Table of Contents
Michel Santi aborde dans cet article la question de la dette et son impact sur les inégalités et le pouvoir à travers l’histoire. Loin d’être un simple sujet financier, la dette est souvent synonyme de domination et d’injustice sociale.
La répétition de l’Histoire
L’Histoire semble condamnée à se répéter, car depuis toujours, l’enrichissement de quelques-uns s’est fait au détriment des autres. Les inégalités, souvent considérées comme un effet collatéral de la prospérité, semblent bénéficier à une minorité tandis que les plus vulnérables en souffrent. La dette, en tant que levier, joue un rôle central dans cette dynamique inégalitaire. Depuis l’Antiquité, l’incapacité des débiteurs à rembourser entraîne la saisie de leurs biens, de leurs terres, et parfois même de leur liberté. David Graeber, dans son ouvrage « Dette, 5000 ans d’histoire », souligne que le concept de « liberté » était à l’origine lié à l’idée d’être « libéré de la dette ».
Des pratiques anciennes aux réalités modernes
Historiquement, la mise sous tutelle des débiteurs, allant parfois jusqu’à l’esclavage, a permis à d’autres d’accumuler richesses et pouvoir. Même les États ont dû plier face à des créanciers, les conduisant à privatiser des biens publics et à imposer l’austérité à leurs citoyens. Ce phénomène a engendré des inégalités croissantes et permis à quelques individus de s’enrichir excessivement.
Réflexion sur l’annulation de dettes
Il est peut-être temps de réexaminer une notion souvent négligée dans nos sociétés modernes : l’annulation des dettes. Tout au long de l’Histoire, des annulations de dettes ont eu lieu, comme celles sous le règne d’Hammourabi, ou encore les décrets des pharaons en Égypte. Dans la tradition judéenne, le Jubilé, célébré tous les 50 ans, prévoyait la remise des dettes et la libération des esclaves. Ces pratiques n’étaient pas seulement des gestes symboliques; elles soulageaient des populations entières et renforçaient l’autorité des dirigeants face aux créanciers.
Les enseignements de l’Évangile
Les enseignements de Jésus, notamment dans l’Évangile de Luc, évoquent le concept de Jubilé, un message de libération et de justice sociale. Cependant, ces idées semblent avoir été peu à peu écartées de l’enseignement moderne, où le terme « dette » a même été remplacé par « péché » dans le « Notre Père », diluant ainsi son importance.
Une question contemporaine
A l’approche de 2025, alors que moins de 1 % de la population mondiale détient une grande partie des dettes, il est troublant de constater que les leçons des annulations de dettes de l’Histoire sont souvent ignorées. Les intérêts de certains créanciers rendent difficile toute remise en question du statu quo. Cette dynamique capitaliste risque de conduire à une destruction mutuelle si 99 % de la population sont continuellement sacrifiés sur l’autel du profit.