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La résilience face à la canicule commence par l’acceptation du danger, comme le souligne l’économiste de l’environnement Elisabeth Bourgeois. Si nous ne parvenons pas à réaliser ce saut culturel, les conséquences pourraient être tragiques.
Alerte à la chaleur : tout le monde en danger
« Tout le monde est en danger », a averti Clare Nullis, porte-parole de l’Organisation météorologique mondiale, lors d’une canicule marquée le 1er juillet. Une semaine plus tard, la vigilance canicule a été levée le 8 juillet, avec Météo-France signalant seulement 12 départements en jaune pour orages. L’année 2003 a connu une canicule dévastatrice en août, tandis qu’en 2025, la chaleur a frappé bien plus tôt, à peine quinze jours après le solstice d’été. Cette précocité est un avertissement inquiétant : d’ici 2050, un Européen sur deux pourrait vivre sous un stress thermique élevé.
Un bilan humain préoccupant
Le bilan humain de la canicule reste encore flou. Santé publique France ne publiera sa première estimation de surmortalité qu’à la fin juillet, tandis que la ministre de la Santé, Catherine Vautrin, estime qu’« il est trop tôt pour faire un bilan ». Néanmoins, deux décès « officiels » ont déjà été signalés, notamment celui d’une lycéenne de 17 ans, noyée à Saint-Benoît (Vienne) dans une zone de baignade interdite. Selon une étude du Grantham Institute, environ 1 500 morts dues au changement climatique ont déjà été enregistrées entre le 23 juin et le 2 juillet dans 12 métropoles européennes, dont 253 à Paris.
Des populations vulnérables face à la chaleur
Dans les services d’urgence, le personnel médical constate un retour des silhouettes familières de 2003 : des seniors déshydratés, des insuffisants cardiaques, et des travailleurs qui n’ont « pas le choix » que de continuer à travailler sous cette chaleur. La chaleur se manifeste également de manière insidieuse, affectant ceux qui prennent des médicaments mal assimilés dans un corps déshydraté, ou subissant des chocs thermiques en plongeant dans l’eau. Par ailleurs, les transports subissent aussi les effets de la chaleur : les rails se dilatent et l’asphalte fond.
La santé mentale face à la chaleur
Une étude récente publiée dans *Climate Policy* par Elisabeth Bourgeois, aux côtés des économistes Dorothée Charlier et David Grover, met en lumière un dérèglement psychologique. Elle révèle que sur 300 Français de plus de 55 ans, ceux qui se déclarent « en pleine forme » adoptent environ deux fois moins de gestes de protection (comme s’hydrater ou chercher de la fraîcheur) face à des températures de 33 °C à 36 °C. Cet optimisme exagéré peut mener à des dangers réels, la première comorbidité étant le déni plutôt que l’âge, tandis que l’humour noir des coureurs de midi cache souvent une anxiété non exprimée.