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La Chambre des représentants des États-Unis a adopté mercredi une disposition ouvrant la voie à l’abrogation des sanctions issues de l’« Acte Caesar » contre la Syrie, en l’inscrivant dans le vaste projet de loi sur le budget de la défense, connu sous le nom de National Defense Authorization Act (NDAA). Cette initiative, présentée comme une étape vers la normalisation, suscite des débats sur ses implications politiques et humanitaires. L’abrogation des sanctions Caesar constitue un changement majeur de politique visant à faciliter la relance économique syrienne après des années de guerre.
Le vote à la Chambre
La mesure de suppression des sanctions a été adoptée mercredi au sein du NDAA, ce qui permet d’intégrer cette réforme dans un texte plus large lié à la défense. Le représentant Brian Mast (Floride) a défendu la disposition en déclarant que le texte « supprime les sanctions sur la Syrie qui avaient été imposées à cause de Bachar al-Assad et de la torture de son peuple ». Il a ajouté que l’objectif était de « donner à la Syrie une chance de tracer un avenir post-Assad ».
Mast, qui s’était auparavant opposé à la levée des sanctions, a prévenu à la tribune de la Chambre que, selon le projet de loi, la Maison-Blanche pourrait « réimposer des sanctions si le président l’estime nécessaire ». Cette clause vise à préserver une marge de manœuvre pour la politique étrangère américaine en cas de détérioration de la situation sur le terrain.
Contenu et implications de la mesure
Si le texte est adopté par le Sénat, il entraînera l’abrogation de l’Acte Caesar de 2019, adopté pour punir le gouvernement syrien de crimes de guerre commis pendant le conflit civil. Le projet exige également que la Maison-Blanche publie régulièrement des rapports attestant que le nouveau gouvernement syrien combat les combattants islamistes et respecte les droits des minorités religieuses et ethniques.
Ces exigences cherchent à lier l’assouplissement des sanctions à des garanties concrètes de sécurité et de respect des droits humains, tout en offrant une voie pour une reprise économique contrôlée. L’abrogation pourrait faciliter les investissements et les échanges nécessaires à la reconstruction du pays.
Réactions et contexte humanitaire
Des défenseurs des droits humains ont salué l’assouplissement des sanctions imposées par les États-Unis et d’autres pays occidentaux pendant la guerre. Ils estiment que la levée des restrictions économiques lourdes favorisera la reconstruction et l’accès aux biens essentiels pour une population éprouvée par treize années de conflit.
Toutefois, certains observateurs restent prudents quant aux conditions et au calendrier de la levée complète des sanctions, soulignant la nécessité d’un suivi strict pour garantir la protection des civils et des minorités.
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Contexte politique et diplomatique
L’abrogation envisagée intervient dans un contexte politique bousculé : en décembre 2024, des forces rebelles ont renversé le gouvernement de Bachar al-Assad, contraignant l’ancien dirigeant à fuir vers la Russie. Depuis, l’administration américaine a levé plusieurs sanctions et le président Donald Trump a reçu le chef du nouveau gouvernement syrien, Ahmed al-Sharaa, à la Maison-Blanche.
Cependant, certaines mesures punitives ne peuvent être supprimées que par le Congrès, d’où l’importance de l’intégration de l’abrogation dans le NDAA et des appels du président à encourager les législateurs à finaliser cette étape. Le débat reste vif entre réalpolitik et exigences en matière de justice et de responsabilité.
Prochaines étapes
Le projet de loi adopté par la Chambre doit désormais être soumis au Sénat, qui devrait voter sur l’ensemble du NDAA avant la fin de l’année. Si le Sénat confirme l’adoption, l’abrogation de l’Acte Caesar sera effective, sous réserve des mécanismes de contrôle prévus pour suivre l’évolution en Syrie.
Les dispositions du texte maintiennent toutefois la possibilité de réimposer des sanctions, ce qui laisse une latitude diplomatique à la présidence américaine en fonction des rapports et évaluations sur le terrain.
Voix syriennes et décisions internationales
Des responsables syriens ont demandé la suppression des sanctions restantes, affirmant qu’elle est nécessaire pour donner au pays une réelle chance de stabilité économique et de redressement. Le gouverneur de la banque centrale syrienne, Abdulkader Husrieh, a qualifié l’assouplissement des sanctions par les États-Unis de « miracle » lors d’une interview accordée à l’agence Reuters.
Par ailleurs, le Conseil de sécurité des Nations unies a voté pour lever des sanctions ciblées sur Ahmed al-Sharaa et le ministre de l’Intérieur Anas Khattab, précédemment inscrits sur des listes liées à l’EI et à Al-Qaïda, conformément à la décision rapportée par la presse internationale.
Pour plus d’informations sur cette décision du Conseil de sécurité, consulter le compte rendu : UNSC votes to drop sanctions on Syria’s al-Sharaa ahead of Washington visit.