Table of Contents
C’est une tragédie déchirante qui frappe la communauté rurale de Springfield, dans la paroisse de Saint Elizabeth. Trois membres âgés d’une même famille jamaïcaine ont perdu la vie suite au passage dévastateur de l’ouragan Melissa. Inséparables durant huit décennies, cette fratrie laisse derrière elle un témoignage poignant de solidarité, tandis qu’une survivante miraculée émerge seule des décombres.
Une découverte macabre après la tempête
Lorsque l’ouragan Melissa a balayé l’ouest de la Jamaïque, la petite maison en bois perchée au sommet d’une colline abrupte de Springfield n’a pas résisté. Anthony (80 ans), Winston (83 ans) et Myrtle Coke (85 ans) y vivaient ensemble depuis près de 80 ans, au rythme paisible de la nature environnante. Avec eux se trouvait Nola Black, la fille handicapée de Myrtle, âgée de 50 ans.
Durant quatre jours après le passage du cyclone, le silence régnait sur la colline, bloquée par des arbres déracinés. C’est finalement Sheldon Kirlew, un voisin, qui a alerté la Force de défense jamaïcaine (JDF). À bord d’un hélicoptère de secours, il a guidé les soldats vers ce qui restait de l’habitation.
« Tout était détruit, le toit avait disparu, la cuisine était arrachée », raconte le témoin. Vu du ciel, la maison ressemblait à une « boîte d’allumettes écrasée par un poing », témoignage de la violence inouïe des vents.
L’horreur au cœur des décombres
À l’intérieur, la scène était insoutenable. Anthony, l’aîné, a été retrouvé sans vie, tué sur le coup par l’effondrement de la structure. Dans une autre partie des ruines, Winston et Myrtle respiraient encore, mais étaient dans un état critique. Sévèrement déshydratés et désorientés après quatre jours sans eau ni nourriture, ils ne reconnaissaient plus leurs sauveteurs.
Au milieu de ce chaos, Nola Black, incapable de se déplacer ou de comprendre l’ampleur du drame, a survécu isolée dans un coin de la maison éventrée. Elle a été témoin silencieuse de la mort de son oncle et de l’agonie de sa mère, sans pouvoir appeler à l’aide.
Une fratrie inséparable jusqu’à la fin
L’histoire des Coke est celle d’une loyauté familiale rare. Connus dans le village comme « trois vieilles âmes ne faisant qu’une », ils partageaient tout : les repas, le travail de la terre où ils cultivaient ignames et bananes, et les trajets vers le village. Même âgés, leur lien restait indéfectible.
« Ils ont vécu ensemble pendant 80 ans… et à la fin, ils sont morts ensemble », confie leur nièce, Ingrid Cummings, encore sous le choc. Elle se souvient de leur dignité et de l’amour qu’ils portaient à Nola.
Malgré leur évacuation rapide par hélicoptère vers l’hôpital, Winston et Myrtle n’ont pas survécu, succombant à leurs blessures quelques jours plus tard. Cette tragédie marque la fin d’une époque pour cette famille soudée.
Le lourd tribut d’une catastrophe naturelle
Pour les proches restants, le deuil s’accompagne d’une lourde charge financière. La famille a dû négocier avec les pompes funèbres pour organiser les obsèques, dont le coût s’élève à environ 12 600 euros (2,1 millions de dollars jamaïcains). « C’est dur, émotionnellement et financièrement, d’enterrer trois personnes en même temps », avoue Ingrid Cummings.
Le diacre Edward Coke, 89 ans et dernier survivant de la fratrie, trouve refuge dans la foi. Comparant son sort à celui de Job, il tente de surmonter la perte de ses frères et sœur, qui refusaient de quitter leur maison par attachement à leur terre. Sur la colline de Springfield, il ne reste désormais que des débris de bois et de zinc, vestiges d’une vie de solidarité balayée par la fureur de la nature.