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Le brouillard de février dissimule le paysage charentais. Après avoir emprunté une petite route entre Archiac et Barbezieux jusqu’à Lagarde-sur-le-Né, on peut apercevoir les volailles. Surtout, on les entend. Pintades à gauche, poulets au fond, canards dans les vignes… «Le froid, cela ne craint pas, mais la pluie les dérange», note Guillaume Normandin, 25 ans, un des associés de la Société civile d’exploitation agricole Normandin. Un clos électrifié dissuade les renards, mais il n’y a pas grand-chose à faire contre les rapaces, capables de s’engloutir un ou deux petits poulets par jour. «On tire en l’air parfois pour leur faire peur», relate Guillaume, résigné.
Une exploitation à taille humaine
Les travaux dans les champs, les prestations dans d’autres exploitations, les vendanges et la moisson illustrent la variété des activités de cette société qui exploite quarante hectares. Côté volailles, il y a 1 200 poulets par parc, avec un total de cinq parcs. L’élevage dure quatre à cinq mois. «Notre exploitation est toute petite. Certains collègues font 75 000 poulets en un mois. J’en réalise 25 000 à l’année», souligne l’éleveur. Dans les mangeoires, la nourriture est disponible à volonté : un mélange broyé de blé, de maïs et de féverole, tous produits sur place.
Des vignes aux volailles
Côté vignes, les agriculteurs cultivent un cépage ugni blanc, destiné à une eau-de-vie appellation Petite Champagne. Chaque jour, ils alternent entre les volailles le matin et le cognac l’après-midi. Les Normandin tirent leur revenu des deux activités. La moitié de l’eau-de-vie est vendue au négoce, notamment à Rémy Martin et Hennessy, tandis que le reste est stocké.
Engagement envers la clientèle
Père et fils se réjouissent de leurs relations avec la clientèle. «Il y a beaucoup de pédagogie à faire», assure William Normandin. «Le poulet qu’on vend, c’est une Ferrari face à la volaille de supermarché». Ils élèvent leurs poulets comme le faisaient leurs grands-parents, sans antibiotiques. Les clients, souvent méfiants à cause des abus alimentaires passés, veulent savoir d’où proviennent leurs achats et apprécieront de contribuer à l’agriculture locale. «Ils sont conscients des difficultés des agriculteurs et de leur faible rémunération», ajoute Guillaume.
Création de nouveaux débouchés
Pour élargir ses marchés, Guillaume Normandin a fondé «C fermier» il y a cinq ans, un regroupement de 70 producteurs en vente directe, situé à la sortie de Cognac. «Le magasin a très bien démarré. Les gens veulent manger sain et local», se réjouit Guillaume. Légumes, fruits, miel, chocolats, vin de pays et fromage… 80 % des produits proviennent de Charente ou de Charente-Maritime. Les maîtres mots ici sont qualité et contact. «On maîtrise le prix et on contrôle le circuit. On est trois associés : un maraîcher, un producteur de fruits et moi», explique-t-il. «Il faut prendre soin des clients aujourd’hui, sinon ils ne reviennent pas. Dans les grandes surfaces, vous êtes un numéro», confirme Damien Bonneau, boucher. Une cliente approuve : «Ce qu’on trouve ici ne vient pas de l’autre côté de l’Atlantique ou de Pétaouchnock. Et ça nous fait plaisir de faire travailler les gens qui sont près de chez nous».