Home ActualitéScienceAmbre de 112 millions d’années découvert en Équateur révèle des insectes

Ambre de 112 millions d’années découvert en Équateur révèle des insectes

by Sara
Équateur, Espagne

Des chercheurs de l’université de Barcelone ont identifié en Équateur un ambre crétacé âgé de 112 millions d’années contenant des insectes et du pollen, offrant un témoignage exceptionnel de la vie dans le Gondwana tropical au cours du Crétacé. Publiée dans la revue Communications Earth & Environment et éditée par Springer Nature, cette étude présente la première découverte d’ambre porteur d’inclusions animales en Amérique du Sud, révélant un écosystème jusqu’ici peu connu.

Un écosystème ancien conservé dans l’ambre

Les dépôts d’ambre découverts dans la carrière de Genoveva, en Équateur, renferment des fragments d’insectes et de pollen qui fournissent une fenêtre rare sur la biodiversité d’il y a 112 millions d’années.
L’ambre a piégé au moins cinq groupes d’insectes et plusieurs traces d’activité biologique, permettant de reconstituer une partie de l’écosystème forestier.

Fragments d'ambre examinés par les scientifiques (Musée national d'histoire naturelle)
Fragments d’ambre mis au jour (Musée national d’histoire naturelle)

Parmi les inclusions identifiées figurent :

  • divers groupes de mouches ;
  • un coléoptère associé aux champignons ;
  • des guêpes ;
  • une espèce de trichoptère (mouche de l’eau) ;
  • des grains de pollen témoignant de la végétation environnante.

Les chercheurs ont également trouvé une trace d’activité d’araignée : une portion de toile dont l’orientation des fils rappelle les toiles orbiculaires des araignées modernes, bien qu’elle soit dépourvue des gouttes collantes caractéristiques.

Comprendre la formation et le rôle du résineux

L’ambre est le résultat de la fossilisation de la résine d’arbres, une substance organique riche en hydrocarbures qui peut emprisonner des organismes et se préserver pendant des millions d’années.
Les résines protectrices proviennent souvent d’arbres résineux et constituent une archive unique de la matière organique et des interactions écologiques.

Les résines anciennes peuvent renfermer des « impuretés biologiques » — fragments de plantes, insectes et autres petits organismes — qui ne se conservent pas toujours sous forme de fossiles classiques.
Ces inclusions permettent de documenter des formes de vie et des comportements rarement préservés autrement.

Examen des dépôts d’ambre de Genoveva

Xavier Delclòs et son équipe ont analysé des échantillons d’ambre et les roches adjacentes prélevés dans la carrière de Genoveva.
Leur examen a permis d’identifier deux types distincts de résine présents sur le site.

Détail des composants d'ambre analysés par l'équipe (Musée national d'histoire naturelle)
Détail des composants d’ambre étudiés (Musée national d’histoire naturelle)

Les deux types identifiés sont :

  • une résine d’origine souterraine, issue des suintements de racines ;
  • une résine d’origine aérienne, résultant d’exsudats exposés à l’air et piègeant les insectes circulant entre les arbres.

L’ambre provenant des racines est le plus courant dans de nombreux gisements connus et contient généralement peu d’inclusions animales.
En revanche, la résine aérienne est celle qui capture le plus souvent des organismes en vie dans la canopée, expliquant la présence d’insectes bien conservés à Genoveva.

Pourquoi ces dépôts sont-ils remarquables ?

Jusqu’à présent, la quasi-totalité des gisements d’ambre significatifs documentés provenaient de l’hémisphère Nord.
La découverte équatorienne comble une lacune importante et apporte des données directes sur les forêts riches en résine et la diversité des arthropodes du Gondwana tropical pendant le Crétacé.

Les chercheurs notent l’absence surprenante d’une abondance de champignons consommateurs de résine dans les échantillons, observable dans d’autres gisements.
Cette rareté pourrait indiquer que les sols étaient saturés d’eau, limitant l’activité fongique et favorisant ainsi la conservation de grandes quantités de résine, notamment d’origine racinaire.

En agissant comme un piège visqueux, la résine a permis la conservation spectaculaire d’invertébrés, ouvrant de nouvelles perspectives pour reconstituer la biodiversité et les interactions écologiques d’un passé profond.

Implications pour la paléoécologie et la paléoentomologie

Ces trouvailles fournissent une ressource inestimable pour comprendre la vie et la diversité biologique durant une période clé de l’histoire de la Terre, lorsque les continents se séparaient et que les écosystèmes évoluaient rapidement.
Elles offriront des données comparatives entre les faunes de l’hémisphère Sud et celles mieux connues du Nord.

L’étude ouvre des pistes pour de prochaines recherches sur les communautés végétales et animales du Crétacé tropical, la dynamique des forêts résineuses et les facteurs environnementaux ayant favorisé la préservation exceptionnelle observée à Genoveva.

source:https://www.aljazeera.net/science/2025/11/17/%d9%85%d9%84%d9%8a%d8%a6%d8%a9-%d8%a8%d8%ad%d8%b4%d8%b1%d8%a7%d8%aa-%d9%83%d8%a7%d9%85%d9%84%d8%a9-%d8%a7%d9%83%d8%aa%d8%b4%d8%a7%d9%81-%d9%83%d8%a8%d8%b3%d9%88%d9%84%d8%a9

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