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Le président des États-Unis, Donald Trump, a signé mercredi une proclamation présidentielle interdisant l’entrée sur le territoire américain aux ressortissants de 12 pays. De plus, des restrictions renforcées ont été mises en place pour les citoyens de sept autres nations. Cette mesure s’inscrit dans la volonté de Trump de durcir la politique migratoire, engagement phare de sa campagne présidentielle avant l’élection de l’an dernier.
Selon Trump, ces mesures visent à « protéger les Américains contre des individus étrangers dangereux ». Le dispositif diffère selon que les pays sont totalement ou partiellement soumis à l’interdiction d’entrée.
Quels pays sont totalement interdits de voyage aux États-Unis ?
Les ressortissants des pays suivants font l’objet d’une interdiction complète d’entrer aux États-Unis :
- Afghanistan
- Myanmar
- Tchad
- République du Congo
- Guinée équatoriale
- Érythrée
- Haïti
- Iran
- Libye
- Somalie
- Soudan
- Yémen
Quels pays sont soumis à des restrictions partielles ?
Les citoyens de ces sept pays feront face à des restrictions partielles sur leur capacité à obtenir certains types de visas :
- Burundi
- Cuba
- Laos
- Sierra Leone
- Togo
- Turkménistan
- Venezuela
Fonctionnement de l’interdiction de voyage
Pour les 12 pays soumis à l’interdiction totale, la délivrance de visas immigrant et non-immigrant est suspendue. Concernant les sept pays soumis à des restrictions partielles, les ressortissants ne pourront plus demander de visas immigrant ni certains visas temporaires non-immigrants, notamment les visas permanents, étudiants et touristiques (B-1, B-2, B-1/B-2, F, M, J). Toutefois, l’accès à quelques visas temporaires reste possible.
Cette proclamation, bien qu’elle ne soit pas juridiquement contraignante comme un ordre exécutif, marque un changement politique important. Elle concerne uniquement les personnes se trouvant hors des États-Unis au moment de son entrée en vigueur et ne disposant pas alors d’un visa valide.
Exceptions à l’interdiction
Plusieurs catégories de personnes sont exemptées de cette suspension :
- Détenteurs de la résidence permanente légale aux États-Unis (carte verte).
- Détenteurs de visas valides existants.
- Diplomates étrangers en voyage avec certains visas non-immigrants.
- Personnes à double nationalité non concernées par l’interdiction, voyageant avec un passeport d’un pays non banni.
- Sportifs et membres d’équipes participant à des événements majeurs (Coupe du Monde, Jeux Olympiques), ainsi que leurs proches immédiats.
- Visas immigrants pour membres de la famille immédiate avec preuve claire de lien familial.
- Adoptés, bénéficiaires de visas spéciaux afghans ou destinés aux employés du gouvernement américain, et minorités ethniques ou religieuses persécutées en Iran.
Impact attendu de l’interdiction
Pour l’année fiscale 2022, 363 549 personnes originaires des 19 pays concernés sont entrées aux États-Unis, selon le Département de la Sécurité Intérieure. Parmi elles, 250 234 venaient du Venezuela (partiellement restreint) et 66 563 d’Haïti (sous interdiction totale).
Motivations derrière l’interdiction
Donald Trump justifie cette interdiction par des menaces sécuritaires, évoquant la présence de « terroristes étrangers ». Il a notamment fait référence à une attaque récente à Boulder, dans le Colorado, pour illustrer les risques liés à l’arrivée de ressortissants étrangers non correctement contrôlés, ou de visiteurs temporaires ayant dépassé la durée de leur visa.
Un suspect, Mohamed Sabry Soliman, arrêté pour un attentat au Colorado, est un ressortissant égyptien qui avait dépassé la durée de son visa touristique. Ni l’Égypte ni le Koweït, pays où il a vécu, ne figurent parmi les pays bannis, ce qui a alimenté la controverse. Trump a critiqué la politique migratoire du président Biden, qu’il a qualifiée de « politique d’ouverture ridicule des frontières ».
Critères de sélection des pays bannis
Chaque pays sur la liste a été sélectionné pour des raisons spécifiques, notamment :
- Un taux élevé de dépassement de visa par leurs ressortissants.
- Leur manque de coopération avec les États-Unis pour le rapatriement des personnes en situation irrégulière.
- Leur situation marquée par des conflits ou des troubles politiques.
Les taux de dépassement les plus élevés sont notamment ceux du Tchad (49,5 %), de la Guinée équatoriale (22 %), de l’Érythrée (20 %) et du Yémen (19,8 %).
Entrée en vigueur et précédents
La mesure prendra effet le 9 juin à 00h01 EDT (04h01 GMT). Ce n’est pas la première fois que Donald Trump instaure une interdiction de voyage : dès son premier mandat, il avait imposé une interdiction, communément appelée « Muslim ban », touchant majoritairement des pays à population musulmane. Cette interdiction, validée par la Cour Suprême en 2018, avait été abrogée par le président Biden en 2021.
Possibilité d’élargissement de la liste
Donald Trump a indiqué que la liste des pays concernés pourrait évoluer en fonction des améliorations constatées ou de l’émergence de nouvelles menaces. Ainsi, d’autres nations pourraient être ajoutées à l’avenir.
Réactions des pays concernés
Dahir Hassan Abdi, ambassadeur de Somalie aux États-Unis, a exprimé sa volonté de coopérer avec Washington, rappelant la relation historique entre les deux pays et souhaitant engager un dialogue pour lever les préoccupations américaines.
En revanche, Diosdado Cabello, ministre de l’Intérieur du Venezuela et proche du président Maduro, a dénoncé la mesure en affirmant que les États-Unis représentent un grand risque pour tout le monde, pas seulement pour les Vénézuéliens, ajoutant que son pays est persécuté sans raison valable.
La proclamation présidentielle qualifie la Somalie de « refuge terroriste » et critique l’absence d’autorités capables d’émettre et de vérifier correctement les passeports et documents civils, ainsi que de mettre en œuvre des contrôles rigoureux.
Elle critique également le Venezuela pour son refus historique de reprendre ses ressortissants expulsables.