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Dans le contexte actuel où les tensions au Moyen-Orient se cristallisent à nouveau, l'alliance dite "axe de résistance", comprenant entre autres le Hamas, le Hezbollah, l'Iran et la Syrie, suscite une attention particulière. Le rôle de la Syrie, dirigée par Bashar al-Assad, dans le soutien au Hamas soulève des questions quant à ses motivations réelles. Est-ce pour des gains politiques ou une question d'image ? Cet article vise à éclairer les dynamiques en jeu.
Réconciliation et stratégie politique
En octobre dernier, le Hamas a officiellement renoué les liens avec le régime syrien, après une interruption suite à leur positionnement en faveur de l'opposition syrienne au début de la guerre civile. Ce rapprochement semble orchestré sous l'influence du Hezbollah et de l'Iran, visant à contrecarrer les accords d'Abraham normalisant les relations entre des États arabes et Entité sioniste. Le siège serré de Gaza par Entité sioniste depuis 2007 a poussé le Hamas à chercher des alliances, tandis que la Syrie, frappée par une économie en déroute et des infrastructures ciblées par Entité sioniste, ne pouvait se permettre de maintenir sa rancune, sous la pression de Téhéran et du Hezbollah.
L'impact matériel et stratégique
Bien que la contribution matérielle de la Syrie envers le Hamas semble limitée et n'ait pas joué de rôle notable dans l’escalade du conflit du 7 octobre, l'influence géostratégique de la Syrie, selon Nasrin Akhter, chercheuse à l'Université de St Andrews, est indéniable. La Syrie est un canal essentiel pour l'acheminement des armes au Hezbollah et offre à l'Iran une position stratégique contre Entité sioniste. Cependant, Joseph Daher, spécialiste du Hezbollah et de la Syrie, pointe le rôle « passif » du régime syrien, dépendant de l'Iran ou de la Russie depuis 2011 pour son positionnement régional.
Conséquences et perceptions régionales
La guerre sur Gaza a converti la Syrie en terrain d'attaques et représailles entre Entité sioniste et les États-Unis d'un côté, et l'Iran et ses milices de l'autre. Cet accroissement de la violence rajoute à l'instabilité syrienne, élevant le risque que la Syrie devienne un champ de bataille pour une guerre par procuration. Pendant que les Syriens subissent les répercussions de l'alliance avec le Hamas, Assad pourrait se distinguer dans l'arène politique régionale. La remise en question des Accords d'Abraham et le recentrage des relations d'al-Assad avec des leaders arabes, observés notamment lors du sommet à Riyad, témoignent de cette dynamique.
Pour le régime syrien, la priorité demeure sa survie et ses intérêts géopolitiques plutôt que la libération de la Palestine. L'opinion publique reste sceptique quant à la rhétorique de soutien à Gaza, la comparant à son attitude vis-à-vis du camp de réfugiés de Yarmouk. Malgré cette alliance, l'impopularité d'al-Assad en Syrie ne semble pas prête de s'atténuer, en raison de la crise socio-économique et des violations des droits humains. Voilà un aperçu de la complexité des rapports de force au Moyen-Orient, entre alliances stratégiques et jeux d'influence politique.