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Un sondage récent révèle que la majorité des Israéliens redoute un nouvel assassinat politique semblable à celui d’Yitzhak Rabin, tandis qu’une large part de la population estime que les États-Unis déterminent les opérations militaires israéliennes à Gaza, et ce malgré l’accord de cessez-le-feu entré en vigueur le 10 octobre 2025.
L’enquête, réalisée par la chaîne 12 en coopération avec l’institut de recherche « Madgam » et publiée vendredi, met en lumière des inquiétudes profondes sur la sécurité intérieure et sur l’influence étrangère dans les décisions militaires.
Principaux résultats du sondage
Le sondage présente des chiffres marquants qui résument les perceptions actuelles au sein de la société israélienne :
- 67% craignent la survenue d’un assassinat politique similaire à celui d’Yitzhak Rabin.
- 17% estiment qu’un tel acte est peu probable, et 16% disent ne pas savoir.
- 67% considèrent que les États-Unis sont le principal décideur concernant les opérations militaires en cours dans la bande de Gaza.
- 24% pensent que Tel-Aviv dirige ces opérations.
- 69% jugent qu’Israël est placé sous une forme de tutelle américaine ; 23% approuvent fortement cette idée.
La part restante des répondants (environ 8–9%) n’a pas été explicitement reportée par la chaîne, renvoyant souvent aux abstentions ou aux réponses « je ne sais pas ».
Mémoire de l’assassinat de Rabin
Ces résultats interviennent à l’approche du 30e anniversaire de l’assassinat d’Yitzhak Rabin, tué le 4 novembre 1995 à Tel-Aviv. L’événement a relancé les débats sur la polarisation politique et la sécurité des responsables publics.
Rabin avait été abattu par l’extrémiste de droite Yigal Amir, qui lui tira trois balles dans le dos alors qu’il quittait un rassemblement en faveur de la paix et contre la violence.
La mémoire de cet assassinat alimente aujourd’hui les craintes d’un nouvel acte similaire dans un climat politique tendu.
Perception de l’influence américaine
Malgré le cessez-le-feu en vigueur depuis le 10 octobre 2025, une majorité significative d’Israéliens estime que les États-Unis pèsent fortement sur les choix militaires d’Israël à Gaza.
Cette perception alimente des interrogations sur la souveraineté des décisions stratégiques et sur le rôle des alliés dans la conduite des opérations.
Pour une partie de l’opinion, la dépendance vis-à-vis d’un partenaire extérieur est perçue comme une source d’affaiblissement politique et militaire.
Le débat sur le service militaire des Haredim
Le sondage aborde également la controverse autour de la conscription des Juifs ultra‑orthodoxes (Haredim).
- 51% soutiennent l’idée de priver du droit de vote ceux qui refusent le service militaire.
- 42% s’opposent à cette mesure.
Les Haredim, qui représentent environ 13% d’une population israélienne d’environ 10 millions d’habitants, refusent largement le service militaire au motif de consacrer leur vie à l’étude de la Torah.
Cette position suscite des tensions persistantes, les autorités religieuses appelant les fidèles à rejeter la conscription et parfois à déchirer les convocations militaires.
Contexte politique et manifestations
Les protestations des Haredim se sont intensifiées après une décision de la Cour suprême, le 25 juin 2024, qui les oblige au recrutement et interdit les aides financières aux institutions religieuses dont les étudiants refusent le service.
La polémique touche aussi l’équilibre politique : l’opposition accuse le premier ministre Benjamin Netanyahou de chercher à promulger une loi exonérant les Haredim du service, pour satisfaire les partis Shas et Yahadut Hatorah.
Ces partis s’étaient retirés du gouvernement plus tôt dans l’année, mais resteraient prêts à revenir si une loi répondant à leurs exigences était adoptée.
Implications pour la stabilité intérieure
Les résultats du sondage traduisent une société inquiète par la montée des tensions internes et par la perception d’une influence étrangère sur les affaires militaires.
La crainte d’un nouvel assassinat politique ravive des questionnements sur la sécurité des responsables publics et sur la résilience des institutions démocratiques face aux polarités religieuses et politiques.
Dans ce climat, les débats sur le service militaire, l’autorité religieuse et l’autonomie stratégique resteront des facteurs déterminants de la stabilité intérieure.