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Malgré les efforts mondiaux croissants pour réduire les émissions, la pollution au méthane issue de l’industrie des combustibles fossiles est restée proche des niveaux record en 2024. Cette augmentation coïncide avec une production massive de pétrole, de gaz et de charbon, selon une nouvelle analyse.
Ce rapport, publié par l’Agence internationale de l’énergie (AIE), souligne que la gestion du méthane demeure l’une des méthodes les plus simples et rapides pour atténuer le réchauffement climatique, mais les progrès restent lents.
Une sous-estimation des fuites de méthane
Le rapport met en garde contre le fait que de nombreux pays ne communiquent pas de manière fiable les informations sur les fuites de méthane, notamment celles provenant des infrastructures énergétiques telles que les pipelines, les équipements de forage et les sites abandonnés.
Le méthane, principal composant du gaz naturel, est un contributeur majeur au changement climatique. Il retient la chaleur dans l’atmosphère terrestre beaucoup plus efficacement que le dioxyde de carbone.
Il se classe au deuxième rang des gaz à effet de serre en termes d’impact sur le climat. Contrairement au dioxyde de carbone, le méthane ne persiste pas des siècles dans l’atmosphère mais se décompose en environ une décennie, ce qui signifie qu’une réduction de ses émissions pourrait rapidement améliorer la situation climatique.
Un écart important entre données officielles et émissions réelles
Malgré ces enjeux, les gouvernements peinent à tenir leurs engagements. Selon les estimations de l’AIE, les émissions réelles de méthane dans le secteur énergétique dépassent d’environ 80 % les chiffres déclarés aux Nations Unies, une différence considérable.
Le secteur de l’énergie est responsable d’environ un tiers des émissions totales de méthane d’origine humaine. Une grande partie de ces émissions provient de fuites souvent non détectées ou non signalées, qui peuvent survenir lors des opérations de maintenance ou en raison de défaillances dans les infrastructures.
Dans de nombreux cas, stopper ces fuites est très simple et peu coûteux.
Émissions record en 2024, avec la Chine en tête
Les données récentes montrent que la mise en œuvre des programmes de réduction des émissions de méthane reste inférieure aux ambitions fixées, comme l’a confirmé le directeur exécutif de l’AIE, Fatih Birol.
En 2024, l’industrie des combustibles fossiles a émis plus de 120 millions de tonnes de méthane, un niveau proche du record atteint en 2019.
La Chine occupe la première place, principalement en raison de son industrie charbonnière. Les États-Unis suivent, portés par une intensification de leur production pétrolière et gazière, devant la Russie et le Turkménistan.
Le secteur énergétique est responsable d’environ un tiers des émissions totales de méthane d’origine humaine.
Sources oubliées et détection par satellite
Le rapport indique que le méthane ne s’échappe pas uniquement des champs pétroliers et gaziers en activité, mais aussi des puits de pétrole abandonnés et des mines de charbon, qui constituent des sources majeures d’émissions.
Si ces sources négligées étaient considérées comme un pays, elles seraient le quatrième plus grand émetteur de méthane, avec 8 millions de tonnes relâchées l’an dernier.
L’AIE utilise désormais la technologie satellitaire pour cartographier la pollution au méthane. Plus de 25 satellites scrutent la Terre à la recherche de panaches de méthane, détectant les fuites dès leur apparition, même dans des zones isolées.
Environ 40 % du méthane provient de sources naturelles telles que les zones humides. Le reste, principalement issu de l’agriculture et du secteur de l’énergie, peut être contrôlé, avec un consensus scientifique affirmant que le méthane provenant des combustibles fossiles est le plus facile à traiter.
Des engagements ambitieux mais des progrès décevants
Plus de 150 pays se sont engagés à réduire les émissions de méthane de 30 % d’ici 2030. De nombreuses compagnies pétrolières et gazières ont également fixé des objectifs pour 2050, mais les résultats concrets restent décevants.
L’AIE souligne que réduire les émissions de méthane dans le secteur des combustibles fossiles pourrait limiter le réchauffement climatique de 0,1°C d’ici 2050. Ce gain serait comparable à l’élimination immédiate de toutes les émissions de dioxyde de carbone provenant de l’industrie lourde mondiale.
Les technologies actuelles permettraient de réduire de 70 % les émissions de méthane dans le secteur énergétique. Pourtant, seulement 5 % des installations pétrolières et gazières mondiales respectent aujourd’hui des normes d’émissions proches de zéro.
Selon le centre de recherche Ember, pour atteindre la neutralité carbone, il faudrait réduire de 75 % les émissions de méthane issues des combustibles fossiles d’ici 2030.
Une urgence climatique nécessitant une action rapide
Dans le contexte des efforts internationaux pour limiter les dégâts climatiques, la réduction des émissions de méthane apparaît comme une priorité évidente.
Mais si les gouvernements et l’industrie des combustibles fossiles ne prennent pas cette question au sérieux et rapidement, la possibilité d’éviter les pires conséquences du changement climatique continuera de se réduire, avertit le rapport.