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Les Scénarios Inquiétants du Transformation Syrienne

by Sara
Les Scénarios Inquiétants du Transformation Syrienne
Syrie, Arabie Saoudite, Émirats Arabes Unis, Jordanie

Les Scénarios Inquiétants du Transformation Syrienne

Il existe trois hypothèses pessimistes concernant la transformation syrienne dans la région arabe, bien qu’elles ne soient pas toujours exprimées clairement :

  • La première suggère que la montée en puissance de l’organisation « Hay’at Tahrir al-Sham » après la chute du régime de Bashar al-Assad et l’établissement d’un nouveau pouvoir sous son égide menacent la diversité confessionnelle, culturelle et ethnique de la Syrie, tout en sapant les possibilités de reconstruire le pays selon les normes d’un État moderne.
  • La deuxième implique que cette transformation pourrait être un mauvais augure pour la région arabe, car elle plongerait la Syrie dans une longue période de chaos, entraînant des conséquences graves pour la sécurité régionale et potentiellement déstabilisant la situation politique de certains pays arabes.
  • La troisième prévoit que la Syrie, après cette transformation, sera sous la tutelle de la Turquie, qui aspire à raviver son héritage ottoman dans le monde arabe.

Heureusement, ces hypothèses n’ont pas dissuadé les pays arabes, qui demeurent implicitement méfiants vis-à-vis de cette transformation, d’ouvrir leurs portes à la nouvelle autorité et de montrer leur disposition à la soutenir pour réussir le processus de transformation.

L’Ouverture des Pays Arabes

La Arabie Saoudite a rapidement envoyé une délégation diplomatique à Damas dans les jours qui ont suivi la chute d’Assad, et a accueilli une délégation du nouveau gouvernement syrien. De même, le ministre des Affaires étrangères des Émirats Arabes Unis a effectué le premier contact officiel avec son homologue syrien, Assad al-Chibani. Le ministre des Affaires étrangères jordanien, Ayman Safadi, a également visité Damas et s’est entretenu avec le chef de la nouvelle administration syrienne, Ahmad al-Shara.

Cette ouverture s’inscrit avant tout dans le cadre de l’adaptation des pays arabes à la nouvelle réalité, après avoir normalisé leurs relations avec le régime d’Assad ces dernières années. Cependant, cette adaptation n’élimine en rien les trois hypothèses pessimistes évoquées.

Les Inquiétudes des Capitals Arabes

Les capitales arabes, qui ont été opposées aux transformations du Printemps arabe après 2011 pour diverses raisons, dont la crainte de l’ascension de l’islam politique et des Frères musulmans, semblent avoir beaucoup à redouter si elles n’interagissent pas positivement avec la transformation syrienne. Il est indéniable que la plupart de ces capitales ne considéraient pas Bashar al-Assad comme le sauveur de la Syrie. Cependant, elles ont cru un temps qu’Assad avait triomphé dans la guerre et qu’il fallait composer avec cette situation comme une réalité inévitable.

Le Rôle de l’Iran et de la Turquie

Il existait également une forte conviction que l’ouverture vers Assad pourrait servir d’incitation pour qu’il réduise l’influence de l’Iran en Syrie et l’expulse finalement. Quoi qu’il en soit, que ce pari soit réaliste ou non tant qu’Assad reste au pouvoir, l’Iran fait partie des plus grands perdants de la transformation syrienne. Un tel résultat devrait être très satisfaisant pour ces pays.

En outre, la sagesse dans le traitement de la situation syrienne depuis le début du conflit est que l’absence d’un rôle arabe significatif crée des vides que d’autres puissances régionales et internationales exploitent. Alors que l’Iran et la Russie semblent aujourd’hui presque exclus de l’équation syrienne, l’hésitation du monde arabe à intervenir en Syrie renforcera nécessairement les immenses gains réalisés par la Turquie dans ce pays.

La Présence Turque en Syrie

Malgré tout cela, percevoir la forte présence turque en Syrie comme une menace pour les intérêts arabes ignore souvent deux vérités importantes :

  • La première est que cette présence agit comme une garantie solide pour orienter la transformation syrienne, préserver l’unité de la Syrie et réduire les risques de son effondrement en un État défaillant menaçant la stabilité régionale.
  • La deuxième est que les Turcs souhaitent également que le monde arabe joue un rôle actif dans la construction de la nouvelle Syrie et sa guérison des effets de la guerre.

Cette aspiration n’est pas seulement due au fait que les pays arabes riches peuvent jouer un rôle clé dans le financement des efforts de reconstruction, mais aussi à une perception turque selon laquelle les partenariats stratégiques émergents avec le monde arabe ces dernières années fondent une ère de coopération turco-arabe capable de jouer un rôle central dans la gestion des affaires régionales, alors que les États-Unis ne sont plus en mesure ou désireux de jouer ce rôle de puissance mondiale dominante dans la géopolitique régionale.

Perspectives de Transformation Syrienne

Un engagement arabe substantiel dans le soutien et la promotion de la transformation syrienne pourrait dissiper les craintes liées à ces trois hypothèses pessimistes. D’une part, cet engagement servirait d’outil d’influence sur Hay’at Tahrir al-Sham pour diriger la transformation syrienne dans un sens favorable à la construction de l’État selon les normes et principes définis par la déclaration de la réunion d’Aqaba.

D’autre part, la participation au processus de reconstruction de la Syrie apporterait d’importantes opportunités économiques et avantages géopolitiques pour le monde arabe, tant qu’elle limiterait les risques d’un échec de la transformation. Par ailleurs, le chaos potentiel résultant de l’échec du processus de transformation syrienne créerait des défis de sécurité et géopolitiques graves pour la région arabe.

Les Réactions Régionales

L’Iran a accepté avec réticence la réalité de sa défaite en Syrie. Cependant, un tel chaos pourrait lui donner une nouvelle opportunité de revenir en Syrie. Israël, qui a rapidement cherché à tirer parti de la transformation syrienne pour contrôler la zone tampon dans le Golan occupé, ainsi que le sommet stratégique du mont Hermon, trouverait dans un tel désordre une opportunité de consolider sa nouvelle occupation de la Syrie sous prétexte de sa sécurité.

La coopération turco-arabe pour soutenir et promouvoir la transformation syrienne augmenterait les chances de son succès et pourrait contribuer à atténuer les préoccupations de certains pays arabes face à cette transformation.

Conclusion

Au regard de l’influence considérable qu’Ankara exerce sur la nouvelle Syrie, elle peut œuvrer à atténuer le caractère islamique du nouveau pouvoir et à former un gouvernement inclusif capable de reconstruire l’État et de le sortir de son isolement international.

Les avantages significatifs que l’engagement arabe en Syrie pourrait apporter pourraient également servir de puissant levier pour Hay’at Tahrir al-Sham, lui permettant de renforcer son nouvel agenda en tant que force islamique nationale, s’adressant à toutes les couches syriennes et exprimant ses ambitions de construire un État de droit et d’institutions.

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