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La Croissance Économique du Japon a légèrement accéléré au deuxième trimestre, selon une première estimation officielle publiée vendredi, le produit intérieur brut ayant augmenté de 0,3 % entre avril et juin, offrant un répit au Premier ministre Shigeru Ishiba alors que le pays fait face à des incertitudes liées aux droits de douane américains.
Croissance Économique : 0,3 % au deuxième trimestre
Le gouvernement japonais a publié vendredi une première estimation faisant état d’une hausse du PIB de 0,3 % pour la période avril‑juin. Le chiffre du premier trimestre, qui selon la première estimation publiée en mai s’était contracté et faisait craindre une récession technique, a été révisé à une croissance atone de 0,1 %.
Le consensus d’économistes interrogés par l’agence Bloomberg tablait pour le deuxième trimestre sur une progression de 0,1 %. La progression observée a été soutenue par les investissements des entreprises, une augmentation des importations plus faible que prévu et des exportations robustes.
«Aucun signe de ralentissement économique marqué n’est encore perceptible malgré la mise en place des droits de douane»
Ce constat est celui de Yoshiki Shinke, de l’institut de recherche Dai‑ichi Life, qui souligne que la solidité de l’économie américaine et des ajustements de prix à l’exportation ont limité l’impact des surtaxes sur les volumes exportés.
«Outre la solidité supérieure aux attentes de l’économie américaine, la baisse significative des prix à l’exportation pratiqués par les entreprises à destination des États‑Unis a permis d’éviter une baisse des volumes d’exportation malgré la hausse des droits de douane»
La consommation privée a également contribué à la dynamique, malgré une inflation durable depuis 2022 qui pèse sur le pouvoir d’achat des ménages.
Inflation, élections et décisions de la Banque du Japon
L’inflation japonaise est restée élevée : elle a été systématiquement supérieure ou égale à 3 % depuis décembre dernier, culminant à 3,7 % hors produits frais en mai avant de redescendre à 3,3 % en juin. Les prix de certains produits de base, comme le riz, ont fortement augmenté — le texte évoque un doublement des prix du riz sur un an — ce qui a alimenté le mécontentement des électeurs.
Ce mécontentement s’est traduit dans les urnes le mois dernier, lorsque les électeurs ont sanctionné le Parti libéral démocrate (PLD), qui a perdu sa majorité dans les deux chambres du Parlement. La croissance annoncée vendredi est un soulagement pour le Premier ministre Shigeru Ishiba, dont la pression à la démission s’était accentuée ; il a démenti les rumeurs de démission et sa cote de popularité est remontée à 38 % en août contre 31 % en juillet, selon un sondage de la NHK réalisé le week‑end dernier.
Sur le plan extérieur, l’accord conclu le mois dernier avec l’administration Trump prévoit une surtaxe de 15 % sur certains produits japonais exportés vers les États‑Unis, bien inférieure aux 25 % initialement évoqués. La Banque du Japon (BoJ) avait toutefois souligné fin juillet la persistance de «grandes incertitudes» concernant la guerre commerciale entre l’archipel et les États‑Unis, et a maintenu son statu quo monétaire.
À la suite de l’accord, la BoJ a relevé légèrement fin juillet sa prévision de croissance pour l’exercice 2025/26 (qui se terminera le 31 mars 2026) à 0,6 %. Elle anticipe pour les deux exercices suivants des croissances de 0,7 % puis 1,0 %.
Malgré ces éléments positifs, des voix s’expriment avec prudence. Yoshiki Shinke avertit que «les constructeurs automobiles devraient revoir leur stratégie de prix et pourraient à l’avenir procéder à des hausses», ce qui «pèsera sur les exportations». À moins qu’ils ne choisissent de maintenir des prix bas, au risque de voir leurs bénéfices diminuer.
«trop tôt pour se réjouir»
Marcel Thieliant, dans une note de Capital Economics, ajoute : «nous prévoyons une légère baisse des exportations l’année prochaine, ce qui confirme notre opinion selon laquelle la croissance du PIB ralentira quelque peu au cours des prochains trimestres».
Implications à court terme
La lecture des chiffres du deuxième trimestre offre un répit politique et économique immédiat, mais les spécialistes restent prudents. La croissance du PIB est pour l’instant tirée par des composantes qui peuvent se renverser si la chaîne des prix, la stratégie des exportateurs et la demande mondiale évoluent défavorablement.
Les prochains indicateurs, ainsi que les décisions de politique monétaire de la BoJ et l’évolution des relations commerciales avec les États‑Unis, seront déterminants pour confirmer si la dynamique observée se prolongera au cours des prochains trimestres.