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Peut‑on encore croire au progrès social et trouver des voies pour remettre la France en mouvement face au découragement ? Cette question traverse le débat public depuis quinze ans, de la parution de Indignez‑vous ! à des appels plus radicaux, et invite à repenser la manière dont les citoyens agissent lorsque les institutions paraissent bloquées.
Comment remettre la France en mouvement face au découragement
Une colère civique remontant à plusieurs décennies
En octobre 2010, l’ancien résistant Stéphane Hessel publiait Indignez‑vous ! (nouvelle édition : Rue de l’Echiquier, 64 pages, 4,90 €). Ce court texte, empreint d’une « colère joyeuse », a résonné avec les attentes de millions de Français sur la nécessité de réguler la finance et de lutter contre les inégalités. Quinze ans plus tard, ces thèmes restent d’actualité et interrogent sur les formes d’action efficaces pour sortir d’une impasse politique.
Les leçons de Stéphane Hessel
Peu de temps avant sa mort, alité, Stéphane Hessel insistait sur la nécessité de ne pas céder au découragement. Il déclarait :
« Beaucoup veulent baisser les bras, mais il faut leur rappeler que nous avons déjà connu des périodes sinistres et nous en sommes sortis. Les horreurs de la guerre, l’apartheid, le mur de Berlin… »
Ce rappel historique invite à maintenir la mobilisation et la confiance dans la capacité collective à transformer des situations difficiles.
Quand le peuple reprend la main : exemples historiques
Des exemples concrets montrent que, lorsque la représentation politique est paralysée, les citoyens peuvent provoquer des changements profonds. Le 19 juin 1872, alors que l’Assemblée nationale était bloquée, une carriole chargée de pétitions venues de toute la France — plus de 1 200 000 signatures — parvint à la Chambre à Versailles pour réclamer une école gratuite et obligatoire. Ces initiatives populaires ont précipité des avancées qui ne furent pas l’œuvre d’un seul dirigeant : « Vous pensiez que Jules Ferry était à l’origine des grandes lois sur l’éducation ? Non : c’est le peuple. »
En 1936, une nouvelle fois, la pression populaire imposa des réformes sociales : malgré l’opposition initiale de Léon Blum aux congés payés, la mobilisation permit leur adoption, et des millions de Français en profitent encore aujourd’hui.
Formes d’action et limites du blocage
Le texte interroge aussi la pertinence d’actions de rupture comme « Bloquons tout ». Face à des crises multiples, « à quoi sert de bloquer tout dans un pays déjà à l’arrêt ? » : l’expression non violente d’une colère contre la classe politique peut être nécessaire pour alerter et catalyser, mais elle demeure une étape parmi d’autres. Historiquement, la reprise d’initiative citoyenne s’est concrétisée par des pétitions, des mobilisations de masse et des pressions organisées susceptibles d’entraîner des réformes durables.
Implications pour l’action citoyenne aujourd’hui
Les enseignements tirés des épisodes de 1872 et de 1936 soulignent deux points : d’abord, les bouleversements politiques majeurs peuvent naître d’initiatives populaires ; ensuite, les mobilisations efficaces combinent visibilité publique et organisation sociale. Remettre la France en mouvement suppose donc de conjuguer expression de la colère et construction d’outils collectifs permettant de transformer les revendications en politiques publiques concrètes.
La réflexion proposée par ces épisodes historiques et par les écrits de Stéphane Hessel alimente la question centrale : comment lutter contre le découragement et créer des dynamiques inclusives et durables ? Poser cette question, rappeler des exemples passés et considérer la pluralité des moyens d’action constituent des étapes indispensables pour relancer une dynamique sociale et politique en France.