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Réaction au Dissolution du PKK en Kurdistan Irak: Impacts et Perspectives

by Sara
Réaction au Dissolution du PKK en Kurdistan Irak: Impacts et Perspectives
Irak, Turquie, France

La récente annonce du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) concernant sa dissolution et son abandon de la lutte armée suscite des réactions contrastées au sein du Kurdistan irakien et au-delà. Cette décision marque un tournant potentiel pour la sécurité et la politique dans les zones frontalières, tout en influençant les relations entre la région autonome du Kurdistan irakien et la Turquie.

Région de Zab au Kurdistan Irakien

Un défi historique pour le Kurdistan irakien

Depuis plus de trois décennies, la présence des combattants du PKK dans les territoires du Kurdistan irakien, notamment dans les montagnes de Qandil ainsi que dans les régions de Dohuk et Souleimaniyeh, représente un défi constant pour les autorités régionales. Le PKK y a établi des bases et des couloirs militaires utilisés pour lancer des attaques transfrontalières contre les forces turques, ce qui a transformé la région en une zone sujette à des bombardements aériens et d’artillerie turcs. Ces offensives ont causé des pertes civiles et provoqué le déplacement de milliers de familles kurdes de leurs villages.

Le président du Kurdistan irakien, Nechirvan Barzani, a salué la décision de dissolution du PKK, la qualifiant d’étape cruciale ouvrant une nouvelle page politique dans la région. Selon lui, cette initiative témoigne d’une maturité politique et prépare le terrain à un véritable dialogue renforçant la coexistence et la stabilité en Turquie et dans toute la région.

Un contexte politique délicat

Barzani a également loué le rôle du président turc Recep Tayyip Erdoğan et ses efforts pour assurer le succès de cette démarche, rappelant que le Kurdistan soutient toutes les initiatives visant à résoudre les conflits par des moyens pacifiques.

Un responsable du PKK, sous couvert d’anonymat, a indiqué que le récent congrès, qualifié de plus réussi, a pris des décisions historiques sans la présence des médias afin de protéger ses membres. Il a démenti toute dissidence au sein du parti concernant l’abandon des armes, affirmant que tous restent unis sous les directives du leader Abdullah Öcalan et que la lutte pour la paix se poursuivra.

Selon des rapports d’organisations locales et internationales, plus de 600 villages du Kurdistan irakien ont été évacués en raison du conflit, dont 400 dans la province de Dohuk—dont 200 à Amadiya, 150 à Zakho et 50 à Aqra—une situation qui a contribué au déplacement massif des populations dans les zones frontalières.

Politiquement, la région se trouve dans une position complexe : tout en ne reconnaissant pas officiellement le PKK ni en soutenant ses activités, le gouvernement régional évite tout affrontement direct, afin de ne pas aggraver les tensions internes ni provoquer un conflit avec les Kurdes sympathisants du parti. Cette posture a limité la capacité du Kurdistan à exercer pleinement sa souveraineté dans certaines zones et a exacerbé les tensions avec Ankara, qui considère le PKK comme une organisation terroriste et exige son expulsion du territoire irakien depuis plusieurs années.

Zone frontalière au Kurdistan Irakien

Un changement majeur attendu

Jabar Yawar, ancien secrétaire général du ministère de la Peshmerga et expert militaire, estime que la mise en œuvre de ce processus de paix pourrait transformer considérablement la sécurité dans le Kurdistan irakien. Ce changement nécessiterait cependant des mesures politiques et juridiques sérieuses de la part d’Ankara.

Il explique qu’une telle évolution pourrait justifier le retrait des forces turques stationnées dans la région et permettre le redéploiement des gardes-frontières irakiens et des forces Peshmerga, stabilisant ainsi les zones frontalières avec la Turquie et l’Iran.

Les relations entre le Kurdistan irakien et la Turquie sont actuellement bonnes sur le plan diplomatique et économique, avec notamment une présence consulaire turque, l’activité importante d’entreprises turques et un flux continu de marchandises à travers les postes-frontières. Une résolution pacifique du conflit avec le PKK améliorerait encore ces liens et mettrait fin aux opérations militaires dans les zones frontalières.

Expert politique Hoshank Bawani

Selon l’expert, la stabilité sécuritaire favorisera le commerce et assurera la protection des infrastructures telles que le pipeline reliant le Kurdistan à la Turquie, souvent ciblé par des attaques liées au PKK et ayant subi de nombreuses réparations.

Pour sa part, le politologue Hoshank Bawani souligne que le Kurdistan a été privé pendant 30 ans de ressources économiques clés, comme l’agriculture, le tourisme religieux et la valorisation des sites archéologiques, affectant directement son infrastructure et le niveau de vie de ses habitants, provoquant exode et privations dans l’éducation et la santé.

Il considère que la décision actuelle ouvre la voie à des plans de reconstruction et de développement des villages, longtemps délaissés, tout en encourageant le retour des populations originelles en toute confiance, participant ainsi activement à la relance économique de la région.

Relations tendues entre Ankara et Souleimaniyeh

Les relations entre la Turquie et la ville de Souleimaniyeh, située dans le Kurdistan irakien, sont particulièrement tendues ces dernières années. Malgré des liens relativement solides avec Erbil, Ankara fait preuve de méfiance envers Souleimaniyeh pour des raisons politiques, sécuritaires et économiques complexes.

Une source majeure de tension est l’accusation turque adressée aux autorités locales, en particulier au Parti de l’Union patriotique du Kurdistan (PUK) dirigé par Pervin Talabani, de complicité ou de tolérance envers les activités du PKK.

Depuis plus de deux ans, Ankara a fermé son espace aérien aux vols en provenance et à destination de l’aéroport de Souleimaniyeh, invoquant des menaces sécuritaires et des opérations d’espionnage « hostiles ». Contrairement à Erbil, les services de renseignement turcs font face à des restrictions dans leurs opérations à Souleimaniyeh.

Salar Mahmoud, membre du PUK

Salar Mahmoud, membre dirigeant du PUK, a réaffirmé le rôle actif de son parti dans le soutien aux efforts de paix en Turquie, en s’appuyant sur l’héritage politique de Jalal Talabani qui privilégiait le dialogue pour la résolution de la question kurde. Il a insisté sur l’engagement du parti en faveur d’une solution politique et de la garantie des droits du peuple kurde.

Il a également exprimé l’espoir d’une réouverture prochaine de l’aéroport de Souleimaniyeh aux vols turcs, rappelant que « la paix est une victoire pour tous, alors qu’aucun conflit ne connaît de véritable vainqueur ». Il a appelé le parlement turc à adopter les mesures légales nécessaires à la réussite du processus de paix.

Perspectives et défis à venir

Concernant la durée estimée pour le retrait du PKK et la remise des armes, l’expert en affaires turques Hassan Mustafa évoque un délai de 5 à 6 ans. Ce processus ne découle pas d’un accord bilatéral officiel ni d’une médiation tierce, mais se présente comme une initiative unilatérale et inconditionnelle, perçue comme un geste de bonne volonté.

Les défis restent néanmoins nombreux, notamment sur le sort des milliers de combattants du PKK : leur destination, la disposition de la direction des différentes branches du parti, ainsi que le futur des cadres et militants sont autant d’interrogations.

La réussite de cette transition dépendra beaucoup des décisions prises par les autorités turques concernant les dirigeants emprisonnés du PKK, l’éventuelle amnistie pour les combattants, et la manière dont Ankara gérera la question kurde dans son ensemble.

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source:https://www.aljazeera.net/politics/2025/5/14/%D9%85%D8%A7%D8%B0%D8%A7-%D9%8A%D8%B9%D9%86%D9%8A-%D8%A5%D8%B9%D9%84%D8%A7%D9%86-%D8%AD%D8%B2%D8%A8-%D8%A7%D9%84%D8%B9%D9%85%D8%A7%D9%84-%D8%AD%D9%84-%D9%86%D9%81%D8%B3%D9%87?traffic_source=rss

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