L’Assemblée nationale a rétabli la suspension de la réforme des retraites telle que prévue par l’article 45 bis du PLFSS pour 2026. La mesure, supprimée par le Sénat en première lecture, a été réintroduite dans le texte par des amendements identiques portés par le gouvernement, les socialistes, le RN, le groupe Liot et plusieurs députés LR.
Le député PS Jérôme Guedj a défendu la suspension, arguant qu’elle permettra à environ 650 000 personnes de partir plus tôt en 2026 et 2027. Il a salué « une avancée concrète, fût-elle pas totale », face aux critiques à gauche.
Les Insoumis ont voté contre, dénonçant des magouilles sans fin et appelant à l’abrogation pure et simple de la réforme. Les communistes se sont abstenus, estimant qu’il ne s’agissait pas d’une suspension mais d’un gain de trois mois au mieux.
Le camp gouvernemental était divisé. Annie Vidal (Renaissance) a justifié l’abstention du groupe macroniste en invoquant « le compromis demandé par le Premier ministre », dans l’intérêt du pays. Le chef des députés LR Laurent Wauquiez a annoncé un vote contre, défendant le relèvement de l’âge de départ pour éviter de peser sur les travailleurs ou de baisser le niveau de vie des retraités. Paul Christophe, président du groupe Horizons, a dénoncé un mensonge aux Français.
Le RN a voté en faveur de la mesure et a ironisé sur les macronistes qui renieraient leur seule réforme dans leur deuxième mandat. Face à la menace d’une censure et malgré les débats budgétaires, le Premier ministre Sébastien Lecornu avait promis la suspension de la réforme qui porte progressivement l’âge légal de départ à 64 ans et l’allongement des trimestres.
Le texte prévoit une suspension jusqu’à janvier 2028 sur l’évolution vers 64 ans et l’augmentation du nombre de trimestres cotisés. Pour la génération née en 1964, l’âge de départ serait fixé à 62 ans et 9 mois, et le nombre de trimestres passerait à 170 au lieu de 171. Sauf nouvelle réforme, l’application de la réforme Borne reprendrait ensuite, avec un trimestre de décalage.