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Scope Ratings se positionne comme la seule alternative européenne aux géants américains du secteur de la notation financière. Forte de ses ambitions, l’agence, initialement majoritairement détenue par la famille allemande Quandt, a élargi son actionnariat en intégrant trois nouveaux partenaires français : BPCE, Crédit agricole et Axa. Cette alliance franco-allemande constitue une base solide pour une expansion européenne, avec des discussions en cours pour accueillir prochainement des acteurs italiens, belges, portugais et espagnols.
Un rôle central dans les institutions financières européennes
Employant 250 salariés, Scope Ratings vient de franchir une étape majeure en étant mandatée par la Banque européenne d’investissement (BEI) pour évaluer son risque crédit, une première pour cette institution clé de l’Union européenne. Soutenue par les régulateurs financiers européens, notamment l’ESMA et la FCA britannique, et bientôt par la SEC américaine, l’agence avait déjà en mars obtenu la notation de l’European Stability Mechanism (ESM), le prêteur en dernier ressort de l’UE en cas de crise financière grave.
Déjà en charge de l’évaluation de la dette de 750 entités financières et non financières, ainsi que d’importants gestionnaires d’actifs et États, Scope se place désormais au cœur des institutions financières européennes. Cette progression est saluée par Bruxelles qui encourage la montée en puissance d’une agence européenne capable de rivaliser avec les trois grandes agences américaines : Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch Ratings. Jean-Claude Trichet, ancien président de la Banque centrale européenne, souligne avec force l’importance d’une agence de notation européenne forte et indépendante, rejoignant le conseil d’administration de Scope comme membre honoraire.
Un contexte géopolitique favorable à l’autonomie européenne
Plusieurs facteurs géopolitiques stimulent le développement de Scope Ratings. Le soutien militaire américain à l’Europe apparaît désormais incertain, notamment après le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, les tensions diplomatiques avec l’Ukraine et un rapprochement perceptible entre les États-Unis et la Russie. Par ailleurs, l’Europe a souffert des droits de douane imposés globalement par l’administration américaine, ce qui a renforcé la volonté des pays européens de s’unir.
Selon Florian Schoeller, PDG de Scope Group, ces événements ont favorisé la coalition des nations européennes. Il estime que le renforcement de l’Union passera notamment par une émission accrue de dettes européennes. Cette vision est partagée par l’ex-ministre de l’Économie Bruno Le Maire, qui a récemment plaidé pour un marché plus attractif de la dette européenne. Cette avancée figure parmi les recommandations du rapport Draghi pour renforcer la compétitivité de la zone euro.
Des méthodes de notation adaptées aux réalités européennes
Scope Ratings se distingue également par sa méthodologie de notation, spécifiquement adaptée aux spécificités européennes. Contrairement aux agences américaines, l’agence a refusé lors de la crise de la dette de 2011 de plafonner mécaniquement la notation d’une banque en fonction de la note souveraine de son pays. Par exemple, une banque espagnole pouvait obtenir une meilleure note que l’Espagne elle-même, en tenant compte de la solidité collective du système financier européen.
Florian Schoeller insiste sur l’importance du soutien institutionnel au système financier de la zone euro dans cette approche. Agissant sous les étoiles dorées du drapeau européen, Scope Ratings incarne désormais un pas concret vers une plus grande autonomie financière de l’Union européenne sur les marchés mondiaux.