Table of Contents
Une récente étude révèle l’impact des voyages sur les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES), mettant en lumière la situation préoccupante des Canadiens en matière de tourisme. De 2009 à 2019, les émissions liées au tourisme ont augmenté de 40 % et continuent de croître après les interruptions causées par la pandémie.
Une augmentation inquiétante des émissions
Selon Ya-Yen Sun, professeure à l’Université du Queensland et auteure principale de l’étude, les émissions annuelles du tourisme augmentent de 3,5 % par an, soit le double de la croissance des émissions dans le reste de l’économie, qui a été de 1,5 % durant la même période. L’étude, publiée dans la revue Nature Communications, analyse les dépenses des touristes de 175 pays en décomposant les coûts associés à chaque aspect du voyage.
Les auteurs avertissent qu’une poursuite de cette tendance pourrait entraîner une augmentation de 3 à 4 % par an des émissions touristiques, rendant quasiment impossible l’atteinte de l’objectif de 1,5°C fixé par l’Accord de Paris. Pour respecter cet objectif, les émissions liées au tourisme devraient diminuer de 10 % chaque année jusqu’en 2050.
Le cas canadien
En 2019, les voyages effectués par les Canadiens ont généré 134 millions de tonnes de CO₂, réparties à parts égales entre les séjours au Canada et à l’étranger. Pour comparaison, les émissions totales du Canada s’élevaient à 723 millions de tonnes de CO₂ cette même année. Sur une décennie, les émissions canadiennes liées au tourisme ont augmenté de 13 %, un chiffre inférieur à la moyenne mondiale (+40 %) et aux hausses observées aux États-Unis (+38 %) et en Chine (+194 %).
En ce qui concerne les émissions par habitant, les Canadiens émettent en moyenne 1,76 tonne de CO₂ par voyage, plaçant le Canada au dix-septième rang mondial, devant des pays comme l’Allemagne, la France ou les États-Unis. Cela signifie que la seule empreinte touristique des Canadiens frôle le seuil de 2 tonnes de CO₂ par personne, une cible suggérée par un rapport de l’ONU pour limiter le réchauffement planétaire.
Propositions pour une réduction des émissions
Pour ralentir la croissance des émissions touristiques, il est crucial de se concentrer sur le transport aérien, considéré comme le « talon d’Achille » du secteur. Les experts soulignent que les progrès réalisés en matière d’efficacité par les compagnies aériennes sont largement insuffisants pour atteindre les objectifs de décarbonation. Ya-Yen Sun propose des modifications aux politiques nationales qui encouragent l’attraction de plus de touristes étrangers, ainsi qu’une taxe carbone sur les billets des voyageurs fréquents.
Les émissions directes de l’aviation représentent 21 % des émissions totales du secteur touristique. En tenant compte des émissions indirectes, telles que la production de kérosène, l’impact environnemental du tourisme devient encore plus préoccupant. Lors de la dernière conférence de l’ONU sur le climat, les émissions liées au tourisme ont fait l’objet d’une attention particulière, avec l’Organisation mondiale du tourisme soutenant que ce secteur est responsable de 8,8 % des émissions mondiales de GES.