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Une étude suédoise récente révèle que les patients atteints d’hypoparathyroïdie chronique présentent un risque nettement accru de maladies cardiovasculaires et de mortalité liée à ces affections, avec une prédominance marquée chez les femmes.
Analyse des données épidémiologiques
Les chercheurs ont mené cette étude en fusionnant des données issues de registres populationnels en Suède afin d’évaluer le risque cardiovasculaire chez les patients souffrant d’hypoparathyroïdie chronique. L’échantillon comprenait 1 982 patients (âge moyen de 54,7 ans, dont 76,7 % de femmes), appariés à 19 494 individus témoins sans cette pathologie.
Le suivi médian était de 9,09 ans pour les malades et de 8,91 ans pour les témoins. L’objectif était de détecter la survenue d’au moins un événement cardiovasculaire majeur : infarctus aigu du myocarde, fibrillation auriculaire ou flutter, insuffisance cardiaque, pathologie valvulaire, maladie artérielle périphérique, AVC ou accident ischémique transitoire. La mortalité cardiovasculaire concernait les décès liés à toute cause cardiaque.
Risques cardiovasculaires significativement accrus
Les patients atteints d’hypoparathyroïdie chronique présentaient des risques élevés pour plusieurs complications cardiovasculaires :
- Maladie valvulaire cardiaque (rapport de risque [HR] 2,08 ; intervalle de confiance [IC] 95 % : 1,67-2,60)
- Maladie artérielle périphérique (HR 1,78 ; IC 95 % : 1,41-2,26)
- Insuffisance cardiaque (HR 1,66 ; IC 95 % : 1,44-1,90)
- Fibrillation auriculaire/flutter (HR 1,58 ; IC 95 % : 1,38-1,81)
- Infarctus aigu du myocarde (HR 1,31 ; IC 95 % : 1,05-1,64)
De plus, le risque de mortalité liée aux maladies cardiovasculaires était augmenté de 59 % chez ces patients (HR 1,59 ; IC 95 % : 1,40-1,80) comparativement aux témoins.
Différences marquées selon le sexe
Une particularité notable de cette étude est la disparité entre sexes. Les femmes atteintes d’hypoparathyroïdie chronique présentaient des risques nettement plus élevés pour :
- Les maladies valvulaires cardiaques
- La maladie artérielle périphérique
- L’insuffisance cardiaque
- La fibrillation auriculaire
- L’infarctus du myocarde
- La mortalité cardiovasculaire
En revanche, aucun risque cardiovasculaire significatif n’a été observé chez les hommes atteints de la maladie comparés à leurs témoins appariés.
Indépendance vis-à-vis de l’étiologie de la maladie
Le sur-risque cardiovasculaire chez les patients avec hypoparathyroïdie chronique est resté constant quel que soit le type d’origine, qu’elle soit chirurgicale ou non chirurgicale.
Implications cliniques
Les auteurs insistent sur la nécessité d’une surveillance rapprochée et d’une gestion préventive rigoureuse des facteurs de risque cardiovasculaires, particulièrement chez les femmes atteintes d’hypoparathyroïdie chronique.
Limites de l’étude
Cette étude ne disposait pas de données sur certains paramètres biologiques essentiels, l’activité physique, la taille, le poids corporel ni la pression artérielle. Le tabagisme intense a été estimé indirectement par la présence d’une maladie pulmonaire obstructive chronique. Les dosages de vitamine D active, calcium et lévothyroxine n’étaient pas renseignés dans les registres utilisés.
Financements et déclarations
L’étude a été financée par plusieurs fondations suédoises, dont le Conseil suédois de la recherche, la Fondation Knut et Alice Wallenberg, la Fondation Novo Nordisk, les Fondations Torsten et Ragnar Söderberg ainsi que la Fondation Kristian Gerhard Jebsen. Plusieurs auteurs ont déclaré des collaborations avec l’industrie pharmaceutique sous forme de financements de recherche, conseils et honoraires personnels.