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Elections en Jordanie : défis des partis dans une société tribale
Amman – Les élections législatives prévues en Jordanie le mois prochain annoncent un changement significatif dans les relations entre partis politiques et tribus. En effet, des modifications apportées aux lois sur les partis et les élections ont réduit la part réservée aux tribus au sein du Parlement au profit des partis. Ces élections seront ainsi organisées – pour la première fois – selon une nouvelle loi électorale.
Les tribus en Jordanie jouent un rôle fondamental dans le système politique et social du pays, ayant exercé une influence majeure à chaque étape de son histoire.
Un contexte politique en mutation
Le caractère tribal est une caractéristique marquante des élections législatives et municipales en Jordanie. Toutefois, le pays a connu des changements radicaux à travers ce que l’on appelle le système de modernisation politique, visant à renforcer la participation populaire et partisane, tout en développant la vie politique.
Les ajustements électoraux prévoient la réservation de 41 sièges parlementaires sur un total de 138 pour les listes des partis lors des prochaines élections. Ce nombre augmentera progressivement lors des élections futures jusqu’à atteindre 65 % des sièges, afin de constituer un gouvernement parlementaire.
Face à cette nouvelle dynamique, l’écrivain et analyste politique, Mohammad Abu Rumman, souligne des disparités dans le climat électoral à travers le pays, notant que dans les gouvernorats du sud, la tribalité prime sur l’affiliation partisane, tandis que le centre du pays présente une situation inverse.
Statistiques électorales
En termes de chiffres, Mohamed Al-Rawashdeh, porte-parole de l’Autorité électorale indépendante, a annoncé que 199 listes électorales, comprenant 1651 candidats, dont 82 anciens députés, se sont inscrites. Les candidates femmes représentent 24 % de cet ensemble.
Al-Rawashdeh a précisé que 174 listes électorales ont été approuvées pour les Circonscriptions électorales locales et 25 pour le district électoral général réservé aux partis.
Il a également révélé que 269 candidats appartenant à des partis figurent dans les listes locales, représentant 28 % du total des candidats. Par ailleurs, 58 candidats se présentent pour des sièges réservés aux chrétiens, 19 pour ceux réservés aux Circassiens et Tchétchènes, et 170 pour les sièges réservés aux femmes, dont 25 femmes ont décidé de se porter candidates en dehors de ce cadre.
Perspectives d’avenir
Selon le directeur général du Centre Raasé pour l’observation électorale, Dr Amer Bani Amer, le nombre de listes de partis candidates pour les élections législatives au niveau général s’élève à 25, dont 5 représentent des alliances partisanes, et 20 représentent des partis individuels.
Dr Bani Amer a noté que les partis Muthaq et Iradah ont enregistré 41 candidats pour le district général, ajoutant que la composition du prochain parlement sera probablement limitée à 8 ou 9 listes parlementaires. Les alliances formées récemment résultent pour certaines d’une proximité idéologique et pour d’autres d’intérêts purement électoraux.
Un défi majeur pour les élections à venir reste le climat populaire, peu optimiste en raison d’un taux de chômage élevé et d’une situation économique détériorée pour les citoyens, exacerbée par les tensions dans la région, notamment l’agression contre Gaza.
Un début de changement
Dr Bani Amer observe également que la motivation de participation pour les prochaines élections tend à évoluer vers un équilibre entre la tribalité et les programmes politiques, avec des candidats issus d’une même tribu se présentant sous différentes bannières partisanes. Cela démontre un affaiblissement de la domination passée des tribus.
Il est de son avis que le changement dans la situation politique en Jordanie a commencé, avec des candidats tribaux intégrés dans les listes des partis. En avril dernier, le roi jordanien Abdallah II a émis un décret royal pour tenir des élections afin de former un nouveau Conseil des députés, après la fin de la législature précédente. L’Autorité électorale indépendante a fixé le 10 septembre prochain comme date pour élire la 20ème législature du pays.