Les océans absorbent aujourd’hui plus de chaleur que jamais auparavant. Des chercheurs ont découvert que ces masses d’eau se réchauffent à un rythme sans précédent, impactant les régimes climatiques et la vie marine. Toutefois, ce réchauffement est inégalement réparti.
Une étude publiée dans la revue américaine Climat a examiné les mesures globales entre 2000 et 2023, les comparant aux données du début du XXIe siècle. Elle révèle deux bandes de latitude, proches de 40 degrés dans les deux hémisphères, où la température des océans augmente de manière notable.
Les chercheurs ont analysé les températures enregistrées dans des bandes d’un degré de largeur, allant jusqu’à 2 000 mètres de profondeur. Ils ont suivi les variations sur cette période et observé des changements marqués dans certaines zones spécifiques.
Dr. Kevin Trenberth, de l’Université d’Auckland et du Centre national de recherche atmosphérique à Boulder, Colorado, principal auteur de l’étude, souligne :
- « Il est rare de détecter un tel schéma distinct dans les données climatiques. »
Les modifications thermiques ne sont pas uniformes. Certaines latitudes connaissent une hausse rapide tandis que d’autres restent relativement stables. Deux zones, proches de la latitude 40° dans chaque hémisphère, présentent une élévation marquée des températures océaniques.
Ces zones s’étendent du nord de l’Atlantique, près de la côte est des États-Unis, jusqu’aux eaux proches du Japon. De même, elles couvrent des régions proches de la Nouvelle-Zélande et de la Tasmanie, traversant l’Atlantique Est jusqu’à l’Argentine.
Ces phénomènes coïncident avec des modifications des vents dominants liés au courant-jet, un flux d’air puissant qui circule d’ouest en est. Les courants océaniques ont aussi réagi à ces changements, redistribuant la chaleur différemment qu’auparavant.
Outre ces bandes de latitude moyenne, une élévation significative des températures a été constatée dans les tropiques, entre 10° nord et 20° sud. Cette zone couvre une grande partie des océans tropicaux, bien que les variations y soient plus fluctuantes, en raison de phénomènes tels que El Niño et La Niña.
Ces fluctuations climatiques périodiques affectent les températures océaniques et introduisent un degré d’instabilité, bien que la quantité globale de chaleur absorbée reste élevée.
El Niño et La Niña, ainsi que la dynamique régionale des océans, jouent un rôle clé dans la répartition de cette chaleur. Ces phénomènes influencent les températures océaniques et, par conséquent, le climat global.
Détérioration des écosystèmes marins
Les océans stockent plus de 90 % de l’excès de chaleur généré par le changement climatique. On observe également un déplacement des trajectoires des tempêtes vers les pôles, en lien avec ces zones de forte chaleur.
Selon les chercheurs, de légers changements dans la circulation atmosphérique et les vents ont contribué à l’émergence de nouvelles routes pour le transport de la chaleur.
Ces mouvements éoliens influencent la surface de la mer et guident les courants chauds, favorisant la descente de la chaleur vers des couches océaniques plus profondes. Ce processus amplifie les effets en chaîne sur la formation des tempêtes et les précipitations.
Un réchauffement océanique accéléré peut augmenter la quantité de vapeur d’eau dans l’atmosphère, intensifiant les épisodes de fortes pluies. Cette humidité additionnelle amplifie les précipitations locales, augmentant les risques d’inondations et la fréquence des tempêtes.
Les scientifiques insistent sur l’importance d’intégrer les variations naturelles dans l’étude des changements climatiques. Bien que l’activité humaine soit la cause principale du réchauffement à long terme, les dynamiques océaniques régionales jouent aussi un rôle non négligeable.
Les phénomènes naturels comme El Niño et l’oscillation australe contribuent à des fluctuations à court terme pouvant masquer ou accentuer temporairement le signal du réchauffement global.
Ces variations brutales de température menacent la stabilité des écosystèmes marins, altérant les habitats et la répartition des espèces. Les eaux plus chaudes perturbent les aires d’alimentation et les routes migratoires, affectant négativement les pêcheries et les économies côtières.
Les nouvelles données montrent comment différentes parties des océans réagissent de manière variée au réchauffement. Une observation étonnante est l’absence de hausse importante des températures autour de la latitude 20° dans les deux hémisphères, où les zones subtropicales restent relativement stables.
Cette stabilité pourrait s’expliquer par la circulation océanique et atmosphérique qui traverse ces régions, empêchant l’accumulation de chaleur et favorisant plutôt son redistribution.