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Les matériauthèques se développent en France pour donner une seconde vie aux matériaux de chantier recyclés, en évitant la déchetterie et en proposant des pièces à bas prix aux particuliers comme aux professionnels.
Matériaux de chantier recyclés : une matériauthèque qui séduit à Montrevault‑sur‑Evre
Dans le Maine‑et‑Loire, à Montrevault‑sur‑Evre, la matériauthèque Siléo a trouvé son public un an et demi après sa création. Installée dans une zone industrielle, elle récupère et stocke des matériaux de chantier destinés autrement à la benne. L’objectif affiché est d’éviter le gaspillage : le secteur du bâtiment génère chaque année plus de 200 millions de déchets en France, soit près de trois quarts des déchets du pays, et on estime qu’un quart de ces déchets sont encore viables.
Chaque semaine, particuliers et professionnels viennent déposer des éléments dont ils n’ont plus l’usage. Sébastien, quadragénaire venu déposer des matériaux, résume la logique domestique : « Là, il y a de la faïence, du parquet, des choses qu’on avait achetées et puis finalement on est partis sur d’autres plans. Ça dormait dans le garage depuis trop longtemps. »
Fonctionnement et prix attractifs
Les matériaux sont entreposés sur des palettes et des rayonnages métalliques, puis revendus à des tarifs bien inférieurs à ceux du commerce traditionnel. Un acheteur se réjouit : « Des radiateurs rayonnants à 10 €, en ce moment ça doit se vendre 100 € pièce. Quand j’ai fait ma terrasse, je suis venu là. J’ai acheté des plots réglables pour 1 € pièce alors que ça vaut 5 ou 6 € dans les autres magasins. »
David Roux, responsable d’exploitation de la matériauthèque, explique la logique tarifaire : « Cette matière‑là était vouée à aller à la benne et donc il faut lui redonner une vie et il faut qu’elle circule. Donc, il faut vraiment qu’elle ne soit pas chère pour que les gens puissent la racheter facilement. » Il ajoute : « On voudrait que le grand public ait ce réflexe là de la matériauthèque, avant d’aller dans une grande surface neuve. »
La politique de prix vise non seulement à faciliter l’accès pour les particuliers, mais aussi à encourager le réemploi dans le monde professionnel, afin que des matériaux récupérés servent à reconstruire ou rénover des bâtiments par des entreprises.
Fréquentation et collecte en croissance
La matériauthèque Siléo a enregistré une hausse notable de son activité en 2025 : elle a collecté, sur les six premiers mois de 2025, autant de matériaux que sur l’ensemble de 2024, et sa fréquentation a augmenté d’un tiers par rapport à 2024. Ce rythme illustre l’intérêt croissant pour le réemploi des matériaux et la généralisation progressive des pratiques d’économie circulaire dans le bâtiment.
Au‑delà de la vente à prix cassés, les acteurs de ces structures insistent sur l’importance de changer les réflexes : privilégier la matériauthèque avant d’acheter du neuf, valoriser le réemploi et réduire ainsi le flux de déchets envoyés en déchetterie ou en incinération.
Pour les entreprises, la récupération permet aussi de réduire le coût des prestations de débarrassage, parfois facturées, et d’éviter que du matériel encore utilisable ne soit broyé ou brûlé. Noémie, responsable RSE dans une entreprise près de Cholet, détaille son expérience : « Nous, on fait des produits d’entretien pour l’extérieur des bâtiments. On voulait se débarrasser des bureaux vu qu’on changeait le mobilier et en fait l’ensemble des prestataires qu’on trouvait nous faisaient payer la prestation. Là, au moins, ça nous revient à zéro coût et je sais qu’au moins, ce n’est pas juste jeté et broyé ou brûlé. »
David Roux conclut sur l’ambition de voir le réemploi s’installer durablement dans les pratiques professionnelles : « Et puis on voudrait que cette matière reparte dans le monde professionnel pour que demain on puisse reconstruire des bâtiments, montés par des professionnels, avec des matériaux du réemploi. »