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Les scientifiques britanniques se réjouissent de leur retour dans le programme phare de recherche scientifique de l’Union européenne, Horizon, après une interruption de trois ans due au Brexit. Les dernières données révèlent que le Royaume-Uni a obtenu environ 574 millions d’euros en subventions depuis sa réintégration.
Un retour couronné de succès dans Horizon
Alors que l’UE élabore en secret les stratégies pour le prochain cycle de financement de sept ans prévu en 2027, le Royaume-Uni espère bien, grâce à ses résultats dans les douze premiers mois après son retour, rivaliser avec l’Allemagne et la France pour dominer la science européenne.
Les projets financés sont variés, allant du développement de cathéters cérébraux inspirés par les guêpes à la création de carburant aéronautique à partir de levures et de gaz à effet de serre. Par le nombre de subventions obtenues, le Royaume-Uni s’est hissé en tête des bénéficiaires hors Union européenne. Il occupe actuellement la cinquième place derrière l’Allemagne, l’Espagne, les Pays-Bas et la France, et devrait retrouver sa position globale prochaine.
Un regain d’activité scientifique après trois ans d’exclusion
En 2024, près de 3 000 subventions ont été accordées à des projets britanniques, marquant la première année pleine d’adhésion du Royaume-Uni à Horizon après une pause de trois ans liée à des différends sur l’Irlande du Nord.
Ferdinando Rodriguez y Baena, professeur en robotique médicale à l’Imperial College de Londres, s’est déclaré « absolument ravi » de ce retour officiel dans le programme. Il a récemment achevé un projet de 15 ans soutenu par Horizon, inspiré par une conversation avec le zoologiste Julian Vincent sur la capacité étonnante des guêpes à percer l’écorce dure des arbres pour pondre leurs œufs. Rodriguez a adapté ce concept à la neurochirurgie pour créer un cathéter crânien minuscule capable de pénétrer le crâne et d’administrer des traitements ciblés contre les tumeurs cérébrales.
Le professeur Sir John Aston, vice-chancelier adjoint à la recherche de l’Université de Cambridge, a déclaré espérer que cet embargo ne se reproduise jamais. Il souligne que ce retour dans Horizon témoigne de l’engagement du Royaume-Uni à rester une « superpuissance scientifique » avec des recherches de calibre mondial.
Collaboration renforcée avec l’Europe
Rodriguez faisait partie des scientifiques ayant rencontré Maroš Šefčovič, commissaire européen au commerce, lors d’une visite à l’Imperial College pour souligner la renaissance de la collaboration scientifique avec l’UE.
Son projet Eden2020, d’une valeur de 11 millions d’euros, visant à développer le cathéter crânien, bénéficie d’une subvention de 8 millions d’euros pour un consortium dirigé par Imperial et incluant un hôpital, ainsi que des universités en Italie, en Allemagne et aux Pays-Bas.
La période d’isolement a été un coup dur pour la science britannique, explique Rodriguez, car elle a entraîné l’arrêt des demandes de financement et affaibli les collaborations européennes. Si le milieu académique reste perméable et que les échanges d’idées perdurent, « rien ne vaut un financement conjoint pour cimenter une relation ».
Des projets innovants et une implication grandissante
Carsten Welsch, chef de la science des accélérateurs à l’Université de Liverpool, a plaidé pour le retour du Royaume-Uni dans Horizon, rappelant que la pause lui avait coûté son rôle de leader dans un réseau prestigieux Marie Curie sur les accélérateurs plasmatiques innovants.
Le Royaume-Uni est désormais un acteur majeur d’un nouveau projet à 10 millions d’euros visant à optimiser les infrastructures de recherche compactes basées sur les accélérateurs plasmatiques. Welsch souligne que le pays est passé d’une simple présence à un rôle moteur dans les avancées scientifiques.
L’UE prépare le prochain programme de financement FP10, qui débutera en 2027, dans une totale discrétion, et il est crucial pour le Royaume-Uni de se positionner favorablement.
Répartition des subventions et domaines d’excellence
En 2024, le Royaume-Uni a reçu 2 911 subventions d’un montant total de 574,7 millions d’euros, le plus grand nombre parmi les 19 membres non européens du programme, et la troisième valeur la plus élevée en un an.
Les universités les plus bénéficiaires sont Oxford avec 42 millions d’euros, Cambridge avec 39,3 millions, suivies du University College London et de l’Imperial College avec environ 28 millions d’euros chacune. Warwick et Édimbourg ont obtenu plus de 13 millions d’euros chacune. D’autres institutions, telles que le Royal Veterinary College, ont reçu des montants plus modestes, autour de 275 000 euros, tandis que le Met Office a perçu 1,22 million d’euros.
Perspectives d’avenir et projets en attente
De nouveaux appels à projets dans les domaines spatial et industriel s’ouvriront à la fin du mois de mai, avec des appels pour la réalité virtuelle et augmentée prévus plus tard dans l’année, des domaines que Rodriguez attend avec impatience.
Le gel des participations a conduit certains scientifiques à être complètement écartés de certains projets, comme le souligne le bio-ingénieur Rodrigo Ledesma-Amaro de l’Imperial College, qui gère actuellement huit programmes de recherche actifs financés par l’UE.
Pour lui, la non-réintégration aurait été « catastrophique », privant le pays de nouvelles collaborations, nuisant aux développements postdoctoraux, à la formation et aux échanges étudiants.
Ses recherches se concentrent sur l’alimentation durable, avec notamment un projet surnommé la « cuillère solaire », qui utilise l’énergie solaire pour produire de l’hydrogène, ensuite transformé par des bactéries en protéines alimentaires. D’autres projets visent à retarder la mort des levures pour améliorer les procédés biotechnologiques liés aux aliments fermentés, ou à créer du carburant aéronautique à partir de levures.
Une coopération scientifique essentielle pour relever les défis mondiaux
À Cambridge, Sir John Aston met en avant les travaux sur les carburants durables, dirigés par le professeur Erwin Reisner, qui visent à transformer l’énergie solaire, l’électricité renouvelable et les gaz à effet de serre en carburants et produits chimiques durables.
Erwin Reisner a récemment rencontré Nick Thomas-Symonds, ministre britannique des relations avec l’UE, pour présenter la diversité des projets Horizon à Cambridge, incluant notamment des recherches sur les couleurs iridescentes des plantes et la théorie de l’information en intelligence artificielle.
Aston souligne que le programme Horizon fait une réelle différence, non seulement sur le plan académique, mais aussi pour le développement de technologies capables de résoudre certains des grands défis mondiaux.
Malgré un financement important, Cambridge reconnaît l’importance d’être à nouveau étroitement lié aux universités européennes et aux institutions privées de recherche pour enrichir son expertise collective.