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Ce lundi, l’armée israélienne a ordonné une évacuation immédiate des habitants de la province de Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza. Cette directive intervient dans le cadre d’une offensive qualifiée d’« inédite » dans cette région, intensifiant ainsi les opérations de déplacement forcé dans un territoire où plus de 80 % de la superficie est déjà soumise à des ordres d’évacuation depuis octobre dernier, selon les Nations unies.
Les habitants sont invités à se diriger vers la zone de Al-Mawasi, à l’ouest, ce qui constitue une expansion des zones de déplacement imposées par Israël. D’après le porte-parole militaire Avichay Adraee, l’assaut israélien vise spécifiquement Khan Younis et les localités de Bani Suheila, Abasan et Al-Qarara situées à l’est de la province. Il a insisté sur la gravité de la situation en qualifiant la zone de « secteur de combat dangereux » et a renouvelé l’appel à une évacuation rapide vers l’ouest, à l’exception des hôpitaux Al-Amal et Nasser.
L’opération militaire nommée « Arvot Gideon », lancée le 18 mai, s’inscrit dans la continuité du conflit qui fait rage à Gaza depuis octobre 2023. Elle vise à prendre le contrôle total de la bande de Gaza, comme l’a affirmé le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, actuellement visé par une enquête de la Cour pénale internationale pour présumés crimes de guerre.
Des scènes tragiques à Gaza
Les violences menées par l’armée israélienne ont fait plus de 50 morts parmi les Palestiniens en ce lundi, avec des enfants parmi les victimes. Le ministère de la Santé de Gaza rapporte que 36 personnes ont péri dans un bombardement touchant un refuge de déplacés dans le quartier de Al-Daraj, en plein centre de Gaza.
Des images vidéo capturent le drame d’une fillette, Warda Sheikh Khalil, tentant désespérément d’échapper aux flammes après l’attaque aérienne sur l’école. Malgré les efforts héroïques des équipes médicales, Warda a perdu sa mère et six frères et sœurs, tandis que son père reste dans un état critique en hôpital.
Par ailleurs, à Jabalya dans le nord de Gaza, un raid aérien a causé la mort de 19 civils, alors que les secouristes luttaient pour récupérer les victimes sous les décombres. Dans la région de Al-Karama, au nord-ouest de Gaza, quatre Palestiniens ont été tués par une attaque à l’aide de drones israéliens.
Avertissement humanitaire des Nations unies
Parallèlement à ces opérations militaires, l’ONU a lancé un nouvel appel humanitaire concernant la situation catastrophique dans la bande de Gaza. Elle souligne que les flux limités d’aide ne suffiront pas à enrayer la famine qui menace la population. Il faudrait entre 500 et 600 camions d’approvisionnement par jour pour répondre aux besoins essentiels des habitants.
Une organisation humanitaire financée par Israël et les États-Unis a commencé à acheminer de l’aide, mais après la démission de son chef Jake Wood, qui a dénoncé l’impossibilité de concilier les exigences d’une gestion impartiale, neutre et indépendante de l’aide dans ce contexte.
L’ONU rejette la stratégie israélienne de distribution des secours, accusée de forcer davantage de déplacements, d’exposer des milliers de personnes à des souffrances et d’associer l’aide à des objectifs politiques et militaires. De son côté, l’Organisation mondiale de la santé alerte sur l’épuisement imminent des stocks d’équipements médicaux à Gaza.
Depuis le 2 mars, Israël a fermé toutes les frontières et interdit l’entrée de nourriture et de médicaments dans la bande de Gaza, avant de rompre tout accord de cessez-le-feu conclu en janvier et de relancer la guerre.
Libération de prisonniers palestiniens
En parallèle des opérations militaires, les forces israéliennes ont relâché 13 prisonniers palestiniens originaires de Gaza, selon un correspondant sur place. Depuis le début du conflit, des milliers de Palestiniens ont été arrêtés dans la bande de Gaza dans des conditions de grande opacité, d’après le Club des prisonniers palestiniens.
Des témoignages font état de sévices et de conditions de détention très dures. Depuis le début de la guerre, 40 prisonniers de Gaza sont morts en détention sur un total de 63 détenus palestiniens décédés dans les prisons israéliennes.