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Enfance en danger à Paris : un combat contre la rue et l’abandon

by Sara
France

Le baromètre annuel de l’Unicef et de la Fédération des acteurs de la solidarité révèle que les enfants à la rue restent de plus en plus nombreux : au moins 2 159 enfants étaient sans solution d’hébergement le soir où les données ont été relevées en août, et des familles, chaque soir, font la queue devant l’hôtel de ville de Paris pour tenter d’obtenir une place.

Enfants à la rue : chiffres récents et constats à Paris

Selon le baromètre publié jeudi 28 août par l’Unicef et la Fédération des acteurs de la solidarité, au moins 2 159 enfants sont restés à la rue, sans solution malgré leur appel au 115, le soir du comptage en août. Ce chiffre représente une hausse de 6 % par rapport à 2024 et de 30 % par rapport à 2022, année où le gouvernement avait promis d’atteindre « zéro enfant à la rue ». Sur le parvis de l’hôtel de ville de Paris, familles et associations se retrouvent chaque soir pour tenter d’obtenir un hébergement d’urgence.

Familles d'enfants à la rue sous un pont à Paris
Des personnes sans domicile fixe dans des tentes, sous un pont, le 15 février 2024 à Paris. (MIGUEL MEDINA / AFP)

Sur le terrain, l’augmentation des enfants à la rue se traduit par des files d’attente quotidiennes et des nuits passées sur des ronds‑points, dans le métro ou sous des ponts quand les places d’hébergement manquent. Les associations distribuent parfois des tentes et organisent des mises à l’abri collectives, mais la précarité demeure profonde pour de nombreuses familles.

Le témoignage d’une mère : « Je vais me battre pour mes enfants »

Rencontrée devant l’hôtel de ville, Jocelyne, une Congolaise de 25 ans, raconte son quotidien avec sa fille et son fils. Elle a perdu sa place en foyer après le refus de son droit d’asile et dit osciller entre nuits sur des ronds‑points et trajets en métro lorsque le 115 n’a pas de places disponibles. Sa fille Claire, 7 ans et en CE1, court après son petit frère sur le parvis tandis que Jocelyne fait la queue pour tenter d’obtenir une place pour la nuit.

La fillette a son cartable dans un grand sac en plastique. Quand elle évoque ses nuits dehors, elle se tord les doigts. « Tu veux quoi ? », lui demande sa mère. « Je veux une maison, avec ma chambre », répond Claire. Sa mère précise que la fillette « a honte de dire à ses amis qu’elle n’a pas de maison et qu’elle dort dehors » et « n’a pas envie d’en parler » à l’école.

Jocelyne décrit également les critères d’hébergement qui l’excluent souvent : « S’il y a beaucoup de demandes, ils prennent seulement les enfants de moins de 3 ans, et nous, comme les enfants ont déjà 6 ou 7 ans, on dort dehors. On nous donne des tentes, on dort en groupe, parce que si on dort toute seule, on peut être agressées. »

« La dernière fois, on a été agressées, je ne sais pas si c’était avec des couteaux, mais ils ont coupé des tentes. »

La fatigue pèse lourd dans le quotidien de la famille. Quand une place est trouvée, elle se situe souvent dans un gymnase en banlieue et l’arrivée se fait tard le soir, obligeant parfois les enfants à se lever très tôt pour regagner leur école à Paris. « Ils se réveillent à 5 heures, parce que le trajet dure une heure », explique Jocelyne.

Malgré tout, elle veille à la scolarité et à la propreté de ses enfants : « Il faut qu’ils aillent à l’école, même si la vie est difficile. Mais je vais me battre pour mes enfants. Même si nous sommes des immigrés et que c’est peut‑être fini pour moi, je n’ai pas réussi, mais ils doivent réussir. » Elle s’accroche à l’espoir d’obtenir un jour des papiers pour travailler et trouver un logement stable.

Conséquences sociales et logistiques pour les familles

La situation décrite par Jocelyne illustre des enjeux concrets : accès restreint aux places d’urgence, éloignement géographique des solutions trouvées, risques d’insécurité pour des familles vivant en extérieur et impacts sur la scolarité des enfants. Les associations et l’Unicef alertent sur la nécessité d’une réponse coordinée pour réduire le nombre d’enfants à la rue et améliorer les dispositifs d’hébergement, y compris pour les familles dont les enfants ont plus de trois ans.

Sur le parvis de l’hôtel de ville, les scènes de familles faisant la queue chaque soir témoignent d’une précarité structurelle qui touche l’accès au logement et les droits des personnes demandant l’asile. Les données du baromètre montrent une tendance à la hausse que soulignent les acteurs de la solidarité et les organisations de défense des droits de l’enfant.

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source:https://www.franceinfo.fr/societe/sdf/temoignage-je-vais-me-battre-pour-mes-enfants-a-paris-le-quotidien-eprouvant-d-une-mere-de-famille-qui-dort-dans-la-rue-avec-son-fils-et-sa-fille_7458118.html#xtor=RSS-3-%5Blestitres%5D

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