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À l’aube de ses 40 ans, Diane Wattrelos, maman de deux enfants et autrice de deux livres, est devenue une figure publique suivie par plus de 430 000 personnes sur les réseaux sociaux. Son portrait, loin des clichés sur les personnes dépendantes, cache une lutte longue et douloureuse contre le Tramadol, un antidouleur opioïde qu’elle a consommé quotidiennement pendant des années. Le Tramadol est l’un des antidouleurs les plus mortels en France lorsqu’il est mal utilisé, et son utilisation prolongée peut conduire à une dépendance secrète et lourde de conséquences. Cela fait maintenant plus d’un an qu’elle n’a plus pris un seul comprimé et qu’elle reçoit un soutien pour son addiction afin de reconstruire sa vie.
Créatrice de contenus et figure publique, elle a souvent dû jongler entre douleurs chroniques et dépendance, tout en affrontant la honte qui accompagne ce type de problématique. Son parcours est marqué par des hauts et des bas, mais aussi par une détermination sans faille à se libérer d’une emprise qui pesait lourdement sur sa vie personnelle et professionnelle. Cette année sans Tramadol représente une victoire personnelle et une source d’espoir pour d’autres personnes confrontées à une addiction similaire.
Un quotidien marqué par la dépendance au Tramadol
Souffrant de douleurs faciales intenses, Diane a reçu une prescription de Tramadol en 2013. Près d’un an plus tard, elle est diagnostiquée d’une algie vasculaire de la face, une maladie neurologique provoquant des crises de douleurs aiguës et violentes pour lesquelles le Tramadol n’est pas efficace. Malgré ce contexte, aucun médecin ne lui recommandait d’arrêter cet antidouleur, et elle poursuivait sa consommation quotidienne à des doses parfois dangereuses.
« Il y avait des moments le soir où j’avais trop mal, et où j’aurais pu faire une overdose et y rester. Je vidais ma pharmacie, je prenais des anti-inflammatoires, je prenais tout », se souvient-elle. La charge mentale était immense: entre les rendez‑vous et les ordonnances à renouveler, elle vivait dans la honte et n’osait pas parler ouvertement de sa situation. « Cela nous pousse à faire des choses qui ne nous ressemblent pas. Même mon mari n’était pas au courant que j’additionnais les ordonnances », admet-elle.
Le déclic et le chemin vers le sevrage
En novembre 2021, Diane regarde une émission de Zone interdite consacrée à l’addiction aux antidouleurs opioïdes, et le concept d’addiction résonne pour la première fois en elle. « Pour moi, l’addiction c’était des drogues dures prises par des personnes non insérées dans la société. Je ne pouvais pas du tout m’assimiler à cela », confie-t-elle, ajoutant qu’elle n’avait jamais été avertie des risques addictifs du Tramadol par les médecins. Elle se demande alors pourquoi des messages clairs n’avaient pas été portés plus tôt sur les risques et les limites d’usage de ce médicament.
« Pour arrêter, cela n’a pas été si facile. L’émission c’était en novembre 2021. Et moi j’ai été sevrée en 2024 », relate-t-elle. Après ce déclic, elle se tourne vers sa neurologue qui l’oriente vers le centre de douleur du CHU de Rouen, puis entame une diminution encadrée et progressive du Tramadol. Elle vit alors des crises de manque, décrites comme « horribles », qui renforcent la conviction qu’elle doit changer pour préserver sa vie et celle de ses proches.
Le tournant médical et le soutien des Csapa
Le protocole initial peine à porter ses fruits et Diane décide d’arrêter lorsque les médecins refusent d’utiliser un médicament supposé l’aider à éviter la surdose. « Ils m’ont dit que ça encouragerait ma consommation. C’est incompréhensible, car dans tous les cas c’est un médicament qui sauve. Et j’avais vraiment peur de faire une overdose », affirme-t-elle. Le recours à la naloxone, recommandé par les autorités sanitaires, devient alors une étape clé de son parcours. Sa compréhension s’élargit et elle découvre les Centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (Csapa).
Parallèlement, elle écrit son deuxième livre, Addict sur ordonnance, publié en juin 2024, et s’engage dans un suivi plus structuré. Grâce à Csapa, elle reçoit de la naloxone et entame un traitement de substitution aux opiacés: 24 heures après l’arrêt du Tramadol, elle commence une méthodologie qui diminue progressivement le manque grâce à une prise deux fois par jour. « On m’a sevrée dans le mois », se souvient-elle, décrivant l’appui crucial d’une infirmière qui l’accompagnait presque quotidiennement par téléphone. C’était une approche bien plus humaine et adaptée à son cas.
Aujourd’hui: une joie retrouvée et des conseils pour aider les autres
Depuis cette période de sevrage, Diane a retrouvé l’énergie nécessaire pour se lancer dans de nouveaux projets, comme un déménagement et l’écriture d’un nouveau livre. Son humeur s’est stabilisée et elle affirme avoir retrouvé sa joie de vivre: « Aujourd’hui j’ai retrouvé ma joie de vivre ». Elle invite les personnes concernées à franchir le pas et à contacter un Csapa, précisant que l’accès est gratuit et anonyme sur demande. « C’est gratuit et anonyme sur demande », rappelle-t-elle, insistant sur l’importance d’un accompagnement adapté à chaque patient.
Elle insiste sur la nécessité de briser la honte et la culpabilisation qui entourent les dépendances. Oser parler et demander de l’aide peut changer une vie, et les Csapa sont là pour proposer une démarche personnalisée, adaptée aux besoins de chacun. Le parcours de Diane illustre qu’un sevrage réussi peut ouvrir la voie à de nouveaux projets, une meilleure santé mentale et un quotidien plus serein, même après des années de lutte.