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L’Unesco a inauguré lundi 29 septembre 2025 un musée virtuel destiné à sensibiliser le grand public au phénomène du musée virtuel, biens culturels, trafic illicite en rendant visibles des objets pillés, volés ou disparus et en facilitant leur étude grâce à la modélisation 3D.
musée virtuel, biens culturels, trafic illicite : une plateforme interactive inaugurée le 29 septembre 2025
La nouvelle plateforme interactive de l’Unesco réunit pour l’instant près de 250 objets disparus — un échantillon rendu accessible au public pour documenter un trafic beaucoup plus vaste. On y trouve, parmi d’autres pièces, un masque rituel zambien, un pendentif provenant de l’antique cité de Palmyre et un tableau du peintre suédois Anders Zorn.
Conçue par l’architecte burkinabé Francis Kéré, lauréat du prix Pritzker en 2022, la plateforme vise à documenter et expliquer les modalités du trafic illicite de biens culturels : pillage du patrimoine dans les zones de conflit, fouilles clandestines, vols et contrefaçons. Interpol, partenaire du projet, chiffre à au moins 57 000 le nombre de biens concernés par ce type de trafic selon sa base de données.
Le projet avait été lancé en 2022 et se présente désormais comme un « refuge numérique » où les visiteurs peuvent explorer des objets disparus, consulter récits, témoignages et photographies, et examiner certaines pièces grâce à des modèles 3D détaillés.
Visite, objectifs et prises de parole des responsables de l’Unesco
Audrey Azoulay, directrice générale de l’Unesco, a qualifié l’initiative d’exceptionnelle lors de son inauguration. Elle déclare à l’AFP : « C’est un musée unique au monde ».
« Par cet espace muséal unique, nous venons partager avec le plus grand nombre les enjeux de la lutte contre le trafic illicite de biens culturels, un trafic qui heurte les mémoires, brise les chaînes des générations et empêche la science. » — Audrey Azoulay
Sunna Altnoder, cheffe de l’unité de lutte contre le trafic illicite à l’Unesco, souligne l’importance de rendre ces œuvres visibles pour les communautés d’origine. Elle insiste sur la perte identitaire causée par chaque objet disparu et sur la nécessité de restaurer cette mémoire en multipliant les restitutions.
« L’objectif de ce musée, c’est de mettre les projecteurs sur ces œuvres, de les rendre visibles et de donner cette fierté aux populations (…) Chaque objet volé emporte avec lui une part d’identité, de mémoire et de savoir-faire de ses communautés d’origine. » — Sunna Altnoder
La plateforme permettra au public de retracer les origines des objets et leur fonction — rites funéraires, usages guerriers, éléments décoratifs — en croisant descriptions, visuels et récits documentaires fournis par des chercheurs et des communautés concernées.
Salle des retours et restitutions : vers la réappropriation des collections
La galerie initiale des biens culturels volés n’est que le point de départ. L’Unesco prévoit d’enrichir progressivement la collection au fur et à mesure que d’autres artefacts seront modélisés et documentés.
À terme, l’objectif affiché est que la Galerie des biens culturels volés se vide au profit d’une « Salle des retours et restitutions » où seront exposées les pièces retrouvées ou rendues à leurs pays ou communautés d’origine. Sunna Altnoder résume ce postulat en des termes volontaristes :
« Le postulat de départ est (…) même que le musée ferme parce que tous les objets auront été retrouvés. » — Sunna Altnoder
Pour atteindre cet objectif, l’Unesco mise sur la coopération entre acteurs divers : forces de police, autorités judiciaires, marché de l’art, États membres, société civile et communautés locales. « Il faut un réseau — avec les forces de police, judiciaires, le marché de l’art, les États membres, la société civile, les communautés — pour vaincre un autre réseau, qui est le réseau criminel », souligne Sunna Altnoder.
La plateforme se veut à la fois un outil de sensibilisation pour le grand public et un instrument de coordination entre professionnels, chercheurs et autorités en charge des restitutions.