Accueil ActualitéBusinessEconomie et financePanne de courant en Espagne : coût et enquête sur la crise

Panne de courant en Espagne : coût et enquête sur la crise

par Sara
Espagne, Portugal, France

Le 28 avril, une panne de courant majeure a frappé l’Espagne et le Portugal, provoquant une paralysie sans précédent de leur activité économique et des perturbations massives dans le quotidien de millions de citoyens. La coupure a notamment rendu impossibles les communications téléphoniques et affecté gravement les personnes dépendantes des appareils électriques pour leur santé. La suspension des services ferroviaires a bloqué environ 35 000 voyageurs à bord de plus de cent trains, nécessitant des opérations de secours d’urgence.

Impact humain et coût économique de la panne

Cette interruption électrique et les efforts pour compenser la défaillance ont malheureusement causé la mort de cinq personnes. L’association patronale CEOE a estimé que le coût économique direct de cette panne atteindrait 1,6 milliard d’euros, soit environ 0,1 % du produit intérieur brut espagnol. Malgré un rétablissement quasi complet de l’électricité en moins de vingt-quatre heures, cet épisode a mis en lumière la vulnérabilité grave du système électrique espagnol, dont dépendent de nombreuses activités essentielles, y compris les communications.

Durant la crise, la radio a été le seul canal d’information accessible aux citoyens, le gouvernement ayant diffusé les informations avec un retard notable.

Origine incertaine de la panne électrique

La défaillance est survenue en l’espace de cinq secondes à 12h33 le 28 avril. Red Eléctrica de España (REE), la société chargée du transport de l’énergie électrique du producteur au consommateur, a enregistré une chute soudaine de 60 % de sa production. Bien que REE soit une entreprise privée avec une participation publique de 20 %, elle a rapidement écarté l’hypothèse d’une cyberattaque.

Un responsable de REE a indiqué que deux pannes de production avaient précédé cet incident dans le sud-ouest de l’Espagne. D’autres sources évoquent une défaillance liée à l’usage intensif de l’énergie photovoltaïque sans dispositifs de stabilisation suffisants. La panne aurait débuté en Espagne avant de s’étendre au Portugal et au sud de la France.

Le Premier ministre espagnol a annoncé l’ouverture d’une enquête pour comprendre les causes des interruptions et les raisons profondes de la crise.

Enquête officielle et responsabilité des opérateurs

Le Premier ministre Pedro Sánchez a lancé une enquête approfondie, sans exclure aucune hypothèse, afin de déterminer l’origine des coupures électriques. Cette investigation impliquera également la Commission nationale des marchés et de la concurrence (CNMC) et sera supervisée par Sara Aagesen, troisième vice-présidente et ministre de la Transition écologique et du Défi démographique.

Sánchez a clairement désigné les compagnies d’électricité comme responsables potentiels, déclarant : « Nous demanderons des comptes à tous les opérateurs privés. » Il a fermement assuré que cet incident ne devra jamais se reproduire et s’est engagé à « faire toute la lumière » sur cette crise. Par ailleurs, il a sollicité une enquête indépendante de la Commission européenne, présidée par Ursula von der Leyen, qui a promis un rapport dans un délai de six mois.

Défis du marché électrique et perspectives d’avenir

La panne survient alors que l’Espagne débat de la fermeture progressive de ses centrales nucléaires entre 2027 et 2035. Les propriétaires des centrales souhaitent différer cette échéance, et les défenseurs du nucléaire utilisent la crise pour plaider en faveur de son maintien.

Le Premier ministre a rejeté l’idée que l’énergie nucléaire garantit une meilleure sécurité, expliquant que, durant la crise, les centrales nucléaires ont posé problème car « il a été nécessaire de détourner de grandes quantités d’énergie vers elles pour maintenir la stabilité de leurs cœurs ». Il a souligné que les interconnexions avec la France et le Maroc, ainsi que la mise en marche de centrales à gaz et hydroélectriques, ont été déterminantes pour restaurer le réseau.

Le marché électrique espagnol est caractérisé par un quasi-oligopole où de grandes entreprises puissantes décident de la mise en œuvre des technologies selon les prix du marché.

Vers un renforcement des régulations et des interconnexions

En période de forte production d’énergies renouvelables, comme le solaire et l’éolien, le coût de l’électricité chute jusqu’à presque zéro, ce qui freine la production par des technologies plus coûteuses. Les entreprises doivent cependant assurer l’entretien et la disponibilité de leurs infrastructures pour garantir la continuité de l’approvisionnement. L’enquête examine notamment si ces obligations ont été respectées.

Au vu des dégâts économiques et humains, il est crucial d’instaurer des régulations plus rigoureuses pour contrôler les comportements des acteurs du marché et l’efficacité des contrôles, tout en évaluant l’adéquation de la législation actuelle. La leçon principale de cette crise est la nécessité de renforcer l’interconnexion électrique de la péninsule ibérique avec le réseau européen via la France. Alors que la réglementation européenne exigeait un taux d’interconnexion de 10 % en 2020, ce chiffre reste aujourd’hui inférieur à 3 %.

source:https://www.alternatives-economiques.fr/andreu-misse/black-out-espagne-cout-de-panne-raisons-de-crise/00114867

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