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Conflit aérien entre le Pakistan et l’Inde : utilisation du missile chinois PL-15
Le mercredi 7 mai 2024, le ministre pakistanais de la Défense, Khawaja Muhammad Asif, a confirmé que son pays avait abattu cinq avions de combat indiens. Selon l’agence Reuters, le porte-parole militaire pakistanais, le général Ahmed Sharif, a précisé que les avions détruits comprenaient trois Rafale de fabrication française, un Sukhoi Su-30 et un Mig-29 d’origine russe.
Dans le même temps, l’Agence France-Presse a rapporté qu’une source sécuritaire indienne avait confirmé la perte de trois avions de combat sur le territoire indien pour des raisons inconnues. Plus tard, l’armée pakistanaise a annoncé avoir abattu plus de 25 drones indiens de fabrication israélienne, modèle Harop, dans plusieurs régions telles que Lahore et Karachi, accusant l’Inde de violer le cessez-le-feu le long de la ligne de contrôle entre les deux pays.
Apparition du missile chinois PL-15 sur le champ de bataille
Par ailleurs, des images partagées sur les réseaux sociaux montrent des débris identifiables comme appartenant au missile chinois appelé PL-15. Selon la plateforme The War Zone, des fragments du missile sont tombés dans la région de Hoshiarpur, au nord-est de l’État indien du Pendjab.
Il est difficile de confirmer si ce missile a réussi à atteindre une cible, mais les caractéristiques techniques du PL-15 rendent cette possibilité probable. Il s’agit de la première documentation officielle de l’utilisation de ce missile par le Pakistan dans un contexte de combat réel.
Le chasseur pakistanais JF-17 est capable de porter et de lancer des missiles PL-15 (Reuters)
Un missile à la pointe de la technologie
Le Pakistan a considérablement modernisé ses capacités militaires ces dernières années, notamment grâce à la technologie chinoise obtenue via un partenariat sécuritaire étroit avec Pékin. Le missile air-air à longue portée PL-15 est une illustration majeure de cette coopération sino-pakistanaise dans le domaine aérien.
- Développé par la société chinoise Aviation Industry Corporation of China (AVIC), le missile est en service dans l’armée de l’air chinoise depuis 2016.
- Le Pakistan est le premier client étranger à l’avoir intégré à ses avions de combat les plus récents.
- Le PL-15 utilise un moteur à propergol solide et est équipé d’un radar à réseau à balayage électronique actif, ce qui lui confère une grande résistance au brouillage.
- Son système de navigation inertielle et sa liaison de données bidirectionnelle permettent des mises à jour en vol, offrant la possibilité de rediriger le missile après son lancement.
- Sa vitesse peut atteindre environ Mach 4, soit quatre fois la vitesse du son.
- La portée maximale estimée varie entre 200 et 300 kilomètres, tandis que la version exportable PL-15E a un rayon d’action de 145 à 150 kilomètres, dépassant la plupart des missiles air-air indiens.
Ce missile vise notamment à concurrencer ou surpasser le missile américain AIM-120D AMRAAM en termes de portée.
Le Pakistan déploie ce missile sur plusieurs avions capables de le porter, notamment sur les JF-17 Thunder Block III et J-10C. En avril 2025, l’armée de l’air pakistanaise a présenté publiquement un JF-17 équipé de quatre missiles PL-15, confirmant ainsi l’intégration opérationnelle de cette arme.
Le PL-15 est doté d’une ogive à fragmentation d’environ 20 à 22 kilogrammes, conçue pour détruire les avions ennemis grâce à un détonateur à proximité, éliminant ainsi le besoin d’un impact direct.
Une arme redoutable pour la supériorité aérienne
Le missile PL-15 donne à l’armée pakistanaise la capacité d’engager des avions ennemis avant qu’ils ne puissent détecter la menace ou riposter. Cette caractéristique est essentielle pour les missiles dits « hors du champ de vision » (BVD), capables d’atteindre des cibles au-delà de 60 kilomètres.
Bien que l’Inde possède également des missiles air-air à longue portée, leur portée reste limitée comparée à celle du PL-15. Par exemple :
- Le missile russe R-77, utilisé par l’Inde, a une portée d’environ 80 kilomètres.
- Le missile européen Meteor, monté sur les Rafales indiens, atteint environ 150 kilomètres, ce qui est inférieur à la portée maximale du PL-15.
Cette supériorité de portée permet au Pakistan de cibler des avions stratégiques indiens, tels que les avions d’alerte avancée, de ravitaillement ou les chasseurs Sukhoi Su-30 et Rafale, bien avant qu’ils ne puissent engager leurs propres missiles.
Dans un scénario de combat aérien, les avions pakistanais équipés de PL-15 et connectés en réseau peuvent engager des cibles indiennes ou des missiles de croisière sans pénétrer dans l’espace aérien adverse.
Un précédent en 2019 : évolution des capacités aériennes
En février 2019, l’Inde et le Pakistan ont connu l’un de leurs affrontements aériens les plus dangereux depuis des décennies. Le Pakistan avait alors utilisé des missiles air-air à longue portée pour cibler des avions indiens, mais le missile PL-15 n’était pas encore en service dans ses forces armées.
Le missile utilisé était un AIM-120D AMRAAM américain, lancé depuis un F-16 pakistanais contre un Mig-21 indien. Des débris du missile avaient été retrouvés côté indien, preuve de l’attaque.
Ce fut la première fois que le Pakistan employait un missile air-air à guidage radar actif dépassant la portée visuelle, ciblant des Mig et des Sukhoi Su-30 à longue distance.
Cette confrontation a mis en lumière l’importance des missiles à longue portée capables d’engager des cibles hors de vue, donnant un avantage stratégique aux forces pakistanaises qui pouvaient attaquer à distance, alors que les missiles R-77 indiens peinaient à atteindre les F-16 pakistanais.
Depuis, le Pakistan s’est tourné vers la Chine pour acquérir des missiles plus performants, notamment le PL-15, tandis que l’Inde a intégré le missile Meteor sur ses Rafales, intensifiant ainsi la course à l’armement aérien dans la région.
Des avions de combat modernisés grâce à la coopération sino-pakistanaise
La Chine s’est imposée comme un partenaire majeur dans la modernisation multidimensionnelle des forces armées pakistanaises. Au cours des vingt dernières années, et plus particulièrement durant les cinq dernières, la coopération chinoise a été cruciale pour le développement des capacités aériennes, terrestres et navales du Pakistan, ainsi que dans des domaines comme la cybersécurité.
Selon le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI), 81 % des principales importations d’armes du Pakistan en 2025 proviennent de Chine, contre environ 74 % durant la seconde moitié de la décennie précédente.
Le projet JF-17 Thunder illustre cette relation étroite. La Chine a fourni la conception, les composants essentiels (structure, avionique, moteurs initiaux) et a aidé à la production locale au Pakistan. Les versions améliorées du JF-17 dépendent largement de la technologie chinoise.
Le JF-17 est un chasseur léger polyvalent, conçu pour répondre aux besoins du Pakistan. Il est économique, moderne et capable d’effectuer divers rôles :
- Combat aérien avec missiles de la série PL
- Attaques contre cibles terrestres avec bombes guidées, missiles de croisière et bombes non guidées
- Reconnaissance électronique et brouillage dans certaines versions
L’acquisition en 2022 de 36 avions J-10CE, un chasseur de génération 4 améliorée, marque un nouveau jalon dans la coopération. Ces avions disposent :
- D’un radar puissant capable de détecter et suivre plusieurs cibles simultanément
- D’une résistance accrue au brouillage électronique
- D’une conception avec signature radar réduite partiellement (capacités furtives moyennes)
- D’électronique avancée facilitant le pilotage et la manœuvrabilité
Les J-10CE offrent un avantage tactique sur les Rafales français par leur portée radar et la capacité des missiles hors portée visuelle, tout en restant plus abordables.
Une force aérienne intégrée et connectée
Outre les avions de chasse, la Chine a également fourni au Pakistan des plateformes d’alerte avancée et de contrôle aérien (AEW&C) telles que le ZDK-03. Ces avions embarquent des radars très puissants capables de détecter des avions, missiles et cibles maritimes à plus de 400 kilomètres.
Ces plateformes :
- Surveillent menaces aériennes, maritimes et terrestres
- Coordonnent les mouvements des chasseurs amis et les guident vers leurs objectifs
- Gèrent la bataille aérienne via des commandes en temps réel
- Complètent un réseau radar intégré avec des radars terrestres chinois exportés au Pakistan
Ce réseau comprend des radars spécialisés dans la détection des cibles furtives et des drones, bien que certains détails opérationnels restent confidentiels.
La coopération s’étend également à la formation, avec des pilotes pakistanais entraînés en Chine sur simulateurs avancés et formés par des instructeurs chinois. Les exercices conjoints, comme la série Shahin, permettent un échange tactique et opérationnel entre les forces pakistanaises et chinoises.
Cette collaboration a permis au Pakistan d’adopter rapidement des avions et missiles sophistiqués, déployant ainsi une force aérienne moderne, bien équipée malgré des ressources nationales limitées en recherche et développement.