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Des chercheurs s’inquiètent d’une redéfinition des PFAS

by Sara
Des chercheurs s'inquiètent d'une redéfinition des PFAS
France

Un groupe de vingt scientifiques a exprimé ses inquiétudes dans une lettre publiée mardi, face aux efforts visant à redéfinir les PFAS, classés comme « polluants éternels ». Selon ces chercheurs, la définition actuelle de ces substances chimiques de synthèse, qui sont à la fois toxiques et persistantes, est « sans ambiguïté », comme l’indique l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

Définition des PFAS par l’OCDE

Pour l’OCDE, « tout produit chimique – à quelques exceptions près – comportant au moins un groupe méthyle perfluoré (un atome de carbone de deux ou trois atomes de fluor) ou un groupe méthylène perfluoré est un PFAS ». Cette définition englobe environ 4 730 substances, qui possèdent une chaîne fluor-carbone. Ces substances sont reconnues pour leurs caractéristiques « antiadhésives, déperlantes, ignifuges et résistantes aux températures extrêmes », mais également pour leur nature « indestructible sans intervention humaine ».

Réglementations basées sur cette définition

Le projet de « restriction universelle » sur les PFAS dans le cadre du règlement européen REACH devrait être finalisé d’ici 2026 ou 2027, en se fondant sur la définition de l’OCDE. Cependant, depuis le début de ce processus en 2023, les industriels fabricants et utilisateurs de ces substances ont engagé une campagne de désinformation. La redéfinition des PFAS pourrait faire partie de cette stratégie.

En juin 2024, l’Union internationale de chimie pure et appliquée (IUPAC), habituellement chargée de la nomenclature chimique, a décidé de créer un groupe de travail sur la « terminologie et classification » des PFAS, avec pour objectif d’élaborer une « définition rigoureuse » des substances.

Les risques d’une redéfinition

Les scientifiques soulignent que « rien n’indique que la définition de l’OCDE soit erronée ou problématique ». Ils affirment qu’il n’est donc pas nécessaire d’élaborer une nouvelle définition. De plus, ils estiment que la définition actuelle devrait servir de base à une réglementation harmonisée.

L’IUPAC propose d’intégrer d’autres critères tels que les mécanismes d’action, les propriétés physico-chimiques, les profils de toxicité et les implications économiques. Cela pourrait permettre à certains PFAS, particulièrement dangereux, comme les fluoropolymères (utilisés dans des produits quotidiens tels que les vêtements imperméables et les câbles électriques), d’échapper à la réglementation. Ces composés représentent 80 % de la contamination environnementale par les PFAS. La redéfinition pourrait également exclure les gaz fluorés, utilisés couramment dans les appareils de climatisation ou les pompes à chaleur.

Conséquences scientifiques et politiques

Des chercheurs comme Martin Scheringer mettent en garde contre les conséquences d’une telle redéfinition. Il souligne que la pollution provoquée par les PFAS constitue un défi majeur pour notre société. « Il est primordial que les bases scientifiques de toute action politique ou réglementaire – fournies par la définition des PFAS de l’OCDE, qui est précise en termes de chimie – ne soient pas compromises par des intérêts économiques et politiques », a-t-il affirmé.

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