Sébastien Lecornu, nommé Premier ministre à 39 ans, est présenté comme un fidèle d’Emmanuel Macron dont le parcours au sein du gouvernement et la discrétion publique ont fait de lui un rouage essentiel de la politique française.
Sébastien Lecornu, Premier ministre : parcours et place dans le gouvernement Macron
Venu de la droite et longtemps peu connu du grand public, Sébastien Lecornu a suivi le chef de l’État depuis 2017 et gravit les échelons jusqu’à Matignon. Assistant parlementaire à 19 ans, il devient en 2008 le plus jeune conseiller de cabinet aux Affaires européennes, puis le plus jeune président de département en 2015, à la tête de l’Eure, après avoir été maire de Vernon. Propulsé au gouvernement à 31 ans, il a successivement occupé les postes à l’Écologie, aux Collectivités, à l’Outre-mer puis aux Armées.
Ministre des Armées depuis trois ans malgré l’absence de majorité nette et l’instabilité politique depuis 2022, il a servi sous quatre Premiers ministres successifs et s’est fait remarquer par sa gestion du ministère dans un contexte de réarmement et d’accentuation des coopérations européennes en matière de défense. Réserviste de la gendarmerie dans l’Eure et amateur d’histoire, il a dit à plusieurs reprises vouloir conserver le portefeuille des Armées, citant la continuité avec certains prédécesseurs.
Actions récentes et dossiers majeurs conduits par Lecornu
À la Défense, Sébastien Lecornu s’est distingué par des négociations intenses avec le Parlement pour faire adopter la loi de programmation militaire (LPM) 2024‑2030, présentée comme une hausse de 40 % par rapport à la précédente. Sa gestion a été marquée par un rôle actif sur les enjeux liés à la guerre en Ukraine, l’intensification des coopérations industrielles européennes, et la représentation française dans des dossiers internationaux sensibles.
Après l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023, Emmanuel Macron l’a envoyé en mission régionale pour négocier la libération d’otages français et porter la position française. Il a également été en première ligne pour traduire en actes le réarmement décidé par l’exécutif et pour défendre des garanties de sécurité à l’égard de l’Ukraine.
Son style a été décrit comme discret et plutôt tourné vers l’action en coulisses. « C’est un fidèle de Macron qui ne lui fera pas d’ombre. Son bilan à la défense est plutôt bon », relève auprès de l’AFP un diplomate sous couvert de l’anonymat. « Lecornu, c’est le bon soldat qui par ailleurs n’a pas trop de charisme », ajoute un conseiller ministériel.
« Il est apprécié sur tous les bancs de l’Assemblée »
Cette appréciation émane d’un ancien membre de la commission Défense de l’Assemblée, qui décrit un homme politique maîtrisant ses dossiers, capable de répondre sans notes et d’alterner « flagorneries et tacles appuyés » selon les circonstances. Mais certains observateurs le voient davantage comme un « manœuvrier » : « ce n’est pas difficile » de faire passer un budget en hausse, modère un responsable du bloc central, soulignant la montée du Rassemblement national dans son département de l’Eure.
Sébastien Lecornu a aussi été épinglé pour un dîner avec Marine Le Pen, image qui a contribué à faire de lui « l’homme de la négociation avec le RN dans la psyché socialiste », selon une ministre citée dans la presse. Sur la question du budget et de la dette, il affirmait récemment ne pas croire que le FMI soit « aux portes de Bercy » mais se dit certain que « si nous ne faisons rien, le pays va s’étouffer à petit feu ».
Originaire de Normandie et petit‑fils de résistant, il a envisagé Saint‑Cyr avant de s’engager très tôt en politique. Certains collègues reconnaissent son habileté : « Il comprend vite les choses », note un responsable socialiste, tout en ajoutant qu’il est « plus à droite que Bayrou ». Un proche insiste aussi sur la réalité politique du poste : « accepter ce job (de Premier ministre), c’est accepter de mettre les deux doigts dans la prise et que ça continue de grésiller ».
Si Sébastien Lecornu reste peu disert dans les médias, son profil a gagné en visibilité par des crises internationales et des dossiers de défense, et il hérite désormais de la charge de conduire l’action gouvernementale depuis Matignon.