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Le Bourget (France) – Des matériaux plus légers, des pièces imprimées en 3D, des sièges moins lourds : l’aviation explore de nouvelles avenues pour alléger ses appareils, une nécessité pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.
Innovations au Salon du Bourget
Lors du salon international de l’aéronautique du Bourget, le Paris Air Lab met en avant de nombreuses innovations, notamment une section de fuselage d’appareil fabriquée en thermoplastiques. Ces matériaux, qui se ramollissent sous la chaleur et durcissent par refroidissement, sont envisagés pour remplacer les métaux lourds et difficilement recyclables utilisés traditionnellement dans l’aviation.
Isabell Gradert, responsable recherche et technologie chez Airbus, souligne que l’A350 intègre déjà environ 4 000 pièces en thermoplastiques, incluant de petites agrafes et supports. Elle précise que l’introduction de nouvelles technologies commence par des pièces simples avant de passer à des composants plus complexes.
Applications et avantages des thermoplastiques
Les thermoplastiques peuvent être soudés comme les métaux, permettant ainsi d’éliminer le besoin de rivets. L’entreprise française Demgy, qui compte Airbus et Boeing parmi ses clients, propose déjà de tels matériaux. Au Bourget, elle présente un tableau de bord destiné aux futurs Airbus, qui sera fabriqué en composites thermoplastiques, permettant un recyclage en fin de vie.
Selon Pierre-Jean Leduc, président de Demgy, les futurs avions utiliseront divers matériaux de manière optimale : aluminium là où il est nécessaire, titane pour certaines pièces, composites et plastiques là où ils sont requis. L’impression 3D, ou fabrication additive, permet également de créer des pièces impossibles à produire par d’autres technologies, tout en optimisant leur poids.
Allègement des avions et impact environnemental
Selon Rémy Bonnery, expert chez Archery Strategy Consulting, l’allègement des avions a toujours été une priorité, et cela prend une importance accrue avec les objectifs de décarbonation. En 2022, l’Organisation de l’aviation civile internationale a décidé que le secteur doit atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Actuellement, l’aviation représente 2,5 à 3 % des émissions mondiales de CO2, et réduire le poids des avions peut significativement diminuer la consommation de kérosène, avec une économie de 3,75 kg de CO2 pour chaque kilogramme de carburant non consommé.
L’allègement ne concerne pas seulement la structure de l’avion, mais également l’intérieur de la cabine. Pascal Fabre, partenaire chez AlixPartners, évoque les innovations dans les sièges, qui peuvent représenter de 5 à 10 % de la masse totale d’un avion. La société Expliseat propose des sièges plus légers, utilisant des composites de carbone et de titane, permettant des économies de carburant et de CO2.
Vers une aviation plus légère
Les compagnies aériennes sont également incitées à réduire le poids total de leurs opérations, par exemple en remplaçant les magazines en papier par des versions numériques ou en optimisant la gestion de l’eau potable à bord. Cependant, le chemin vers un allègement significatif des avions est encore long, et selon les experts, il faudra attendre 2035 pour voir ces innovations véritablement mises en œuvre dans la flotte mondiale.