Des chercheurs britanniques ont mis en évidence, grâce à l’analyse d’ADN environnemental, la présence d’un coquillage invasif dans des eaux canadiennes de l’Arctique, un signal alarmant du réchauffement climatique et de la fragilisation des barrières naturelles qui protégeaient jusqu’ici cette région.
En Arctique, un signe du réchauffement climatique identifié par l’ADN environnemental
Une équipe du British Antarctic Survey a publié le 11 septembre une étude révélant la détection de balanes à baie dans des prélèvements d’eau effectués dans l’Arctique canadien. Ces organismes, qualifiés de coquillage invasif dans plusieurs comptes rendus, ne devraient normalement pas survivre en eau polaire, ce qui inquiète les scientifiques.
La découverte a été réalisée par une méthode récente d’analyse environnementale : l’ADN environnemental, qui permet de détecter la trace d’espèces présentes dans un milieu à partir d’échantillons d’eau. Les auteurs de l’étude et des spécialistes interrogés soulignent que la technique offre une sensibilité capable d’identifier des présences même lorsque les individus ne sont pas visibles ou sont peu abondants.
Selon le professeur Jean‑Luc Jung, du Muséum national d’histoire naturelle et spécialiste de la faune marine mobile, les prélèvements montrent des signes clairs de cette arrivée non attendue. Sur un total de 27 prélèvements réalisés dans ces eaux, dix ont révélé la présence de la balane, une espèce « qui ne devrait pas être là, la balane. Elle vit dans des eaux plus chaudes ».
« La présence des balanes à cet endroit de la planète est « un marqueur biologique du fait que les eaux se réchauffent ». »
Les chercheurs rappellent que l’Arctique se réchauffe à un rythme bien supérieur à la moyenne mondiale, ce qui réduit l’efficacité des barrières thermiques autrefois protectrices contre l’implantation d’espèces originaires de régions plus tempérées. La détection de ce coquillage invasif dans des eaux polaires s’inscrit donc comme un indicateur concret de ces transformations en cours.
L’équipe du British Antarctic Survey estime que l’introduction de la balane dans l’Arctique est fort probablement liée au transport humain, notamment via la coque d’un navire. Avec la fonte des glaces, le trafic maritime augmente dans la région, facilitant le déplacement d’organismes marins et multipliant les risques pour un écosystème que les auteurs décrivent comme fragile.
La présence de ce coquillage soulève des questions pratiques et écologiques : d’une part la surveillance des voies maritimes et des coques de navires, d’autre part la nécessité d’outils de détection sensibles comme l’ADN environnemental pour suivre l’évolution de la biodiversité arctique. Les auteurs insistent sur l’importance de ces mesures alors que les conditions océaniques changent rapidement.
Le signalement a été relayé dans les médias le lundi 15 septembre, mettant en lumière le rôle croissant de l’ADN environnemental dans la détection précoce d’espèces non attendues et la capacité des scientifiques à documenter des changements biologiques liés au réchauffement climatique. Les chercheurs appellent à poursuivre les prélèvements et les analyses pour mieux cartographier l’étendue de cette présence et ses conséquences potentielles pour l’écosystème arctique.