Des rapports spécialisés ont révélé que les signaux de centaines de navires commerciaux, dont d’énormes pétroliers, ont subi des perturbations électroniques. Ces interférences ont généré de fausses positions pour ces navires, certains apparaissant dans des zones isolées telles que la campagne russe, alors qu’ils se trouvaient en réalité dans les eaux du Golfe, près de l’Iran et des Émirats arabes unis.
Un exemple frappant concerne le pétrolier « Front Tyne », qui naviguait dans le Golfe dimanche dernier. Les données de suivi l’ont localisé soudainement au cœur de champs agricoles russes réputés pour la culture de l’orge et de la betterave à sucre. Quelques heures plus tard, la même embarcation semblait se déplacer près de la ville de Badkhun, dans le sud de l’Iran, avant que ses signaux ne retournent à sa position habituelle en mer.
La société d’analyse maritime Windward a indiqué que ce type de perturbation collective, qui s’est intensifié depuis le début du conflit entre Israël et l’Iran, a affecté près de mille navires dans la région. Cette situation accroît le risque d’accidents ou de dysfonctionnements dans le trafic maritime.
Ce mardi, un incident s’est produit dans le détroit d’Hormuz où deux pétroliers sont entrés en collision, provoquant un incendie à bord. Les dégâts restent à préciser. Selon les données de la plateforme Kpler, l’un des navires impliqués, baptisé « Front Eagle », est le navire frère de « Front Tyne », chacun mesurant plus de trois terrains de football de long.
Le PDG de Windward, Ami Daniel, a souligné que le détroit d’Hormuz ne connaissait pas habituellement ce type de perturbation. Il a déclaré : « Il est désormais saturé d’interférences, ce qui élève le niveau de risque à un seuil jamais atteint auparavant. Si un navire ne peut pas localiser précisément sa position, le risque d’accidents augmente considérablement. »
Le détroit d’Hormuz, situé entre le sultanat d’Oman et l’Iran, relie le Golfe à la mer d’Oman et à la mer d’Arabie au sud. Environ un cinquième de la consommation mondiale de pétrole transite par ce passage stratégique.
Les navires commerciaux s’appuient sur des dispositifs similaires au GPS, appelés systèmes d’identification automatique (AIS). Ces systèmes émettent des signaux périodiques précisant leur position, vitesse et direction. Les interférences perturbent ces signaux, ce qui déroute les dispositifs de surveillance et de suivi.
Les experts expliquent que lorsque l’équipage d’un navire désactive volontairement ces signaux, on parle d’ »usurpation ». Ce comportement est parfois associé à des activités illégales, telles que la dissimulation de trajectoire ou de type de cargaison.
Les cas de perturbation et d’usurpation sont plus fréquents dans les zones de conflit, où certaines forces militaires utilisent ces techniques pour masquer leurs mouvements ou protéger des cibles maritimes. De telles situations ont été observées dans la mer Noire durant les attaques russes contre les ports ukrainiens, ainsi qu’à proximité de la Syrie, d’Israël et du détroit de Taïwan.
En mai dernier, des données de navigation avaient déjà révélé la présence de plusieurs navires sur la terre ferme dans le port de Port-Soudan, dans une situation analogue de perturbations ou d’usurpations électroniques.
Ces développements suscitent de vives inquiétudes quant à la sécurité des voies maritimes cruciales dédiées au transport du pétrole, notamment le détroit d’Hormuz, où transite chaque jour près d’un cinquième des exportations pétrolières mondiales.