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La deuxième édition du Sommet africain sur le climat, tenue du 8 au 10 septembre à Addis-Abeba, a réuni dirigeants et acteurs continentaux autour d’un objectif clair : faire de l’Afrique un centre mondial de l’énergie renouvelable et des solutions climatiques, tout en exigeant un financement juste et continu de la communauté internationale.
Des engagements forts pour une Afrique résiliente
À la clôture du sommet, le dirigeant cité dans les déclarations officielles, Tay Atski Selassi, a souligné que l’Afrique « n’est pas une victime d’une crise qu’elle n’a pas créée, mais un centre mondial de solutions climatiques ». Il a insisté sur la nécessité d’investissements massifs dans les énergies renouvelables et la justice climatique.
Le communiqué du sommet repose sur trois axes principaux :
- accélération du développement des énergies renouvelables ;
- création d’un partenariat des pays africains producteurs de minerais stratégiques pour garantir une juste valeur ajoutée dans les chaînes d’approvisionnement ;
- protection du patrimoine naturel via des partenariats de reboisement et de restauration.
« Les engagements d’Addis-Abeba ne sont pas conditionnels. Nous avons la volonté, les ressources et l’unité pour réaliser nos ambitions », a affirmé Tay Atski Selassi.
De la crise à l’opportunité : le message de l’Union africaine
Bankole Adeoye, commissaire de l’Union africaine aux affaires politiques, paix et sécurité (parlant au nom du président de la Commission, Mahmoud Ali Yousef), a déclaré que le sommet a déplacé l’agenda climatique africain « de la crise à l’opportunité, de l’aide à l’investissement, et de la prescription extérieure à l’innovation menée par l’Afrique ».
Il a rappelé que les demandes africaines en matière de financement climatique ne sont pas des appels à la charité, mais des revendications d’équité et de responsabilité partagée.
Adeoye a également souligné la nécessité de réformer le système de financement climatique mondial pour :
- alléger le fardeau de la dette des pays africains ;
- faire du financement climatique un instrument de souveraineté plutôt que d’asservissement ;
- renforcer les institutions africaines et réduire les risques d’investissement via des partenariats public‑privé.
Selon lui, « l’Afrique n’est pas le problème à résoudre, elle est la solution qui mérite d’être soutenue ». Le sommet servira de feuille de route avant la COP30 prévue en novembre au Brésil.
Principales initiatives et chiffres annoncés
Les dirigeants africains ont adopté formellement « la Déclaration d’Addis-Abeba sur le changement climatique et l’appel à l’action », avec des engagements destinés à positionner le continent en tête de la transition énergétique et du développement durable.
Parmi les mesures et mécanismes créés ou annoncés :
- la constitution d’un pacte d’innovation climatique africain et d’un « African Climate Facility » visant à mobiliser 50 milliards de dollars par an pour accélérer les solutions climatiques ;
- l’activation d’un « African Climate Fund » géré par la Banque africaine de développement, orientant prioritairement des subventions plutôt que des prêts pour éviter l’alourdissement de la dette ;
- l’objectif continental de 300 GW de capacité en énergies renouvelables d’ici 2030 ;
- l’augmentation de la part de l’Afrique dans les investissements mondiaux en énergies renouvelables, de 2 % à au moins 20 % d’ici 2030 ;
- le lancement d’un objectif « Mission 300 » pour fournir de l’électricité moderne à 300 millions d’Africains et d’une initiative « cuisson propre » visant 900 millions de bénéficiaires.
Des initiatives sectorielles ont aussi été précisées :
- « Stratégie des minerais verts » pour garantir la présence africaine dans les chaînes d’approvisionnement des technologies propres (cobalt, lithium, etc.) et favoriser la valeur ajoutée locale ;
- « Initiative africaine de fabrication verte » pour transformer les industries vers des modèles alimentés par les énergies renouvelables ;
- objectif de proposer 1 000 solutions africaines au climat d’ici 2030.
Financements et partenariats annoncés
Plusieurs engagements financiers et partenariats ont été rendus publics pour soutenir la transition :
- un accord de 100 milliards de dollars entre bailleurs africains et banques commerciales pour investir dans la production d’énergie verte ;
- le Danemark a promis 79 millions de dollars pour la transformation agricole en Afrique ;
- l’Italie s’est engagée à hauteur de 4,2 milliards de dollars, dont 70 % dédiés à l’Afrique ;
- la Banque européenne d’investissement a annoncé une enveloppe de 100 milliards d’euros d’ici 2027 pour soutenir le financement vert, y compris en Éthiopie.
Le sommet a insisté sur des instruments financiers favorisant les subventions et les garanties plutôt que l’endettement, et sur la nécessité de réformer la gouvernance financière internationale pour réduire les coûts d’emprunt et augmenter la représentation africaine.
Coûts actuels et besoins futurs
Les estimations présentées lors du sommet indiquent que les changements climatiques pourraient coûter à l’Afrique entre 290 et 440 milliards de dollars pour la période 2020‑2030.
Les besoins annuels pour financer l’adaptation au climat sont évalués à environ 1,3 trillion de dollars. Malgré sa faible contribution aux émissions mondiales (moins de 4 %), l’Afrique supporte déjà des pertes équivalant à 2–5 % de son PIB, certaines nations dépensant jusqu’à 9 % de leur budget pour répondre aux catastrophes climatiques.
Les projections montrent qu’à l’horizon 2030, jusqu’à 118 millions des habitants les plus pauvres du continent pourraient être exposés à des sécheresses sévères, des inondations et des vagues de chaleur extrême.
Images du sommet
Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a appelé à faire du sommet une plateforme pour l’unité africaine face au changement climatique (Reuters).
Ouverture du sommet de haut niveau à Addis-Abeba, 8 septembre 2025 (AFP).
Enjeux à court terme et défis de mise en œuvre
Les engagements du sommet posent désormais un défi d’exécution : traduire les promesses en projets concrets et en financements accessibles sur le terrain. L’efficacité dépendra de :
- la capacité des gouvernements à intégrer ces initiatives dans des plans nationaux crédibles ;
- la mise en place d’instruments financiers non‑dette et de garanties pour attirer l’investissement privé ;
- le renforcement des capacités locales pour ajouter de la valeur aux ressources minières et développer les industries vertes.
La portée réelle des engagements d’Addis-Abeba sera évaluée dans les prochains mois, notamment lors des négociations internationales à la COP30.
Points clés à retenir
- l’Afrique vise 300 GW d’énergies renouvelables d’ici 2030 et une part accrue des investissements mondiaux dans le secteur ;
- des mécanismes continentaux (charte d’innovation climatique, fonds africain) cherchent à mobiliser 50 milliards de dollars par an ;
- des engagements bilatéraux et multilatéraux ont été annoncés, tout en appelant à des réformes du système financier international pour réduire le coût du financement ;
- les besoins financiers pour l’adaptation restent énormes (environ 1,3 trillion de dollars par an) et les impacts climatiques pourraient aggraver la pauvreté et les pertes économiques du continent.
La deuxième conférence climatique africaine a établi une feuille de route ambitieuse pour la « transition énergétique en Afrique », mais la réussite dépendra désormais de la convergence entre volontés politiques, financements adaptés et renforcement des capacités locales.