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Face à une crise économique marquée par une inflation galopante et une détérioration du pouvoir d’achat, le ministre syrien des Finances, Mohammad Yasser Bernia, a présenté une stratégie ambitieuse de réforme visant à simplifier le système fiscal, créer un fonds national de zakat et réorienter les recettes vers les ménages les plus fragiles.
Réformes économiques
Le ministère affirme travailler depuis le début de la mandature à des réformes fiscales et financières globales axées sur la simplification des procédures, la justice et la transparence. L’objectif affiché est de rendre le système fiscal plus compétitif au service du secteur privé et de la croissance.
Pour élaborer cette réforme fiscale, des comités rassemblant des représentants du secteur privé, des chambres de commerce et d’industrie et de la société civile ont été constitués. Ces instances visent à concevoir une architecture fiscale participative reflétant les besoins des acteurs concernés.
Le ministre a souligné : « L’objectif principal du système fiscal n’est pas la perception, mais le soutien au développement durable. » Il a reconnu que le cadre actuel souffre de lourdeurs administratives favorisant l’évasion fiscale et entravant l’efficacité.
Points clés des mesures annoncées :
- Simplification des procédures fiscales et réduction des charges administratives pour les contribuables.
- Lutte renforcée contre la corruption et l’évasion fiscale.
- Incitations fiscales pour encourager l’investissement, notamment des réductions pour les petites et moyennes entreprises.
- Relèvement du seuil d’exonération fiscale à 60 millions de livres syriennes (environ 5 454 dollars) pour protéger les revenus modestes.
Le projet de loi sur l’impôt sur le revenu inclut des mesures incitatives pour l’investissement et reste ouvert aux remarques du secteur privé afin d’être amélioré avant adoption.
Pour en savoir plus sur le contexte économique et les défis de transparence mentionnés par le ministre, consulter les ressources suivantes :
- Syrie — encyclopédie
- Enjeux de la transparence
- Croissance économique
- Défis de l’évasion fiscale
Soutien aux plus démunis
Les réformes prévues se veulent socialement ciblées. En coordination avec le ministère des Affaires sociales, le gouvernement annonce des programmes de lutte contre la pauvreté et de renforcement de la protection sociale.
Les mesures comprennent :
- Des transferts directs ciblés aux familles les plus pauvres.
- Des revalorisations salariales pour atténuer l’impact de l’inflation.
- Une priorité donnée à l’amélioration des infrastructures, de la santé et de l’éducation.
Le ministre a insisté sur la priorité de la transparence des dépenses publiques, avec la publication de rapports financiers périodiques détaillant l’utilisation des ressources.
Pour le volet social, le texte renvoie au renforcement des mécanismes de protection et à la coopération interinstitutions pour garantir une meilleure couverture des plus vulnérables.
Ressources complémentaires :
- Protection sociale
- Contexte inflationniste
Bâtir la confiance : l’avis des experts
L’économiste Firas Sha’bo a indiqué à Al Jazeera que le succès de la réforme fiscale et du fonds de zakat dépendra essentiellement de la gouvernance et de la confiance des citoyens.
Selon lui, le précédent système nuisait aux contribuables et était entaché par des pratiques de corruption. Il juge positives les mesures visant à alléger la charge des citoyens et commerçants, mais pointe plusieurs conditions nécessaires :
- Gouvernance stricte et indépendance administrative pour le fonds de zakat.
- Base de données précise pour identifier les pauvres et les exclus.
- Audits externes réguliers et publication de rapports périodiques.
- Liaison du fonds à des projets de développement économique pour autonomiser les bénéficiaires.
Sha’bo recommande également une révision périodique du système fiscal (tous les 5 à 6 ans) et l’exploitation de secteurs auparavant contrôlés par des partis ou groupes spécifiques pour élargir l’assiette fiscale.
Défis et équilibres à trouver
La réussite des réformes repose sur plusieurs leviers : modernisation administrative, transformation digitale, transparence et dialogue continu avec le secteur privé et la société civile.
Les principaux défis restent :
- Réconcilier l’allégement fiscal pour les ménages et la préservation des recettes publiques nécessaires au financement des services.
- Éviter que des mesures mal calibrées accentuent l’inflation ou fragilisent la stabilité économique.
- Garantir que les aides atteignent réellement les personnes éligibles grâce à des données fiables.
Le ministère ambitionne de transformer l’administration fiscale en un partenaire du développement plutôt qu’en simple collecteur d’impôts, en s’appuyant sur des réformes structurelles et des mécanismes de transparence pour restaurer la confiance entre l’État, le secteur privé et les citoyens.