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Violence explosive à Culiacan : la guerre des cartels fait rage
Vers deux heures du matin, le lundi 25 novembre, quelques heures seulement après mon arrivée à Culiacan, dans l’État de Sinaloa, au Mexique, j’ai été réveillé par des tirs dans la rue qui ont duré environ 20 minutes.
Bilan tragique des violences nocturnes
Plus tard dans la journée, les rapports médiatiques sur les victimes de la nuit ont commencé à affluer. Selon le journal El Pais, au moins sept personnes avaient été tuées dans divers échanges de tirs à Culiacan et deux autres avaient disparu. Une maison avait été incendiée, et 80 caméras de sécurité avaient été endommagées, en plus de plusieurs magasins, restaurants et habitations.
Découvertes macabres le lendemain
Le lendemain, le 26 novembre, cinq corps portant des signes de torture ont été abandonnés devant la faculté d’agriculture de l’Université autonome de Sinaloa. Deux autres corps ont été découverts ailleurs dans la ville, victimisant encore une fois cette guerre entre cartels qui ravage l’État de Sinaloa depuis le 9 septembre. Culiacan est devenu le point névralgique de ce conflit qui, à la date du 28 novembre, avait déjà causé la mort d’au moins 425 personnes et la disparition de plus de 500.
Une violence alimentée par l’arrestation d’El Mayo
Cette récente flambée de violence a été déclenchée par la capture, en juillet, d’Ismael “El Mayo” Zambada, co-fondateur du cartel de Sinaloa, qui a ensuite été extradé vers New York pour y être jugé. Les États-Unis sont depuis longtemps impliqués dans le trafic international de drogue, et leur demande constante de drogue, couplée à sa criminalisation, rend le trafic extrêmement lucratif.
Une lutte de pouvoir au sein du cartel de Sinaloa
Suite à l’arrestation d’El Mayo, une lutte de pouvoir a éclaté au sein du cartel de Sinaloa, opposant ses partisans aux « Chapitos », les fils de Joaquín “El Chapo” Guzman, actuellement incarcéré aux États-Unis. L’ambassadeur américain au Mexique, Ken Salazar, a tenté de minimiser le panorama sanglant en déclarant qu’il fallait « célébrer ce qui s’est passé à Sinaloa ».
Culiacan : un quotidien marqué par la peur
Je n’avais pas visité Culiacan depuis 2021, et le changement était frappant. Les rues sont désertes après la tombée de la nuit, les magasins et restaurants ferment tôt, et les cours sont parfois suspendues. Le consensus parmi toutes les personnes que j’ai interrogées était que « c’est vraiment mauvais », une évaluation à ne pas prendre à la légère dans une ville qui a connu sa part de violences spectaculaires au fil des ans.
Visite au cimetière des narcos
Ma première activité à Culiacan a été une excursion au soi-disant « cimetière des narcos », Jardines del Humaya, où reposent les restes de figures célèbres du crime, y compris le frère d’El Chapo. Bien que cet endroit soit généralement animé, il était aujourd’hui désert, de nombreux employés ayant été renvoyés en raison de « la situation ».
Le sanctuaire de Jésus Malverde
Mon prochain arrêt fut la chapelle dédiée à Jésus Malverde, figure légendaire considérée comme le saint patron des narcos. Bien que l’atmosphère y soit habituellement festive, les événements récents avaient assombri l’endroit. Un groupe de musiciens a néanmoins joué, remerciant Malverde pour un miracle reçu.
La violence aux portes de Culiacan
À proximité de la chapelle se trouve la voie ferrée de La Bestia, le train tristement célèbre utilisé par les migrants qui tentent de rejoindre les États-Unis, souvent victimes de violences. La vie à Culiacan est marquée par un sentiment d’insécurité généralisé, exacerbée par la présence massive de forces de sécurité mexicaines.
La lutte contre l’impunité et les disparitions
Les forces de sécurité mexicaines ne semblent pas rassurer la population, à cause de leur passé meurtrier. Le gouvernement de l’État de Sinaloa, dirigé par Ruben Rocha Moya, tente de minimiser la violence, mais pour ceux qui vivent la réalité, la situation est alarmante. Le propriétaire d’une librairie d’occasion a déclaré : « Nous souffrons d’une épidémie de santé mentale ici. »
Un avenir incertain pour Culiacan
Les Culiacanenses se retrouvent à vivre un quotidien où la violence est banalisée, justifiant ainsi une militarisation croissante par l’État. Alors que les tensions persistent, l’avenir de la ville et de ses habitants reste incertain.