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Kénya : La défaite d’Odinga redessine le paysage politique
La scène politique au Kenya connaît des évolutions rapides suite à la défaite du leader de l’opposition, Raïla Odinga, lors de la course à la présidence de la Commission de l’Union Africaine. Cette défaite a été qualifiée par le journal Star kenyan comme un « tournant dangereux » qui pourrait redessiner le paysage politique du pays.
Selon le journal, cette perte constitue un revers majeur pour les attentes du président William Ruto, qui espérait bénéficier du soutien d’Odinga pour renforcer sa position en vue des élections présidentielles de 2027.
Ruto fait face à un double défi, ayant perdu le soutien de la région de la Montagne du Kenya, un bastion électoral clé, suite à un conflit intense avec son ancien vice-président Rigathi Gachagua, qui a abouti à son licenciement. En réponse, Gachagua a promis de riposter politiquement et de s’opposer à Ruto dans sa quête pour un second mandat.
La dynamique politique
Le Star anticipe que ces développements pourraient entraîner une réorganisation des alliances politiques au Kenya. L’alliance entre Ruto et Odinga reposait sur des intérêts mutuels, et avec la défaite d’Odinga, celle-ci se trouve menacée de désintégration.
Les observateurs estiment que le gouvernement coalitionné formé par Ruto était basé sur l’hypothèse que toutes les parties en profiteraient politiquement. Cependant, la défaite d’Odinga a perturbé cette équation. Le journal cite l’analyste politique et journaliste Daniel Wangui, qui déclare : « Le gouvernement coalitionné a été construit sur l’illusion que tout le monde sortirait vainqueur, mais avec la perte d’Odinga, nous assisterons à un réajustement des alliances politiques. »
Le président Ruto est donc contraint de réorganiser ses cartes pour les élections de 2027 après les résultats du sommet de l’Union Africaine.
La crise ne se limite pas aux alliances politiques, elle s’étend également au Parlement, où la décision du président de l’Assemblée nationale, Musa Wetangula, d’accorder à la coalition au pouvoir « Kenya Kwanza » la majorité parlementaire a provoqué la colère de la coalition d’opposition « Azimio ».
Une session parlementaire cruciale est prévue mardi prochain, où les députés d’Azimio affirment représenter la majorité légitime, annonçant une nouvelle confrontation politique qui pourrait compliquer davantage la situation politique du pays.
L’avenir d’Odinga
Malgré sa défaite à Addis-Abeba, Raïla Odinga ne semble pas envisager de se retirer de la politique. À son retour à Nairobi, il a déclaré qu’il avait « beaucoup de travail à accomplir ».
Ce commentaire a été interprété par les observateurs comme un signe clair de sa volonté de rester un acteur clé de la politique kenyane, ce qui a poussé les opposants de Ruto, dirigés par Gachagua, à tenter de l’attirer dans leur camp afin d’affaiblir les chances du président actuel d’obtenir un second mandat.
Dans ce contexte, Gachagua a déclaré à Odinga : « L’Afrique avait besoin de vous, mais Dieu a décidé que vous deviez rester au Kenya. Nous, vos frères et sœurs, avons un travail inachevé avec vous pour libérer notre pays de la décadence. »
D’un autre côté, des personnalités politiques proches de Ruto et Odinga ont nié la possibilité d’un effondrement de leur alliance en raison de ces développements. Kithure Kindiki, vice-président, a affirmé que les deux parties doivent surmonter les pressions politiques et continuer à travailler ensemble pour la stabilité du pays.
Le Star conclut son rapport en indiquant que les événements récents placent le Kenya devant une nouvelle phase de réorganisation des alliances politiques, où les jours à venir promettent d’être riches en surprises alors que les forces politiques concurrentes continuent de s’affronter. La question demeure : Ruto parviendra-t-il à gérer cette crise politique, ou le paysage politique subira-t-il des transformations radicales qui redessineront l’avenir de la direction au Kenya ?