Home ActualitéSécurité et défenseFrançais inquiets d’un conflit avec la Russie : plan d’exil au Canada

Français inquiets d’un conflit avec la Russie : plan d’exil au Canada

by Sara
France, Russie, Canada, Union européenne

Depuis le déclenchement de la guerre russo‑ukrainienne en février 2022, Nadège, 70 ans, vit sous la menace d’un scénario catastrophe : que la France se retrouve entraînée dans un conflit armé avec la Russie. Sa crainte a pris de l’ampleur cette semaine après la déclaration de Vladimir Poutine selon laquelle la Russie « est prête pour la guerre » si « les Européens la veulent et la déclenchent ». Cette peur illustre la montée de la tension France‑Russie dans l’opinion publique.

Plan d’exil

Nadège affirme avoir déjà un plan d’évacuation prêt au cas où la France devrait intervenir militairement pour protéger un allié de l’OTAN.

Ses intentions se résument ainsi :

  • prendre un avion avec ses enfants et petits‑enfants ;
  • rejoindre le Canada, où vivent des cousins qui lui rendent visite tous les deux ans ;
  • profiter du français largement parlé au Canada et de la distance géographique par rapport à la Russie.

Pour elle, le Canada réunit des garanties pratiques et linguistiques qui en font une destination adaptée en cas d’exode.

Montée des inquiétudes

Ces craintes ne sont pas isolées. Plusieurs éléments ont amplifié l’anxiété des Français :

  • des survols de drones signalés dans l’espace aérien de divers pays européens, jusque‑près des frontières françaises ;
  • le ton alarmant du général Fabien Mandon, chef d’état‑major, qui a tenu un discours jugé inquiétant par une partie de la population ;
  • la perception croissante de la Russie comme menace pour la souveraineté des pays européens.

Selon deux enquêtes menées en septembre et octobre, la part des Français considérant la Russie comme une menace pour la souveraineté des États de l’Union européenne est passée de 72 % à 80 % en un mois.

Au niveau européen, 79 % des citoyens estiment que la Russie constitue une menace, et les Britanniques apparaissent les plus alarmés (85 %).

Volodymyr Zelensky et Emmanuel Macron après une conférence de presse à l'Elysée
Volodymyr Zelensky et Emmanuel Macron après une conférence de presse à l’Élysée, novembre 2025. (Sarah Meyssonnier, AP)
Le chef d'état‑major Fabien Mandon lors d'une commémoration à Paris
Le chef d’état‑major Fabien Mandon a tenu des propos jugés alarmants par certains Français. (REUTERS/Benoit Tessier)

Préparation mentale

À l’intérieur du pays, de nombreux citoyens estiment que les autorités préparent psychologiquement la population à la possibilité d’un conflit armé. Ils ressentent un état inédit de tension.

Blanche, 26 ans, raconte l’impact du discours du général Mandon : elle et sa mère ont d’abord cru qu’il évoquait une mobilisation civile, et sa mère a même proposé de cacher son frère et de partir dans un pays lointain.

Malgré les précisions selon lesquelles l’allocution s’adressait aux militaires, Blanche reste inquiète : « C’est la première fois que des responsables parlent de guerre de cette façon. Ce n’est pas notre vocabulaire habituel. »

Les drones, nouvelle hantise

Les survols de drones ont cristallisé les inquiétudes : ces incursions, observées sur des bases militaires, des infrastructures critiques et des aéroports, renforcent l’impression d’une menace tangible.

Interception d'un drone lors d'une démonstration en Allemagne
Des unités anti‑drone se développent face à la multiplication des survols. (Getty)

Ces incidents poussent les autorités à renforcer les capacités techniques et juridiques pour contrer la menace, tandis que l’opinion publique s’inquiète de la vulnérabilité des territoires européens.

Les craintes sont‑elles fondées ?

Jean de Gliniasty, ancien ambassadeur de France à Moscou, cherche à tempérer les peurs en rappelant que l’idée de chars russes dans les rues parisiennes n’est pas sérieuse, la France étant une puissance nucléaire.

Cependant, il reconnaît ne pas avoir entendu un discours officiel de cette tonalité depuis la guerre froide. Il cite des facteurs aggravants récents :

  • l’attaque de navires‑citernes russes en mer Noire ;
  • des incidents près des côtes sénégalaises ;
  • la réaction inquiète de la Turquie et les menaces du Kremlin concernant d’éventuelles cibles maritimes.

Pour lui, l’évolution vers un « escalade » reste un scénario possible et réaliste, ce qui explique l’attention soutenue des autorités et des opinions publiques.

Rôle des médias et confiance dans les institutions

Une partie des Français estime que les médias nourrissent l’atmosphère anxiogène. Marie, 54 ans, dont la fille sert dans la marine, critique les chaînes d’information qui parlent « comme si la guerre était inévitable ». Elle oppose ce discours au ressenti des militaires qui, selon elle, n’anticipent pas forcément un conflit généralisé.

Marie reproche aux médias d’amplifier ce qu’elle considère comme des « erreurs de communication » gouvernementales et déplore une rhétorique démoralisante. Elle évoque aussi la défiance envers la capacité du pays à faire face à une attaque, pointant une société très divisée.

Plusieurs citoyens confient avoir été invités à préparer un sac d’urgence. Pour certains, cette consigne renforce l’envie de partir immédiatement.

Enfin, certains reprochent au président Emmanuel Macron un manque de clarté et l’accusent, à tort ou à raison, de chercher à « entraîner la France dans un conflit » — une accusation qui alimente le débat public sur la stratégie et la responsabilité politique face à la montée des tensions.

source:https://www.aljazeera.net/news/2025/12/6/%d8%ae%d8%b7%d8%a9-%d9%87%d8%b1%d9%88%d8%a8-%d8%ac%d8%a7%d9%87%d8%b2%d8%a9-%d9%84%d9%83%d9%86%d8%af%d8%a7-%d9%81%d8%b1%d9%86%d8%b3%d9%8a%d9%88%d9%86-%d9%82%d9%84%d9%82%d9%88%d9%86-%d9%85%d9%86

You may also like

Leave a Comment