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Des archéologues annoncent la découverte de la plus ancienne preuve connue d’allumage délibéré du feu par des humains préhistoriques à Barnham, dans le Suffolk (Angleterre). Un foyer néandertalien, daté d’environ 415 000 ans, montre que la maîtrise du feu a eu lieu des centaines de milliers d’années plus tôt qu’on ne le pensait, remettant en cause les chronologies établies.
La découverte sur le site de Barnham
Le site, anciennement une carrière d’argile près du village de Barnham, a révélé un foyer utilisé à plusieurs reprises par des groupes néandertaliens. Les fouilles ont mis au jour des indices directs d’un feu contrôlé conservé dans les couches archéologiques.
Les éléments relevés comprennent :
- de l’argile chauffée, indiquant une exposition prolongée à de hautes températures ;
- des outils en silex fracturés par un choc thermique intense ;
- deux fragments de pyrite de fer, un minéral qui étincelle lorsqu’on le frappe contre du silex et peut servir à enflammer un combustible.
Preuves scientifiques et datation
Les analyses montrent que le foyer a été chauffé à des températures supérieures à 700 °C, ce qui suggère un allumage volontaire et répété plutôt qu’une simple utilisation de feux naturels. Les chercheurs ont passé quatre ans à tester les matériaux pour confirmer l’origine humaine du foyer et établir sa chronologie.
Avant cette découverte, la plus ancienne preuve d’allumage contrôlé attribuée à des humains remontait à environ 50 000 ans, sur un site du nord de la France également associé aux néandertaliens.
Impacts sur la compréhension de l’évolution humaine
La maîtrise du feu constitue une étape majeure de l’évolution humaine. Elle a permis aux groupes de s’installer dans des climats plus froids, de cuire les aliments et d’assurer une protection contre les prédateurs.
Parmi les conséquences majeures :
- amélioration de la digestion et de l’apport énergétique des aliments cuits, favorisant le développement cérébral ;
- extension des habitats possibles grâce à la chaleur ;
- transformation des relations sociales : le feu agissant comme un point de rassemblement nocturne propice aux échanges et à la transmission culturelle.
Interprétations des chercheurs
Nick Ashton, archéologue et conservateur des collections paléolithiques au British Museum, a déclaré : « Nous pensons que des humains ont apporté de la pyrite sur le site dans l’intention d’allumer du feu. Cela a d’énormes implications, repoussant la date la plus ancienne de la fabrication du feu. »
Rob Davis, co-auteur de l’étude et archéologue au British Museum, a ajouté : « Le feu de camp devient un foyer social. Nous sommes une espèce qui a utilisé le feu pour façonner le monde — et maintenant nous savons que les Néandertaliens faisaient cela bien plus tôt que nous le pensions, tout comme nous. »
Conséquences pour l’image des Néandertaliens
La découverte renforce l’idée que les Néandertaliens, et possiblement d’autres groupes apparentés comme les Denisoviens, étaient beaucoup plus ingénieux et compétents techniquement que ne l’indiquaient certaines interprétations passées.
En démontrant la capacité à produire et contrôler le feu à grande échelle, le site de Barnham réévalue des compétences fondamentales de survie que l’on croyait réservées aux humains modernes à une époque beaucoup plus récente.