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Démantèlement de l’application Ghost par Europol
Publié hier à 18:55, mis à jour hier à 18:56, l’opération visant à démanteler l’application Ghost a été coordonnée par l’agence de police européenne Europol. Cette action s’inscrit dans une série d’opérations similaires portant sur des plateformes de messagerie, souvent associées à des activités criminelles.
Ghost, utilisée à l’échelle mondiale, vient d’être démantelée, et son créateur présumé, un Australien de 32 ans, a été arrêté sur le sol australien. Bien que WhatsApp soit l’application de messagerie la plus connue, le secteur des applications de messagerie cryptée connaît une croissance rapide. Ces applications, en chiffrant les messages, empêchent l’accès aux conversations privées, mais leur utilisation n’est pas illégale, sauf lorsque des fonctionnalités spécifiques incitent aux activités criminelles, comme c’est le cas pour Ghost.
Caractéristiques de l’application Ghost
Lancée il y a neuf ans, Ghost était exclusivement disponible sur des smartphones modifiés, grâce à un réseau de revendeurs implantés dans plusieurs pays. Les utilisateurs pouvaient accéder à Ghost sans avoir à fournir d’informations personnelles ou de numéro de téléphone, garantissant ainsi un anonymat total, selon Europol. Ce service intégrait trois niveaux de cryptage et permettait aux utilisateurs de «autodétruire» à distance tous les messages et de réinitialiser le téléphone si celui-ci était saisi par les autorités. Europol a également indiqué que Ghost utilisait des serveurs «cachés» basés en Islande et en France, tandis que son fondateur se trouvait en Australie, avec des actifs financiers localisés aux États-Unis.
Profil des utilisateurs de Ghost
Les autorités ont rapporté que Ghost était principalement utilisée par des individus impliqués dans des activités criminelles. Le commissaire adjoint de la police fédérale australienne, David McLean, a précisé : «Sur plusieurs mois, et même sur des centaines de milliers de modes de communication interceptés, nous ne disposons d’aucune preuve suggérant que l’application était utilisée par d’autres personnes que des entreprises criminelles». Selon Europol, Ghost comptait plusieurs milliers d’utilisateurs à travers le monde, avec environ 1000 messages échangés quotidiennement. Jean-Philippe Lecouffe, directeur exécutif adjoint d’Europol, a déclaré que cette opération marquait la fin d’un outil ayant constitué un levier pour la criminalité organisée, favorisant des activités telles que le trafic de drogue, le trafic d’armes, l’ultra-violence et le blanchiment d’argent à grande échelle. Au total, 51 suspects ont été arrêtés, dont 38 en Australie et 11 en Irlande.
Les raisons du démantèlement de Ghost
Dans un paysage où coexistent plusieurs applications de messagerie, notamment WhatsApp, Signal et Telegram, Ghost se distinguait par son usage quasi exclusif au sein du milieu criminel. Bien que ces autres services respectent généralement la légalité de leur contenu, certaines de leurs utilisations peuvent soulever des questions. Lors d’une conférence de presse, M. Lecouffe a souligné que l’accès aux messages entre criminels était primordial pour les enquêteurs, affirmant que la police s’engageait à «construire un système qui respecte la vie privée tout en faisant respecter la justice».
Historique des démantèlements d’applications de messagerie
Ce n’est pas la première fois qu’une application de ce type est ciblée. D’autres plateformes, comme EncroChat, Sky ECC ou ANOM, ont également été démantelées lors d’opérations similaires au cours des dernières années. Alors qu’EncroChat était connu pour son utilisation par des criminels, ANOM avait un statut particulier, car il avait été mis en place et géré par le FBI. Néanmoins, la police estime que Ghost n’était pas aussi répandue que ses prédécesseurs et que le paysage des applications cryptées est devenu «fragmenté», rendant parfois des réseaux plus petits tout aussi significatifs pour les enquêtes.