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Le Parlement serbe a adopté vendredi un texte de loi ouvrant la voie à l’accélération des procédures pour la démolition de l’ancien siège de l’armée yougoslave, situé au cœur de Belgrade. À la place, un hôtel de luxe financé par un fonds d’investissement lié à Jared Kushner devrait être construit, malgré une forte opposition publique et des obstacles juridiques persistants.
Contexte historique et enjeux patrimoniaux
Le complexe militaire, partiellement détruit lors des bombardements de l’OTAN qui mirent fin à la guerre du Kosovo en 1999, date du milieu du XXe siècle.
Pour de nombreux Serbes, le bâtiment représente à la fois une valeur architecturale et un symbole de la résistance face aux frappes de l’OTAN, perçues largement comme une agression injustifiée.
Des experts en architecture estiment que le site peut être restauré et conservé pour un usage public, voire érigé en mémorial des victimes des bombardements.
Le projet d’Affinity Partners et l’accord de 99 ans
La société Affinity Partners, basée à Miami et associée à Jared Kushner, a signé avec le gouvernement serbe un accord pour investir le site sur une durée de 99 ans.
Peu après, l’exécutif serbe a retiré l’immeuble de la liste des « actifs culturels » protégés, ce qui a permis d’envisager une transformation complète du terrain en complexe hôtelier et immobilier de luxe.
Le projet vise à ériger un hôtel de grande hauteur au centre de la capitale, un développement présenté par le gouvernement comme un moteur économique et un renforcement des liens avec l’administration américaine actuelle.
Obstacles judiciaires et accusations de falsification
Le chantier avait été suspendu en mai, après des accusations selon lesquelles un responsable gouvernemental aurait utilisé des documents falsifiés pour supprimer la protection patrimoniale du site.
Les enquêtes sur ces allégations sont toujours en cours, mais la récente adoption d’une loi spéciale a relancé le processus en imposant une mise en œuvre rapide des démarches administratives.
- La loi spéciale (lex specialis) confère un caractère d’urgence aux travaux de réaménagement.
- Elle oblige les institutions publiques à délivrer sans délai les autorisations requises.
Réactions publiques et vote parlementaire
Après plusieurs jours de débats intenses et d’importantes manifestations de rue, le texte adopté a obtenu 130 voix en faveur contre 40 voix opposées au sein d’un Parlement de 250 sièges.
Les opposants, parmi lesquels des architectes et des défenseurs du patrimoine, dénoncent la destruction d’exemples significatifs de l’architecture du milieu du XXe siècle dans l’ex-Yougoslavie.
Milijan Salata, architecte et membre de l’association des architectes de Serbie, a déclaré lors d’une conférence de presse tenue devant le bâtiment : « Nous avons devant nous une œuvre architecturale et urbaine unique. »
Position du pouvoir et implications politiques
Le gouvernement populiste serbe, favorable au projet, affirme que le développement soutiendra l’économie nationale et renforcera les relations avec les États-Unis.
Le président Aleksandar Vučić, qui a reçu Jared Kushner à plusieurs reprises à Belgrade, a exprimé son soutien personnel au projet.
Pourtant, la controverse met en lumière un dilemme entre développement économique, souveraineté culturelle et mémoire collective, alors que la démolition Belgrade suscite inquiétude et mobilisation.