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Depuis mars dernier, la rue de Carouge à Genève est le théâtre d’importants travaux visant à rénover ses infrastructures souterraines et à transformer cette artère en un espace piétonnier et végétalisé. Cette opération, menée conjointement par la Ville de Genève, les Services industriels genevois (SIG) et les Transports publics genevois (TPG), devrait durer jusqu’en août 2027, impactant fortement la circulation et la vie des riverains.
Un chantier d’envergure pour une rue repensée
Située entre la rue Leschot et le boulevard du Pont-d’Arve, la rue de Carouge voit quatre engins de chantier s’affairer dans un vacarme important, mêlé aux grincements du tramway. Cette rénovation complète concerne notamment le renouvellement des canalisations d’égouts, afin de séparer les eaux usées des eaux de pluie. Parallèlement, les réseaux d’eau, de gaz et d’électricité sont remis à neuf par les SIG, tandis que les rails du tram sont mis aux normes par les TPG.
La transformation de la surface en une rue piétonne et végétalisée permettra de réduire l’îlot de chaleur urbain, un enjeu crucial pour le confort estival des habitants. Cette collaboration interinstitutionnelle est saluée comme une première coordination exemplaire entre la Ville, les SIG et les TPG.
Des perturbations importantes pour les usagers et les riverains
Le chantier impose aux piétons un véritable parcours du combattant. Les accès aux commerces sont compliqués, nécessitant de grands détours qui découragent les visiteurs. Seuls trois passages sont praticables sur cette première phase du chantier, localisés à la rue Leschot, au boulevard du Pont-d’Arve, et à Jean-Violette.
Les nuisances sonores commencent dès 7 heures du matin, avec des bruits de perceuse et des vibrations qui secouent parfois les murs des immeubles, comme le relate Luca, jeune père de famille habitant le quartier. Il déplore également la suppression des places de stationnement, déjà peu nombreuses en zone urbaine, mais reste optimiste quant aux bénéfices futurs d’une rue apaisée et végétalisée.
Des avis partagés parmi les habitants
Lucienne, résidente de la Jonction, exprime son incompréhension sur le choix de piétonniser la rue de Carouge plutôt que la rue Dancet, plus éloignée des grands axes et naturellement arborée. Elle redoute une rue hybride où les piétons seraient finalement confinés aux trottoirs, à l’instar des rues basses du centre-ville, mais se réjouit de la fermeture à la circulation automobile.
Modeste, retraité habitué des promenades dans le secteur, trouve que la circulation reste acceptable malgré les obstacles. Monique, 96 ans, adapte ses sorties aux heures calmes pour éviter l’agitation. Quant à Jean-Roger, habitant et piéton régulier, il note un encombrement du chemin par les livraisons et les véhicules légers, mais fait preuve de résignation face à la durée estimée du chantier.
Indemnisation des commerçants : une priorité pour les élus
Conscients des difficultés économiques engendrées par ces travaux, les élus municipaux genevois étudient actuellement plusieurs solutions pour indemniser les commerçants impactés. Un projet de délibération, soutenu par toutes les formations politiques, a été présenté en avril au Conseil municipal.
Selon Théo Keel, chef de groupe du Parti socialiste, l’objectif est de trouver une réponse globale et équitable qui pourrait s’appliquer à d’autres chantiers similaires. Parmi les pistes envisagées figure l’intégration d’une enveloppe dédiée à l’indemnisation dans le budget alloué à la réalisation des travaux.