symptômes se manifestent par :

  • une rougeur diffuse du gland,
  • des démangeaisons,
  • d’une sensation de brûlure à la miction ou lors des rapports sexuels,
  • de petites pustules blanches à l’extrémité du pénis.

Impact sur la sexualité et traitement

Les mycoses génitales chez les patients diabétiques peuvent rendre les rapports sexuels difficiles et douloureux, entraînant un inconfort, un retentissement psychologique voire une baisse de la libido. Néanmoins, ce n’est pas une fatalité : un bon équilibre glycémique et un traitement adapté permettent généralement de résoudre rapidement ces désagréments.

Le traitement repose principalement sur la prescription d’un antifongique local sous forme d’ovule chez la femme ou de crème chez l’homme. En complément des traitements antifongiques, il est recommandé d’utiliser un savon alcalin et de bien sécher la peau pour éviter la macération et favoriser la guérison.

Risques de complications si non traitées

Bien que les mycoses génitales liées au diabète soient généralement bénignes, elles peuvent entraîner des complications lorsqu’elles ne sont pas traitées. Une balanite récidivante peut favoriser un phimosis, et chez la femme, la présence de levures peut favoriser des infections urinaires répétées (cystites) pouvant évoluer en pyélonéphrite et aggraver une néphropathie diabétique. Sur le plan cutané, une infection mycique peut endommager la peau et dégénérer en surinfection bactérienne pouvant conduire à un érysipèle ou à une septicémie. D’où l’importance de traiter rapidement, dès les premiers signes, et de surveiller régulièrement sa glycémie.

Conseils pratiques et gestion au quotidien

Pour réduire les risques de mycoses génitales chez les personnes atteintes de diabète :

  • maintenir une glycémie bien équilibrée et surveiller les signes d’alerte ;
  • réagir rapidement aux signes d’infection et consulter un médecin en cas de doute ;
  • prévenir les infections urinaires par une bonne hygiène et une hydratation adaptée ;
  • éviter les traitements inappropriés et suivre les prescriptions d’un professionnel.

En cas de doute, un professionnel de santé peut proposer des examens et un traitement antifongique adapté. Le médecin peut également recommander un suivi glycémique régulier pour éviter les déséquilibres et les récidives.

Diabète| Mycoses Et Diabète| Mycose| Santé| Infections| Glycosurie

Cela pourrait vous intéresser

Laisser un commentaire