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La Cisjordanie face à une crise de surabondance monétaire
La Cisjordanie est confrontée à un défi financier unique, illustré par un excédent monétaire actuel d’environ 4,2 milliards de shekels (plus d’un milliard de dollars), ce qui pose de sérieux problèmes aux prêteurs locaux, selon le Financial Times.
Ce surplus représente les liquidités disponibles dans le système financier après le règlement de toutes ses obligations. Le problème est apparu après que [les autorités israéliennes](https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2010/12/15/إسرائيل) ont suspendu le transfert de l’excédent accumulé de shekels aux banques au cours des derniers mois, sans fournir d’explications.
Origines du surplus monétaire
La surabondance de shekels dans la Cisjordanie est principalement due aux achats effectués par les Palestiniens vivant en Entité sioniste, ainsi qu’aux salaires des travailleurs palestiniens en Entité sioniste et à certaines transferts financiers destinés au commerce.
La Banque nationale a indiqué qu’un facteur ayant contribué à ce surplus est l’augmentation des dépôts en shekels par les citoyens, les entreprises et les commerçants, suite aux menaces israéliennes de rompre les relations bancaires avec les banques palestiniennes. Cela a entraîné un engorgement des espèces dans les coffres des banques, dépassant leur capacité de stockage.
Les prévisions indiquent que ce problème pourrait s’aggraver, avec un surplus estimé à atteindre 8 milliards de shekels (2,15 milliards de dollars) d’ici la fin de l’année, soit plus de 15 % du [produit intérieur brut](https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2015/7/28/الناتج-المحلي-الإجمالي) de la Cisjordanie.
Impact sur les banques et les risques associés
Selon le journal, cet excédent de liquidités n’est pas seulement un casse-tête logistique, mais représente également des risques financiers et sécuritaires. Les bénéfices des banques sont affectés, car elles ne peuvent ni prêter ni déposer ces capitaux.
Des estimations par le [Fonds monétaire international](https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2014/11/20/صندوق-النقد-الدولي) révèlent que la rétention de surplus en shekels a entraîné une diminution d’environ 20 % des bénéfices des banques palestiniennes, équivalant à 500 millions de dollars perdus entre 2012 et 2023. Un banquier palestinien a commenté : « Nous ne pouvons pas les déposer pour gagner des intérêts, et nous ne pouvons pas les prêter, car nous ne prêtons pas de liquidités ».
Restrictions israéliennes et critiques
Le surplus est également attribué à un plafond imposé par la banque centrale israélienne sur le montant de liquidités que les institutions de la Cisjordanie peuvent lui transférer. Ce plafond, établi à 18 milliards de shekels par an (4,9 milliards de dollars), a été fortement critiqué car il ne correspond pas aux flux monétaires dans le système bancaire palestinien.
Un diplomate palestinien a déclaré que « nous ne voyons aucune preuve de blanchiment d’argent en Cisjordanie nécessitant l’imposition de restrictions rigoureuses sur l’excès de shekels ». Le FMI a également remis en question ce plafond, le considérant inadapté aux flux réels.
Conséquences économiques de la crise
Les conflits en cours dans la [Gaza](https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2014/11/19/غزة) et les restrictions qui en découlent ont exacerbé cette surabondance monétaire. Le refus par Entité sioniste de laisser entrer les travailleurs palestiniens sur son territoire depuis le début des hostilités a également limité le flux de liquidités en shekels. Avant la guerre, les travailleurs palestiniens apportaient jusqu’à 20 milliards de shekels par an dans la Cisjordanie, tandis que les Palestiniens d’Entité sioniste qui faisaient leurs courses en Cisjordanie contribuaient entre 6 et 7 milliards de shekels supplémentaires.
Avec le déclenchement du conflit, le surplus a augmenté en raison des dépôts croissants des Palestiniens, qui gardaient auparavant leur argent chez eux mais se sentent désormais plus en sécurité en le plaçant dans des banques. Le [ralentissement économique](https://www.aljazeera.net/encyclopedia/2008/4/6/الركود-الاقتصادي) lié à la guerre a également entraîné une baisse des dépenses, aggravant la quantité de liquidités inactives.
Réponses des banques pour atténuer le surplus
Pour faire face à l’afflux de liquidités, les banques palestiniennes ont commencé à imposer des frais sur les dépôts et, dans certains cas, refusent d’accepter des dépôts en shekels en raison de contraintes de stockage. La Banque d’Entité sioniste a parfois permis d’allouer de manière anticipée des quotas de dépôts afin d’alléger cette pression. Un banquier palestinien a noté : « Parfois, nous avons dû recourir à des emprunts à court terme pour couvrir les transferts et les chèques, bien que nous ayons dix fois ce montant dans nos coffres ».