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Depuis deux jours, toutes les infrastructures du camp de réfugiés de Khan Younès, situé dans la bande de Gaza, sont à l’arrêt complet en raison d’une pénurie critique de carburant. Cette situation menace la santé et la vie de plus de 180 000 habitants, confrontés à une crise sanitaire et environnementale majeure.
Selon Mohamed Al-Salhi, directeur du bureau du maire de Khan Younès, la principale cause de cette crise est le blocus strict et la fermeture totale des points de passage depuis le 2 mars dernier. Cette fermeture empêche l’entrée de carburant nécessaire au fonctionnement des générateurs électriques qui alimentent les pompes à eau potable et assurent la gestion des déchets solides et des eaux usées.
Al-Salhi précise que le réservoir principal d’eau de Khan Younès est à l’arrêt. Le camp est désormais paralysé avec :
- 26 puits d’eau hors service,
- deux réservoirs principaux d’une capacité totale de 4000 mètres cubes,
- 7 stations de dessalement inopérantes,
- une station centrale d’épuration des eaux usées arrêtée,
- et 17 véhicules de service utilisés pour l’entretien quotidien et la collecte des ordures qui ne fonctionnent plus.
Il alerte sur l’accumulation attendue de plus de 80 000 tonnes de déchets solides dans les rues, créant un terrain fertile pour la propagation d’épidémies, la prolifération d’insectes et de rongeurs.
Un appel urgent au secours
Face à la montée des températures, Al-Salhi décrit la crise de l’eau comme la plus dangereuse. La coupure d’eau potable risque de provoquer une propagation d’épidémies telles que :
- le choléra,
- la typhoïde,
- et des diarrhées aiguës.
Il souligne également que l’une des sources principales, un réseau d’eau approvisionné par Israël, est hors service depuis janvier et l’occupation interdit toute réparation, aggravant encore la crise et pesant lourdement sur la municipalité.
Selon Al-Salhi, les forces d’occupation ont détruit 7 puits d’eau et endommagé 5 autres durant le conflit. Malgré cela, les autorités locales ont réussi à forer 5 nouveaux puits pour garantir un minimum d’approvisionnement en eau. Mais aujourd’hui, tout est menacé.
La municipalité a lancé des appels humanitaires urgents aux organisations internationales telles que :
- les Nations unies,
- la Croix-Rouge,
- et diverses institutions d’aide.
Ses demandes portent sur :
- l’introduction d’un carburant d’urgence pour faire fonctionner les générateurs et les infrastructures essentielles,
- l’autorisation de réparer le réseau d’eau israélien,
- le financement immédiat pour la réhabilitation des réseaux d’eau et d’assainissement,
- l’entrée de matériel lourd pour dégager les décombres et rouvrir les routes,
- ainsi que le soutien pour l’achat et la maintenance des groupes électrogènes et pompes hors service.
Le responsable avertit qu’un retard supplémentaire dans ces réponses entraînerait l’effondrement total du système de santé publique de la ville.
Al-Salhi lance un appel à la conscience mondiale en soulignant : « Tout retard dans la réponse à cet appel aggravera la catastrophe et mettra en danger la vie de milliers de civils. Nous exhortons la communauté internationale à agir immédiatement, car le silence aujourd’hui revient à participer à la tragédie. »
Une catastrophe en train d’exploser
Avec une coupure totale de l’eau dans la ville de Khan Younès, Mohamed Achour, un citoyen local, témoigne des difficultés croissantes du quotidien. Il raconte :
« L’eau arrivait deux fois par semaine, puis une seule, mais aujourd’hui elle est totalement coupée. Nous sommes une famille de dix personnes. »
Il décrit une aggravation de la situation dans son quartier où vivent des centaines de déplacés de toute la bande de Gaza. « Nous leur fournissions de l’eau, mais désormais, personne n’a plus accès à l’eau. »
Achour souligne que les habitants ne peuvent pas acheter d’eau à cause de la pauvreté extrême exacerbée par la guerre. Il lance un avertissement :
« Nous n’avons pas d’argent pour acheter de la nourriture, alors comment pourrions-nous acheter de l’eau ? Si la situation perdure, une catastrophe éclatera. La municipalité ne pourra plus collecter les déchets ni évacuer les eaux usées, et la situation deviendra incontrôlable. »
Faim et soif combinées
De la ville de Beit Hanoun au camp de Khan Younès, le calvaire de l’exode et de la souffrance continue pour Mohamed Al-Afifi, qui a fui après la destruction de sa maison par les frappes israéliennes, dans le cadre des vagues de déplacement forcé dans le nord de la bande de Gaza.
Le camp de Khan Younès héberge environ 80 000 déplacés de différentes régions de Gaza, explique le responsable municipal Mohamed Al-Salhi.
Al-Afifi, aujourd’hui installé avec sa famille dans une tente qui ne protège ni de la chaleur estivale ni du froid hivernal, décrit une souffrance qui va bien au-delà de la perte du logement et de la nourriture. Le manque d’eau est devenu un besoin essentiel non satisfait :
« En plus de la faim et du manque de nourriture, nous souffrons aussi de l’absence d’eau, que ce soit pour boire ou pour l’hygiène. Nous la cherchons partout sans succès. Nous sommes affamés et assoiffés en même temps. »
Obtenir même une petite quantité d’eau est devenu un défi quotidien épuisant. « Nous faisons la queue pendant des heures devant un robinet faible qui alimente des centaines de personnes pour remplir un seau d’eau. Cela fait dix jours que nous n’avons plus reçu d’eau, la municipalité a arrêté les pompages faute de carburant. »
Al-Afifi et sa famille de six personnes vivent une situation critique. Ils ne trouvent même pas à acheter de l’eau. « Nous cherchons désespérément des camions d’eau potable, mais en vain. Nous souffrons de famine et de soif simultanément, l’eau est coupée, la nourriture rare, et notre vie est totalement paralysée. »