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Les récentes inondations éclair qui ont dévasté Sumatra ne sont pas seulement une catastrophe naturelle, mais la conséquence visible d’une crise écologique. Alors que des milliers de troncs d’arbres ont été charriés par les eaux, les experts environnementaux pointent du doigt une déforestation systémique au cœur des forêts protégées.

Des preuves tangibles portées par le courant
Pour Andre Bustamar, responsable de la recherche au sein du Forum indonésien pour l’environnement (Walhi) à Sumatra occidental, les débris qui jonchent les zones sinistrées ne sont pas de simples « bois pourris » ou des déchets naturels. Ce sont des pièces à conviction.
Lors des terribles galodo — le terme local pour désigner les inondations éclair — qui ont frappé la région le mardi 25 novembre 2025, des milliers de souches et de troncs ont été emportés vers l’aval. Selon l’expert, cette masse de bois est un indicateur indéniable d’une activité humaine destructrice dans les sections amont des bassins fluviaux, révélant l’ampleur de la déforestation dans la région.
L’imagerie satellite confirme la déforestation illégale
Les accusations portées par l’organisation environnementale s’appuient sur des données techniques solides. Une analyse spatiale, basée sur des images satellites Maxar capturées entre juin 2021 et juillet 2025, a été menée sur le bassin fluvial d’Aia Dingin, dans le sous-district de Koto Tangah à Padang.
Ces clichés révèlent des changements drastiques de la couverture forestière, exposant des traces de coupe systématique dans les hauteurs du bassin versant. Lorsque ces images sont superposées à la carte officielle des zones forestières de Sumatra, le constat est alarmant : plusieurs sites de défrichement identifiés se situent à l’intérieur de zones de conservation et de forêts protégées, le long de la chaîne de montagnes Bukit Barisan.
Un impact dévastateur de l’amont vers l’aval
L’évaluation de Walhi a repéré des dizaines de sites d’exploitation forestière situés précisément sur la crête supérieure du bassin fluvial. Le schéma est clair : l’activité débute en amont et fragilise l’ensemble de l’écosystème jusqu’à la côte. À Air Tawar Barat, des piles de troncs se sont échouées après les crues, tandis que des billes de bois de différentes tailles ont été observées flottant sur le lac Singkarak.
Andre Bustamar souligne également une pratique insidieuse : « D’autres sites se trouvent dans des zones désignées pour un usage non forestier, mais ils bordent directement les zones de conservation, servant de points d’entrée pour l’exploitation illégale. » Cette dégradation de la barrière naturelle a amplifié la catastrophe, dont le bilan humain dépasse désormais les 1 000 morts selon l’Agence nationale de gestion des catastrophes (BNPB).