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Les ambitions spatiales d’Elon Musk et de SpaceX se heurtent à la réalité technique lors de la série d’essais de la mégafusée Starship, dernière étape d’une stratégie audacieuse visant la colonisation de Mars. Mercredi 27 mai, la neuvième tentative a encore été marquée par un échec, la fusée ayant explosé avant sa récupération contrôlée, après une phase de vol réussie jusqu’à un certain point.
Un vol d’essai dans la continuité des précédents
Ce lancement, effectué depuis la base de Boca Chica, au Texas, s’est produit peu après 1h30 du matin (heure locale). La fusée, impressionnante par sa taille — environ 40 étages — et sa puissance, avait déjà franchi la fine couche d’atmosphère, atteignant l’espace, ce qui constitue une étape clés dans le processus de développement de cette nouvelle génération de lanceurs réutilisables. Malgré cette avancée, le vaisseau n’a pas réussi à déployer les satellites qu’il transportait, en raison notamment d’une fuite de carburant qui a compromis sa stabilité.
Selon SpaceX, le vaisseau « a subi un désassemblage rapide non programmé », un euphémisme utilisé pour qualifier une explosion en plein vol. La scène n’a pas manqué d’attirer la curiosité d’observateurs, comme Dominick Cardenas, 21 ans, qui a suivi le décollage depuis une plage, avec ses jumelles, avec des dizaines d’autres spectateurs venus parfois de très loin, notamment d’Australie.
Un processus d’amélioration progressif mais risqué
Ce n’est pas la première fois que le programme rencontre des difficultés. Lors des précédents essais en janvier et mars, les étages supérieurs avaient explosé peu après le décollage, provoquant des pluies de débris incandescents sur les Caraïbes. La stratégie de SpaceX repose sur le lancement de nombreux prototypes pour améliorer graduellement ses performances, une méthode à la fois innovante et controversée.
Ce dernier échec s’inscrit dans une série de défis techniques qui ne découragent pas Elon Musk, déterminé à poursuivre les tests à un rythme accéléré. Malgré les critiques sur l’impact environnemental et les risques liés à cette méthode, la Federal Aviation Administration (FAA) américaine a autorisé en mai une augmentation significative du nombre de lancements par an, passant de 5 à 25, et Musk a promis d’intensifier le calendrier, avec un nouveau vol toutes les 3 à 4 semaines.
Objectifs ambitieux et enjeux humains
Pour Elon Musk, la réussite de cette fusée doit permettre de rendre le voyage interplanétaire économiquement viable et de faire de l’humanité une espèce « multiplanétaire ». Son projet fou de colonisation martienne s’accompagne également de la volonté d’un retour américain sur la Lune, dans le cadre du programme Artemis, où une version modifiée de Starship doit jouer un rôle clé.
Vêtu de son T-shirt « coloniser Mars », Musk a assisté en direct au dernier essai, lui qui rêve de transformer cette vision en réalité. Cependant, chaque échec en essai souligne la complexité technique et environnementale du défi. Des associations ont déjà porté plainte en 2023, dénonçant une évaluation insuffisante de l’impact écologique des essais dans cette zone de lancement, située à proximité de zones naturelles protégées.
Perspectives et avenir
Malgré ces obstacles, SpaceX maintient le cap, avec l’espoir de réaliser plusieurs vols de test dans les semaines à venir. Elon Musk a indiqué que trois essais pourraient ainsi intervenir d’ici fin juin, à raison d’un toutes les trois à quatre semaines, confirmant la volonté de faire de Starship la première fusée totalement réutilisable et capable de soutenir une véritable invasion spatiale humaine.
Ainsi, les prochains mois seront cruciaux pour l’entreprise, qui veut conjuguer innovation, rapidité et résilience, tout en affrontant la critique environnementale et technique pour atteindre ses objectifs de conquête de Mars et de retour sur la Lune.