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Le 25 juin dernier, après sa victoire lors de la primaire démocrate face à l’ex-gouverneur Andrew Cuomo, Zohran Mamdani s’est adressé à ses partisans en ces termes : « Aujourd’hui, nous avons fait l’histoire. Nous avons gagné parce que les New‑Yorkais ont défendu une ville où ils peuvent se permettre de vivre. Une ville où ils peuvent faire plus que lutter pour satisfaire leurs besoins. »
Un programme axé sur le coût de la vie
Mamdani, 34 ans, promet de rendre New‑York plus accessible en agissant sur le logement, les services publics et les salaires. Il habite un appartement dont le loyer mensuel est inférieur à 2 300 dollars et utilise régulièrement les transports en commun.
Ses principales propositions incluent :
- le gel des augmentations de loyer pour environ un million de logements locatifs réguliers ;
 - l’expansion des services publics, notamment des transports gratuits et plus rapides ;
 - la mise en place d’une garde d’enfants universelle et gratuite ;
 - la création de magasins municipaux vendant des produits au prix de gros ;
 - une hausse du salaire minimum à 30 dollars de l’heure d’ici 2030.
 
Pour financer ces mesures, il propose d’augmenter les impôts sur les grandes entreprises et sur les foyers dont le revenu dépasse un million de dollars par an.
Accusations de « communisme » et réplique
Plusieurs adversaires politiques, dont l’ancien président Donald Trump, ont présenté Mamdani comme une menace radicale pour New‑York. Durant la campagne, Trump l’a qualifié de « petit communiste » et a menacé, en cas de victoire, de priver la ville de financements fédéraux.
  
Dans un changement de ton ultérieur, Trump a toutefois estimé que Mamdani semblait en position de gagner et a déclaré être prêt à le contacter si celui‑ci remportait l’élection. Mamdani se présente, lui, comme social‑démocrate et non comme partisan d’un système communiste.
Des figures du monde politique, comme Robert Wolf, le décrivent plutôt comme un « capitaliste progressiste » cherchant à utiliser le rôle de l’État pour réduire les inégalités sans remettre en cause la propriété privée.
Une percée face aux élites démocrates
La candidature de Mamdani, annoncée en octobre 2024, a surpris l’establishment démocrate qui a longtemps alterné au pouvoir des figures traditionnelles comme Bill de Blasio et Michael Bloomberg.
Élu depuis plusieurs années pour représenter le Queens au conseil législatif de New‑York, il a su mobiliser des électeurs méfiants envers les dirigeants du parti, souvent éclaboussés par des scandales de corruption.
  
Sa victoire lors de la primaire a fait de lui le premier candidat musulman investi par le Parti démocrate pour la mairie de New‑York, battant Andrew Cuomo, ancien gouverneur de l’État.
Adversaires, financements et soutiens
Malgré sa défaite aux primaires, Andrew Cuomo se présente toujours comme candidat indépendant au scrutin du 4 novembre, soutenu par des milieux financiers opposés à Mamdani.
Les dossiers de financement montrent que 26 milliardaires ou familles fortunées ont dépensé plus de 22 millions de dollars dans la course pour soutenir Cuomo et freiner la candidature de Mamdani.
  
Parmi les autres candidats figurent le républicain Curtis Sliwa, axé sur la sécurité et la rigueur budgétaire, et l’ancien maire Eric Adams, qui a suspendu sa campagne indépendante et apporté son soutien à Cuomo.
Sondages : une avance solide
Les enquêtes d’opinion placent Mamdani en tête avec une avance notable sur ses rivaux. Moyennement, il recueille :
- 46,6 % de soutien global ;
 - 30,1 % pour Cuomo ;
 - 16,5 % pour Sliwa.
 
Un sondage de The Hill (Emerson College) réalisé du 25 au 28 octobre le donnait à 50 %, contre 25 % pour Cuomo et 21 % pour Sliwa.
Sa force électorale repose principalement sur :
- les jeunes électeurs (69 % de soutien chez les moins de 50 ans) ;
 - les communautés de couleur, avec une poussée du soutien noir estimée à 71 % (contre 50 % un mois plus tôt).
 
Phénomène médiatique
Zohran Mamdani est devenu une figure très médiatisée : présence marquante à la télévision, langage direct, humour et sourire constant. Ces traits attirent l’attention des médias traditionnels et numériques.
  
Le directeur exécutif du Council on American‑Islamic Relations, Nihad Awad, a qualifié la progression de Mamdani de « séisme politique », soulignant sa capacité à rallier des électeurs en colère contre l’élite démocrate impliquée dans des scandales.
Identité, origines et engagement
Mamdani est issu d’un milieu culturellement pluriel. Il est né en Ouganda, a grandi en partie à New‑York et provient d’une famille marquée par l’engagement intellectuel et artistique : son père, Mahmood Mamdani, est historien et professeur à l’université Columbia ; sa mère, Mira Nair, est une réalisatrice de cinéma reconnue.
Très jeune, il s’est engagé sur des questions sociales. Étudiant au Bowdoin College, il a contribué à fonder une section de Students for Justice in Palestine et a participé à des campagnes de boycott académique. Après ses études, il a exercé comme enseignant, rappeur et conseiller pour des propriétaires en difficulté dans le Queens.
Ces expériences l’ont rapproché des populations marginalisées et nourri son projet politique centré sur le logement et la justice sociale.
Mobilisation communautaire et communication plurilingue
Sa campagne mise sur la proximité et la diversité linguistique. Sur Facebook, Mamdani a publié des vidéos où il s’adresse aux électeurs en arabe et en espagnol, illustrant sa volonté de toucher toutes les communautés de la ville.
Lors d’un message en arabe, il a plaisanté : « On dirait que je suis votre gendre du Levant », en référence à son mariage récent avec la réalisatrice américano‑syrienne Rama Duwaji.
Dans un moment fort, il s’est rendu devant une mosquée du Bronx, entouré de membres de la communauté musulmane, et a évoqué les humiliations subies par cette minorité, affirmant sa détermination à affirmer publiquement son identité religieuse face à l’islamophobie.
Sa campagne, soutenue par quelque 90 000 bénévoles, mise sur une présence soutenue dans les transports, les parcs, les restaurants et sur les réseaux sociaux pour mobiliser les électeurs.
Alors que New‑York compte 8 millions d’habitants et un produit intérieur brut estimé à environ 2,3 billions de dollars, Mamdani apparaît comme le candidat le mieux placé pour remporter la mairie lors du scrutin du 4 novembre.
			        
			        


